Livre 150e , p.11 à 165


 

 

Livre 150e de Princeville, Volume 1 , par Claude Raymond  (p.11 à p.165)

 

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État du peuplement des paroisses environnantes de Stanfold lors de l'érection du canton

Voici à quoi ressemblait le tableau de la population dans les environs de Stanfold un peu avant l'érection des cantons.

D'abord, il importe de rappeler qu'au moment de la Conquête en 1760, la population canadienne-française était regroupée à l'intérieur de 115 paroisses, toutes situées, à peu de chose près, sur les rives du fleuve entre Rimouski et Montréal. Leur gestion relevait alors de l'un ou de l'autre des gouvernements suivants : Québec, Trois-Rivières et Montréal.

Sous le gouvernement de Trois-Rivières, celui qui nous préoccupe plus particulièrement, on dénombrait 20 paroisses. Sept de celles-ci étaient sur la rive sud, précisément la rive de Stanfold. II s'agit de Saint-François, Yamaska, Baie­-du-Fèbvre, Nicolet, Bécancour, Gentilly et Saint-Pierre-les­-Becquets. Voici le relevé de leur population pour 1765 et 1790 (5):

 

5 Ivanhoë Caron, La colonisation de la province de Québec, débuts du régime anglais 7760-1791, Québec, l’Action sociale Limitée, 1923, p. 272.

 

 

p.12

 

Population des paroisses en:

1765

1790

Saint-François-du-Lac

417

840

Baie-du-Fèbvre

467

1441

Bécancour (et Saint-Grégoire)

332

1027

Nicolet

510

884

Yamaska

524

1324

Gentilly

173

378

Saint-Pierre-les-Becquets

219

371

II faudra attendre la première moitié du XIXe siècle avant que les colons osent quitter les rives du Saint-Laurent pour s'en­foncer davantage dans les terres. Avant cette date, le territoire de Stanfold et de sa région immédiate reste donc vierge.

 

Les colons entrent dans les terres en prenant trois directions

 En quittant les rives pour entrer dans les terres, les colons prendront trois directions : Nicolet, Drummondville et Victoriaville. Ils formeront

autour de Nicolet :

Sainte-Monique                                (1842) 1,

Saint-Léonard                                   (1845)

Sainte-Gertrude                               (1845)

 

Autour de Drummondville :

Saint-Frédéric                                   (1816)

Saint-David                                        (1831)

Saint-Guillaume                              (1833)

Saint-Jean-Baptiste                       (1845)

Saint-Nicéphore                              (1845)

Ulverton (Canton de Durham)      (1845)

Et autour de Victoriaville :

Kingsey                                           (1842)

Saint-Louis-de-Blandford           (1825)

Stanfold                                           (1832)

Saint-Norbert                               (1845)

Saint-Christophe                        (1845)

Tingwick                                     (1845)

 

 

 

 

 

 

Tout à coup, il y a eu plein de monde

 

Comme nous venons de le voir, à la fin du XVIIIe siècle, la population des paroisses de la rive sud du gouvernement des Trois-Rivières dépasse à peine 6000 personnes. Dans le demi­-siècle qui va suivre, elle enregistrera une spectaculaire croissance de 767 % pour atteindre 48,059 personnes en 1851. À elles seules, les nouvelles paroisses situées à l'intérieur des terres regroupent 22 658 personnes. On parle ici d'émigration spontanée dont a, du reste, profité Stanfold :

Les premiers colons, traversant la terrible savane de Stanfold, ouvraient Princeville en 1832; entre 1832 et 1840, toute cette lisière était abordée et un recensement de 1838 y dénombrait 870 âmes.

 

Le canton de Stanfold

Le canton de Stanfold, ainsi nommé, selon Hormidas Magnan dans le Dictionnaire historique et géographique des paroisses, missions et municipalités de la province de Québec, d'après un village de ce nom en Angleterre, a été érigé en juillet 1807

Essentiellement, son territoire couvre alors tout le territoire occupé en 1995 par Princeville et par la municipalité de la paroisse de Princeville. II déborde, en outre, du côté de Victoriaville, Saint­-Rosaire, Notre-Dame-de-Lourdes et Somerset-Sud.

Il couvre, dans les faits, un peu plus de 55,000 acres dont pas moins de 26,810 ont été accordés à un seul et même concessionnaire, l'honorable Jenkin William. Nous reviendrons sur cet aspect un peu plus loin.

 

 

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Treize ans plus tard, la population y était de 5723 personnes pour le canton de Stanfold. C'est un splendide cas d'émigration spontanée, entre­prise sans chemins, sans argent, sans le moindre appui officiel et sanctifiée par toutes sortes d'épreuves '.

 

II est vrai cependant que le pays en valait la peine. Reconnus dans les paroisses du long du fleuve, à cause de chasseurs s'y étant aventurés, comme un immense parc planté d'ormes majestueux, d'érables et de noyers, les Bois-Francs laissaient du coup deviner un sol riche où l'on pourrait s'adonner à toutes sortes de cultures, d'où leur intérêt.

 

Des obstacles majeurs ralentissent le peuplement de Stanfold et des Bois-Francs

La richesse présumée du territoire des Bois-Francs aurait dû attirer rapidement un grand nombre de colons. Deux obsta­cles majeurs vont toutefois ralentir considérablement le développement du territoire : le manque de voies de commu­nication adéquates et la difficulté d'acquérir des terres.

 

En termes de voies de communication, le problème est vite posé : au début du XIXe siècle, les Bois-Francs demeurent inac­cessibles à cause de l'absence de routes. En 1811, la construc­tion du chemin Craig et celle du chemin Gosford en 1835 vont fournir un accès du côté sud. Sauf que dans le cas de Stanfold, tout comme dans celui de Victoriaville et des paroisses environnantes, ces accès ne seront d'aucune utilité, pour cause : les colons, comme nous l'avons souvent répété jusqu'ici, arrivent des paroisses du long du fleuve telles que Saint-Grégoire, Bécancour, Gentilly et Saint-Pierre-les-Becquets.

 

Aussi, ces derniers devront attendre jusqu'au début des années 1830, moment où l'on ouvre la route de Blandford, avant de bénéficier d'un tracé, sinon de qualité, du moins définitif .­

 

La route de Blandford est une voie de communication

très importante, elle commence au grand chemin le long de la rive sud du Saint-Laurent, dans la seigneurie de Gentilly, et a son terminus à Stanfold [..]. Cette route est ouverte depuis plus de vingt ans .

 

Et là encore, il semble que le mot route ait été un bien grand mot dans les circonstances :

 

Cette  route       [..]               est impraticable au  moment actuel pour un espace de neuf milles, et tellement qu'au 1er juillet cette année, aucune voiture chargée ne l'avait encore traversée.

 

Ce qui rendait la route inaccessible, c'était surtout ses effroya­bles savanes. Une savane est une zone marécageuse. Partant de Gentilly pour rejoindre Stanfold, il y en avait deux à tra­verser : la savane de Blandford, au nord de Saint-Louis, et la savane de Stanfold, la pire, entre Saint-Louis et Stanfold. Ici, les historiens sont unanimes : les premiers colons des Bois-­Francs n'ont pas connu d'obstacles plus grands que ces bour­biers meurtriers. On raconte que même en période de gel entre décembre et avril, il n'était guère plus prudent de s'y engager puisque ces eaux bourbeuses ne gelaient pas vrai­ment :

 

Lorsqu'on sortait de ce marécage, on n’avait pas la formance d'homme; la vase nous couvrait des pieds à la tête et il ne nous restait que des habits en lam­beaux (10).

 

En 1848, la construction du Chemin provincial d Arthabaska (11) , qui officialise et améliore en quelque sorte le tracé de la route de Blandford, devait corriger la situation. Mais comme en fait foi le témoignage du curé Racine en juillet 1851, on est encore loin de ce qu'on appelle « une route invitante - . II n'en reste pas moins qu'à partir de cette date, les choses vont aller en s'améliorant.

 

 

 

 

7        Raoul Blanchard, Le centre du Canada Français. Montréal, Libralrie Beauchemin, 1947, p. 341.

8        Témoignage du révérend messire A.Racine rapporte dans Prermier et second rapports du comité spécial, nommé pou      s'enquérir des causes qui retardent la        colonisation de l'ESt du Bas-

Canada, Québec. 1851. p. 65.

9        Ibid., p. 66. 10

10    L'Abbé Charles-Edouard Mailhot. Les Bois-Francs  Arthabaska, La Compagnie d'Imprimerle d'Arthabaskaville, 1914, p. 83.

11    Alias la route de Blandford. la route de Gentilly.        Voir I'encadré Le Chemin provincial d'Arthabaska à la section Historique des rues et des rangs

 

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En outre, l'arrivée de la voie ferrée en 1854 va ouvrir les accès est et ouest des Bois-Francs. Sept ans plus tard, la construction de la ligne <Victoriaville ou Sainte-Angèle> va, elle, permettre une circulation plus aisée entre ces deux points et, du coup, avec Stanfold.

Deuxième obstacle à l'établissement des colons: l'acquisition de terres

L'acquisition de terres pour s'établir était le deuxième obstacle majeur que rencontraient les colons. Mais avant d'élaborer sur le sujet, déterminons la propriété de celles-ci avant l'arrivée des habitants. Essentiellement, ces terres appartiennent à la Couronne (le gouvernement), à de grands propriétaires qui, la plupart du temps, les ont obtenues gratuitement du gouvernement, et au clergé protestant à qui le gouvernement a réservé une part résiduelle en érigeant les cantons.

Maintenant, ce qu'il faut savoir, c'est qu'au moment de s'établir, bon nombre de colons le font en squatters, c'est-à­-dire sans titre de propriété. En fait, ils arrivent, choisissent leur terre et s'installent en toute bonne foi avec l'espoir de pouvoir en devenir propriétaire, ce qui peut prendre plusieurs années. Évidemment, en 1997, on peut avoir de la difficulté à comprendre cette témérité. Sauf qu'à l'époque, l'identification des propriétaires (même quand ceux-ci ne se cachaient pas comme nous le verrons plus loin) n'était pas chose simple. Alors on prenait le risque en espérant pouvoir s'entendre le jour où, effectivement, le propriétaire réel se manifesterait. Un risque dont plusieurs familles ont souffert après avoir tout perdu aux mains d'un de ces propriétaires peu scrupuleux.

Les terres du gouvernement, les plus simples à acquérir

Les terres de la Couronne sont assurément les plus simples et les plus économiques à acquérir. II suffisait d'en faire la demande pour obtenir d'abord un billet de location puis, éventuellement, les lettres patentes, le tout à un prix modéré. Seule difficulté apparente: le manque de scolarisation des colons pour qui ces démarches ne présentent rien d'aisé. Mais ce n'est pas là le véritable problème avec les terres de la Couronne. Le

 

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véritable problème vient de l'arpentage douteux qui fait que l'on n'est jamais sûr d'être tout à fait chez soi : voici à cet effet trois témoignages significatifs recueillis par Lord Durham et cités dans la Liste des terrains concédés par la Couronne :

II est généralement connu que les arpentages de beaucoup de cantons sont très inexacts [...] L'autre jour j'avais en mains les lettres patentes de quatre lots concédés [...] or trois de ces lots n'existent pas. Cela a été admis et le gouvernement m'a donné com­pensation...

Les arpentages des terrains compris dans les cantons, [...], étaient entachés d'inexactitudes et d'erreurs telles, qu'elles ajoutaient considérablement aux difficultés pra­tiques que présentait l'établissement de ces terrains. Pourtant, il est arrivé encore plus souvent qu'une per­sonne ayant obtenu une concession de 200 acres, découvrait que le lot qui lui était ainsi assigné conte­nait de 40 à 90 acres de plus ou de moins que l'étendue mentionnée dans ses lettres patentes (12).

Cela dit, les terres de la Couronne étaient aussi affectées d'une autre tare : l'inaccessibilité. En fait, l'inaccessibilité est un bien grand mot. II n'en demeure pas moins que les terres de la Couronne étaient souvent cachées derrière celles des grands propriétaires peu enclins à collaborer pour leur donner accès :

Comme les grands propriétaires ne voulaient pas même ouvrir de chemin à travers leurs domaines, il n'était pas possible de les franchir pour aller prendre les terrains situés en arrière (13).

Les terres du clergé

Les colons pouvaient également acheter les terres du clergé. Mais ici, selon les témoignages, leur prix était hors de portée pour ceux qui, entre autres, s'y étaient établis en squatters :

Nous ne pouvons terminer cet article sans mention­ner les conditions très onéreuses imposées aux colons établis sur les lots du clergé. Le prix de l'acre est d'abord de quatre chelins (.05 livre ou 0,20 $) mais il faut de plus que le colon paie une rente pour le terme de leur occupation [...]. Ainsi un lot du clergé de deux cents acres de terre, coûte £40 0 0 (160 $) [...]. Celui qui vient s'établir dans les townships, généralement pauvre, est absolument incapable de payer un lot du clergé [...]. À Bulstrode, pour ne citer qu'un fait entre mille, quatre familles établies sur deux lots du clergé depuis quatorze années, sont décidées à perdre leurs améliorations, à perdre le fruit de leurs sueurs, se trouvant absolument inca­pables de payer £66 5 0 (265 $), malgré leur bonne volonté      [ ...]          ''.

À titre d'exemple de lots réservés au clergé dans Stanfold, on note le lot 14 du septième rang au coin, justement, du sep­tième Est et de la route 263. Édouard Leclerc, en 1870, acquit cependant un billet de location pour une partie dudit lot. Jérémie Demers fit de même en 1872. Quatorze ans plus tard, Félix Leclerc obtint les lettres patentes.

Acquérir une terre d'un grand propriétaire : compliqué et coûteux

Tenter d'acquérir un lot d'un grand propriétaire était encore plus compliqué et, surtout, de beaucoup plus onéreux. Brièvement, les grands propriétaires (voir encadré) étaient des spéculateurs, amis du gouvernement, qui avaient acquis leur droit, plus ou moins frauduleusement, à la suite de l’érection des cantons. La difficulté de leur acheter des lots tient du fait qu'il n'était pas simple de les identifier et, encore moins, de satisfaire leur vorace appétit financier.

Maintenant, s'il était difficile de les identifier, c'est qu'ils se fai­saient concéder des lots par la Couronne à partir de prête-noms et que dès la concession accordée, ces prête-noms remettaient leur droit au spéculateur sans laisser de trace, d'où la difficulté de remonter jusqu'à ces derniers si ceux-ci ne se manifestaient pas. La chose peut être malaisée à comprendre

                                                               

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Qui étaient ces propriétaires et comment l'étaient-ils devenus?

Pour la très grande majorité, ces « grands propriétaires»   étaient des amis proches du gouvernement (militaires ou autres), des gens d'affaires ou les deux à la fois. Par exemple, à Stanfold, le plus important des propriétaires était l'honorable Jenkin William, avocat, fonctionnaire, seigneur, juge et homme politique 15. William, en 1807, possédait plus de la moitié du terri­toire occupé par Princeville et par la muni­cipalité de la paroisse de Princeville en 1997. Un autre grand propriétaire de Stanfold, Peter Patterson, était juge de paix, seigneur et homme d'affaires prospère spécialisé dans la vente de bois 16. Patterson et William avaient acquis leurs terres de la Couronne moyennant certaines conditions.

 

D'où vient le problème ?

Lorsque le gouvernement a mis en place le système d'attribution des terres en franc et commun soccage, il ambitionnait d'en­courager la colonisation et, par voie de conséquence, l'occupation du territoire. L'intention était louable, les conséquences beaucoup moins. Pour cause, le système mis en place a tout de suite attiré l'intérêt de spéculateurs qui y ont vu un moyen de s'enrichir à bon compte :

En abolissant, pratiquement parlant, le système des con­cessions des terres publiques d'après le mode seigneurial, l'Acte de 1791 introduisit dans le pays les troubles ou les maux que le Gouvernement

anglais voulait éviter par les instructions de 1763 et fit sur­gir le fléau des grands pro­priétaires qui a tant retardé l'établissement et l'avancement matériel de la province 17.

Théoriquement, les lots accordés ne l'étaient qu'en fonction d'un certain nombre de conditions, par exemple, l'obligation d'ensemencer et l'impossibi­lité d'obtenir plus d'acres que le maxi­mum établi. Normalement, ces condi­tions auraient dû contenir les demandes abusives. Dans les faits, les spéculateurs ont su contourner la règle :

Sous le régime des concessions gratuites... et grâce à la négligence ou à la connivence des autorités provinciales, un seul individu pouvait s'emparer de tout un canton et le fermer à la colonisation, ce qui est malheureusement arrivé dans une grande partie des Cantons de l'Est.

Laissons le sous-registraire de la Province, J. C. Langelier, nous raconter comment ces spéculateurs s'y pre­naient pour réussir leur coup :

Un individu qui voulait ainsi s'emparer d'une partie du domaine public s'entendait d'abord avec les membres du conseil exécutif et les officiers les plus hauts placés, pour s'assurer de leur concours et de celui du gouverneur. II s'entendait ensuite avec un certain nombre d'individus (des prête-noms), qu'il racolait au hasard, pour leur faire signer avec lui une requête au gouverneur, demandant la concession de l'étendue de terrain qu'il convoitait. Pour les indemniser de cet acte de complaisance, il payait à ses associés une somme nominale, généralement une guinée, moyennant laquelle ceux-ci lui retransportaient, aussitôt que les lettres patentes étaient émises, la part qui leur était assignée... Les papetiers vendaient à cette fin des blancs imprimés de ces rétrocessions, dont la formule, ainsi qu'il fut cons­taté en 1821 par un comité de l'assemblée législative, avait été préparée et rédigée par le procureur général. Ces fraudes se commettaient au vu et au su des membres du conseil exécutif, dont plusieurs même employèrent ce moyen pour s'emparer de grandes étendues de terres publiques... Sir Robert Shore Milnes (gouverneur)... se fit concéder à lui-même un

 

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      domaine de 48 061 acres dans les cantons de Compton, Stanstead et Banston 19.

Ce qu'on pense à l'époque des grands propriétaires

Les grands propriétaires ont tôt fait d'être dénoncés par leurs contempo­rains. On leur reprochait de s'accaparer du sol sans vouloir l'occuper, ce qui retardait le développement du territoire :

Quel est le Canadien, ami de sa patrie, qui pourrait contenir sa juste indignation, en voyant l'accaparement de vastes étendues de terres dans des mains d'hommes qui, non seulement ne veulent pas les occuper, mais qui s'opposent encore, par toutes sortes d'exactions, à leur établissement 20.

On ne manquait pas non plus de dénoncer leurs attentes « odieuses » au moment de vendre des bouts de terres, leurs méthodes peu scrupuleuses et le harassement qu'ils exerçaient à l'en­droit des colons :

Cet état de chose provient de l'énorme prix des terres qui appartiennent aux grands pro­priétaires. Le pauvre colon est cruellement harassé par eux, et il arrive assez souvent qu'il est

expulsé de la terre défrichée par lui, sans rémunération pour ses longs travaux 21.

Enfin, ce qui scandalisait leurs contem­porains est le fait que ces spéculateurs profitaient « injustement » d'une plus­ value de leur propriété. Cette dernière était, entre autres, le résultat de la con­struction de chemins donnant accès à ces propriétés. Or, les grands proprié­taires faisaient tout, et ils réussissaient, pour ne pas avoir à payer pour la cons­truction et l'entretien desdits chemins :

Comme ces propriétaires n'ont généralement contribué en rien aux améliorations des routes dans le voisinage de leurs terres, leur valeur s'est accrue aux dépens de l'indus­trie du défricheur actuel qui, dans le cas qu'il voudrait acheter aucune de ces terres pour sa famille croissante, sera obligé de payer un prix exorbitant pour la terre qu'il a rendue fertile... 22.

Les grands propriétaires dans Stanfold

Stanfold a eu ses grands propriétaires comme la plupart des Townships de l'Est. Le plus important est l'honorable Jenkin William, un proche du gouvernement, qui, le 8 juillet 1807, se faisait accorder gratuitement (avant 1826, toutes les terres publiques étaient concédées gratuite­ment) 26 810 acres de territoire. En con­sidérant, par exemple, qu'au milieu du XIXe siècle ses héritiers vendaient des par­ties de lots 3,70 $  l'acre, cela revient à dire que l'honorable William a reçu du gouvernement tout près de 100 000 $. Actualisée en 1997, cette somme équivaudrait à plusieurs millions de dollars, voire au moins une dizaine. Bref, une somme peu élégante en regard de ce que l'on concédait au colon.

Peter Patterson avec ses 4 900 acres « officiels » obtenus « à vil prix » (selon Langelier) en est un autre. Tous sem­blent être du même acabit. Mais William Wilson, marié avec la petite-­fille de Jenkin William, paraît avoir été le plus intransigeant et le moins scrupuleux de tous :

Léon Pepin vint s'établir dans la région des Bois-Francs Pendant trois ans il défriche une terre dans Stanfold. II commence à y gagner sa vie sans misère. Mais voilà qu'au milieu de la nuit, au fin coeur de l'hiver, un huissier se présente à l'humble logis de Pépin et l'oblige à déguerpir sans délai... La terre appartenait à ce fameux William Wilson, que l'on pourrait appeler le bourreau des premiers colons de Stanfold 24.

 

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de nos jours alors que l'on a accès au Bureau de la publicité des droits (jusqu'au 31 décembre 1993, le Bureau d'enre­gistrement) où sont enregistrés tous les contrats passés devant notaire et que, plus simplement, on peut toujours s'informer au bureau de la municipalité pour s'enquérir d'un nom de pro­priétaire. Ce n'était pas le cas à l'époque :

Dans le township de Bulstrode, où il y a près de cinquante familles d'établies sur les 11e et 12e rangs, trois et même quatre individus se présentent chaque année, patentes à la main, se disant propriétaires des terres occupées par les colons... Cela n'arriverait point si la loi obligeait les grands propriétaires à enregistrer, chez le greffier du conseil municipal de chaque township, leur nom, le lieu de leur résidence, les numéros des lots de terre qu'ils possèdent 25.

La naissance des Bois-Francs ou l'arrivée de Charles Héon en 1825

Passons sur ces éléments qui ont retardé la colonisation des Bois-Francs et revenons à l'historique de leur peuplement. Le premier à avoir rejoint le territoire avec l'intention de s'y établir est Charles Héon, qui s'installe à Saint-Louis-de-­Blandford en 1825. Comme nous le raconte Hyacinthe Saint­-Germain (voir encadré), le territoire ne lui était pas inconnu, du moins pas de réputation.

Je dis plus haut que Charles Héon savait se faire des amis. Élevé dans sa paroisse natale au milieu d'une population qui comptait beaucoup de sauvages, il avait su s'en faire des alliés... Ordinairement peu communicatifs, les sauvages faisaient exception pour notre héros qui aimait à converser avec eux et les faire parler des lieux que, d'habitude, ils fréquen­taient pendant les saisons de chasse [...]. II apprit par eux que la rivière Bécancour coulait à certains endroits au milieu de terres magnifiques et couvertes

de belles forêts où, pour ainsi dire, pas un Blanc n'avait mis les pieds. Fasciné par les récits de ses

amis ...il se décida à faire un voyage d'exploration 26

 

 Héon, qui habitait Bécancour, prit la

route de l'est le 15 février 1825, accompagné de deux indiens qui « connaissaient à fond le territoire qu'il dési­rait visiter ».    Pour l'essentiel, ils suivirent le tracé de la rivière Bécancour jusque dans le canton d'Inverness. Auparavant, toute­fois, ils feront une halte à peu de distance séparant les cantons de Blandford et de Maddington. C'est là, après s'être rendu jusqu'à Inverness que reviendra Héon pour s'établir 27:

Le lendemain, il prenait possession d'un lot de terre, en faisant un petit abattis d'arbres séculaires [qui existent, durent depuis des siècles], sur les lots con­nus sous les numéros E. F., du 10e rang du can­ton de Blandford, et il mettait son nom sur un arbre comme signe, comme preuve de prise de possession 28.

Héon repartit vers Bécancour pour y chercher sa femme et préparer son départ définitif. Le 13 mars 1825, il reprend la route des Bois-Francs avec son épouse et leurs deux enfants de même qu'avec son frère Georges (16 ans) et son ami Charles Thibodeau alias Charlot Castin, de Saint-­Grégoire.

II ne reprit pas la voie de la rivière : son profil cisaillé de chutes, s'il ne rebute pas un aventurier, ne convient pas pour suffire à un trafic aussi restreint fût-il. II se rendit plutôt à son emplacement par un chemin de chantier. Incidemment, à cette époque nous retrouvions des chantiers dans les parties ouest des cantons de Bulstrode, Aston et Maddington.

 

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Les fondateurs des municipalités environnantes

Pendant que Charles Héon ouvrait le territoire, d'autres repoussaient ses limites :

- Édouard Leclerc (Princeville, 1832)

- François Marchand (Sainte-Victoire, vers 1833)

- Jean-Baptiste Lafond (Plessisville, 1835)

- Jean-Baptiste Narcisse Béliveau et Louis Gravel, Saint-Norbert d'Arthabaska (vers 1840)

- Olivier Boisvert, Warwick (1840)

 

Une précision s'impose toutefois quant au titre de fondateur que l'on attribue à chacun dans son milieu respectif. De fait, il est vraisemblable, comme le précise l'historien Daniel Robert dans Paroisse Saint-Norbert d Arthabaska, 1845-1995, que les premiers colons soient arrivés en petits groupes. Du reste, comme la plupart s'établissent d'abord en squatters, il demeure difficile de vérifier l'exactitude des informations qui nous permettraient d'y voir plus clair.

Aussi, l'important, sans vouloir enlever de mérite à qui que ce soit, est-il de retenir que les Bois-Francs, comme zone de peuplement, émergent à compter de 1825 et qu'à partir de 1840, le territoire présente déjà ses principaux pôles de développement : Victoriaville, Princeville, Plessisville et Warwick.

Les premiers habitants de Stanfold racontés par Charles-­Flavien Baillargeon

L'histoire des origines de Stanfold bénéficie d'une source ines­timable de renseignements que l'on doit au curé Charles-Flavien Baillargeon et que retranscrit dans son premier volume (pages 214 à 257) l'historien Mailhot. Charles-Flavien Baillargeon est né à Saint-Roch de Québec en 1833. Nommé curé de Princeville en 1874, il le demeura jusqu'en 1886. Au moment de se retirer, il entreprit de rédiger l'histoire des Bois-Francs et, en particulier, celle de la paroisse de Saint-Eusèbe. C'est ce qu'a retranscrit avec clairvoyance dans le premier tome de son histoire des Bois­-Francs l'abbé Charles-Édouard Mailhot.

Le récit du curé Baillargeon est riche non seulement des faits qu'il rapporte mais également du ton qu'il emprunte. En outre, il est d'autant crédible que le curé était un contempo­rain des colonisateurs de Princeville. II les a connus et en a même côtoyé un certain nombre dont Édouard Leclerc. Aussi, s'agit-il d'un document particulièrement significatif qu'il aurait été intéressant d'intégrer au présent récit. Malheureusement, le manque d'espace nous limite à inviter les lecteurs et les lec­trices intéressés à parcourir l'oeuvre de l'abbé Mailhot. De notre côté, en guise de conclusion au présent chapitre, nous en reproduisons de larges extraits en prenant la liberté d'y incorporer des sous-titres.

Édouard Leclerc premier colon de Stanfold

C'est un fait acquis à l'histoire, que Monsieur Édouard Leclerc, de Saint-Grégoire de Nicolet, fut le premier colon du Canton de Stanfold, le fondateur de la paroisse de Saint-Eusèbe. C'est en mars 1832 qu'il arriva dans les Bois-Francs et se fixa sur les cinquième et sixième lots du douzième rang de Stanfold, près de la rivière Nicolet.

À son arrivée à Stanfold, Édouard Leclerc était célibataire, âgé d'environ 24 ans. II épousa à Gentilly, le 8 avril 1839, Demoiselle Marie Zoé Landry Bercasse, de Stanfold [...]. À un moment donné, il pouvait réu­nir autour de sa table vingt-deux enfants dont sept issus de son premier mariage avec demoiselle Zoé Landry Bercasse, et quinze de son second mariage avec Demoiselle Olive Poisson. Monsieur Édouard Leclerc, après avoir occupé la même propriété toute sa vie, mourut le 28 mars 1878, âgé de 70 ans. (Baillargeon, cité par Mailhot)

À l'instar de Héon, Leclerc est arrivé par la rivière à la dif­férence qu'il ne s'agissait pas de la Bécancour mais plutôt de la Nicolet puis de la Bulstrode. C'est du moins ce que racon­te Mailhot à la page 335 du tome IV de son histoire des Bois­-Francs. Incidemment, le moins que l'on puisse dire est que le parcours de Leclerc étonne d'autant qu'il passe par

 

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Victoriaville où aurait tout aussi bien pu s'installer le premier colon de Stanfold. Malheureusement, nous possédons peu d'informations à même de nous renseigner avec précision. Tout ce qu'on peut dire est que la rivière Nicolet est à l'ouest de Saint-Grégoire et que pour ne pas s'allonger Leclerc l'a probablement rejointe à Saint-Léonard-d'Aston. De là, il l'au­ra suivie jusqu'à Saint-Samuel-de-Horton où elle se sépare en deux branches. La première poursuit sa direction sud et con­serve le nom de Nicolet, la seconde s'oriente vers l'est et prend le nom de Bulstrode, alias rivière du Loup. Leclerc a donc poursuivi sa route sur la Bulstrode qui passe par Victoriaville avant de rejoindre le douzième rang Est de Stanfold, où il s'est installé.

Rapidement, d'autres colons viennent le rejoindre

Dans l'année 1832 arrivaient encore à Stanfold MM. François Pellerin, Narcisse Béliveau, Pierre Poirier, Alphé Hébert et Noël Bourque. Tous s'établirent dans les environs de leurs co-paroissiens sur les bords de la rivière Nicolet [entendre Bulstrode] [...].

Vers 1834, M. Zéphirin Coulombe et sa femme Marie Prince, M. Pierre Landry Bercasse et sa femme Odile Gaudet vinrent renforcer la petite colonie Quelque temps après, MM. Alexis Turcotte et sa femme Charlotte Prince, Pierre Landry Bercasse et sa femme Marie Abraham, Abraham Landry Bercasse et sa femme Marie St-Cyr, eux aussi de Saint-Grégoire, vinrent s'établir à Stanfold. Pourquoi 2 fois Pierre Landry Bercasse (q?)

Dans le printemps de 1836 ou 1837, M. Joseph Pellerin, natif de Saint-Grégoire, mais résidant à la ri­vière Bécancour depuis quelques années, vint se join­dre aux premiers colons de Stanfold [...]. Dans le printemps de 1836, Charles Houle de Bécancour, avec sa femme Louise Deshayes, vint résider sur le neuvième lot du neuvième rang de Stanfold [...]. Vers 1836, Pierre Richard (de la rivière Bécancour) acheta, dans le 10e rang de Stanfold, un lopin de terre pour y établir ses quatre garçons (Pierre, Auguste, Bruno et Charles). Ceux-ci vinrent prendre possession de ce terrain au printemps de 1837.

À cette même date, un autre habitant de Saint­-Grégoire, M. Pierre Béliveau, époux de Olive Bourque, vint s'établir à la rivière Nicolet, dans les environs de M. Édouard Leclerc [...]. Dans l'hiver de 1838 un nommé Joseph Hébert, époux de Julie Caron [...] vint prendre possession du lot voisin des Richard [...]. L'élan étant donné,

l'oeuvre de la colonisation du canton de Stanfold entrait dans une ère de progrès sensible. C'est alors que bon nombre de familles des paroisses du fleuve se décidèrent à marcher sur les traces de leurs courageux devanciers

et à venir tenter fortune dans le canton de Stanfold. [Baillargeon cité par Mailhot] .

Qu'ont trouvé et fait les premiers colons de Stanfold?

Qu'ont trouvé les premiers colons à leur arrivée? Rien; rien d'autre qu'une immense forêt, un territoire sans rues ni maisons, sans hôpital ou magasin, sans église ou même de champs prêts à être ensemencés. Un immense territoire où tout était à faire.

Bref, prendre la direction des Bois-Francs et de Stanfold reve­nait à dire quitter la civilisation pour s'enfoncer profondé­ment dans la forêt d'où il n'était possible d'obtenir aucun secours rapide. La chose signifiait également deux effroyables savanes posées tel un mur entre la civilisation et les nouvelles concessions d'autant isolées. Enfin, la chose

 

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Contrats vexatoires exigés par les spéculateurs

 

« Vexatoires » (abusifs), l'expression est de Charles Héon quand, témoignant devant la Chambre de Comité chargée d'étudier les causes ralentissant la colonisation des cantons le 1er août 1851, il qualifie les con­trats de vente exigés par les grands pro­priétaires. Plus exactement, l'expression fait référence au prix exorbitant exigé par ces spéculateurs comparativement au prix que demande généralement la Couronne soit « quatre chelins l'acre » (plus ou moins 0,80$) 29,30. En comparai­son, les terres de grands propriétaires sont littéralement hors de portée :

Quel est le prix des terres vendues dans Stanfold, Somerset, Halifax, Chester, etc ? Généralement de 12 à 17 che­lins l'acre... dans Arthabaska [canton voisin de Stanfold], on a même eu l'effronterie d'exiger la somme exorbi­tante de 46 chelins et 8 deniers l'acre [plus ou moins 9,20 $ l'acre] pour les terres situées sur le chemin provin­cial. Plusieurs personnes, qui occupaient quelques-unes de ces terres depuis plusieurs années, ont été obligées, vu le prix énorme demandé, d'abandonner leurs améliorations 31.

L'abus des grands propriétaires ne se limite pas au prix exigé pour leur terre, loin de là. Pour tout dire, certaines de leurs exigences paraissent à peine croyables aujourd'hui. Qu'on en juge par l'extrait d'un contrat passé entre Peter Patterson (en fait par, son représentant Thomas Alexander Lambert) et François Lafrance, cultiva­teur de Stanfold qui veut acquérir un partie du lot numéro 15 du 9e rang :

En outre, la présente vente est ainsi faite, sujette aux clauses, conditions [...] suivantes, savoir : se réserve, par ces présentes, ledit Thomas Alexander Lambert [enten­dre Patterson le vendeur] [...] tout le pin rouge et blanc et toute la pruche rouge et blanche qu'il peut y avoir sur le dit lot de terre vendu par les présentes, et le droit de couper, abattre et manufacturer, en tout temps ci-après, toute espèce de bois de construction sur le dit lot de terre; aussi, le droit et le pri­vilège de faire toute sorte de sentier, voies et chemins sur le dit lot de terre, et en tout sens, et d'y passer et repasser en tout temps, soit à pied ou en voiture de toute espèce, de ce jour et à tou­jours, pour couper, manufacturer et sortir du dit bois de construction; se réserve en outre tous les endroits sur ledit lot de terre ou ailleurs, qui seront jugés convenables pour y placer et mettre le dit bois de construction qui sera coupé et converti en billots, bois équarri ou autrement.

Se réserve aussi le dit vendeur

[...] toutes les eaux, cours d'eau, rivières et ruisseaux, places de moulins et privilèges de moulins, voies, chemins et sentiers qui peu­vent se trouver sur le dit lot de terre, et toutes les places qui seront jugées convenables et propres à y construire et établir des mou­lins et manufactures de toutes sortes, et tout le terrain qui sera nécessaire pour cet objet, sans pouvoir, le dit acquéreur, cons­truire pour lui-même ou établir des moulins ou manufactures d'aucune sorte sur le dit lot de terre, à peine de démolition d'iceux et de tous frais, dépens, dommages net intérêts qui pourront en résulter. À la charge, par le dit acquéreur, de faire tirer et établir toutes les lignes et limites du dit lot de terre, partout où il sera nécessaire; à ses propres frais et dépens; et aussi, de faire ou faire faire tous et chacun les fossés, égouts, ruisseaux et clôtures néces­saires tout autour du dit lot de terre vendu par les présentes, à ses frais et dépens, sans, par le dit Peter Patterson, ses hoirs et ayants cause, être tenu de donner aucun découvert, ou être assu­jetti à aucune servitude, soit publique ou mitoyenne, à l'é­gard de ses lots non vendus, et le tout sans diminution de prix ci-dessus stipulé 32.

 

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voulait dire devoir abattre des arbres de taille impressionnante avant même de préparer la terre et de l'ensemencer. Voilà pourquoi les hommes, généralement, partaient d'abord sans leur famille. C'était ordinairement l'hiver (décembre à avril) parce que les eaux bourbeuses des savanes offraient alors une surface plus solide. Ils prenaient possession de leur terre, la défrichaient et l'ensemençaient au printemps. L'hiver suivant, après la première récolte, ils allaient chercher leur famille.

C'est alors :

que l'on voyait, au domaine de Gentilly, presque tous les jours, passer des colons qui se dirigeaient vers les Bois-Francs; que souvent on voyait un chien attelé sur un petit traîneau transportant un ou deux enfants, et que ce véhicule d'un genre bien modeste était suivi d'un homme et d'une femme, au front anxieux mais rempli d'un courage héroïque 33.

II s'agissait de gens modestes :

La plus forte partie des colons qui montaient dans les Bois-Francs étaient pauvres et sans aucune avance. C'étaient, pour la plupart, des journaliers ou des habitants ruinés, qui n'apportaient avec eux que les ustensiles de première nécessité et de maigres provisions pour quelques mois... Plusieurs n'apportaient pour tout ménage que leur hache et un sac de farine sur le dos 34.

Démunis donc, ils arrivaient dans un milieu qui, s'il laissait espérer des jours meilleurs, n'en restait pas moins à conquérir et demeu­rait, pour l'instant, hostile. Le manque de nourriture était, en outre, l'une des pires menaces qui guettaient les premiers colons :

Après s'être logé tant bien que mal, avoir accompli les durs et pénibles travaux du défrichement, du brûlage et des semailles... le colon devait se résigner à attendre trois longs et mortels mois pour tirer sa vie du produit de son champ, tandis que la tinette de lard, la poche de fleur n'attendaient pas aussi longtemps pour venir à sec 35.

Aussi, la disette menaçait-elle constamment les familles établies qui n'avaient d'autre choix que de se rabattre sur la maigre pitance que leur fournissait la nature :

 

Hyacinthe Saint-Germain ,contemporain de Charles Héon nous en parle

 

Souventes fois, l'histoire des ancêtres ne se précise qu'au fil des recoupe­ments que font les chercheurs. II est peu fréquent, en effet, de bénéficier de docu­ments de première main, c'est-à-dire rédigés par les premiers colons eux-­mêmes ou un de leurs proches. Aussi, sommes-nous chanceux de disposer d'un tel document sur celui qui a ouvert les Bois-Francs, Charles Héon.

On doit ce dernier à Hyacinthe Saint­-Germain qui signa Charles Héon, fonda­teur de la paroisse de Saint-Louis de Blandford, premier colon du comté d'Arthabaska. Saint-Germain, large­ment copié par l'abbé Charles-Édouard Mailhot sans que celui-ci ne précise toujours sa source, était un contemporain de Héon, comme il le précise dans son introduction:

« Ayant vécu de longues années, pour ainsi dire côte à côte avec un de ces vieux pionniers, que j'ai été à même de connaître et d'apprécier, j'ai cru qu'il était de mon devoir de ne pas laisser tomber dans l'oubli certains faits qui sont inconnus ou portés au crédit d'autres personnes.

Je veux, par la notice biographique qui va suivre, faire connaître un brave citoyen qui a passé une bien longue carrière à faire le bien. Je veux nom­mer par là Charles Héon ...36

 

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Un certain nombre de ces familles ne vivaient que d'herbes, de feuilles et de racines bouillies. Elles se nourrissaient surtout d'une sorte d'ail sauvage que l'on trouvait en assez grande abondance, nourriture insupportable, surtout à cause de l'odeur qu'elle répandait. Dans la saison des fruits, les bleuets, les framboises étaient dévorés.

II n'était pas rare d'entendre dire à quelqu'un qu'il avait passé une, deux et même trois journées sans manger : triste tableau, mais qui n'est rien en com­paraison de la réalité 37.

Du reste, s'approvisionner n'était pas une mince affaire. II fal­lait d'abord de l'argent. Aussi, on attendait d'avoir suffisamment de potasse ou de sucre d'érable, seules sources de revenu à l'époque, pour aller vendre ces produits et acheter des vivres. Et encore, comme il n'y avait pas de marchand sur place ou qu'au début, ces derniers ne disposaient pas d'un inventaire suffisant, le colon devait charger sur son dos le pro­duit de sa récolte et marcher jusqu'à Gentilly. L'opération, qui pouvait prendre de cinq à six jours, était d'autant plus pénible et périlleuse qu'elle ne pouvait être réalisée qu'en empruntant cette route plus ou moins rudimentaire tracée entre Gentilly et la rivière Bécancour. Sans compter que, chaque fois, il fallait traverser les fameuses savanes de Stanfold et de Blandford, véritables pièges de l'épuisement, sinon de la mort.

On se voyait dans l'obligation de traverser d'abord la savane de Stanfold, longue de trois lieues [environ 12 kilomètres], et ensuite celle de Blandford... aussi longue que la première. II fallait suivre un chemin à demi fait dans un état impraticable et même dan­gereux pour la vie des voyageurs 38.

La lutte intense contre la faim n'était pourtant pas le seul obstacle auquel étaient confrontés les colons et leurs familles. Le labeur en était un autre et pas des moindres puisque l'on

 

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devait tout faire à bras d'homme. Pas de scie mécanique pour abattre les arbres, les débiter, pas de tracteur pour les mettre en tas avant le brûlage ou pour essoucher, que des bras et parfois une paire de boeufs « plus dociles que le cheval » pour faire le travail.

les noms ont été retirés et mis dans la section famille (J.P).

Voir http://www.societehistoireprinceville.com/Photo_Familles.HTM

 

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Les origines municipales

Introduction

Le plan que nous avons retenu pour faire l'historique de la vie municipale à titre d'institution reprend essentiellement, et dans le même ordre, les éléments que l'on retrouve aux états financiers municipaux des années 1990. Cette façon de faire offre l'avantage de bien distinguer toutes les consti­tuantes et surtout de bien les accoler à la réalité d'aujourd'hui.

Ce faisant, nous verrons donc dans l'ordre : la législation ou, si l'on préfère, l'organisation du conseil en tant que telle; l'ad­ministration, nous parlerons de dépenses, de taxes, de per­sonnel et d'immobilisations; la sécurité publique; la voirie (transport); l'hygiène du milieu; l'aqueduc et l'égout; l'enlèvement des ordures; l'urbanisme et enfin les loisirs.

Auparavant toutefois, nous expliquerons, sous forme d'intro­duction, comment est né le système municipal actuel car, effectivement, il n'y a pas toujours eu de municipalité.

 

La naissance du système municipal au Québec '

En 1997, l'administration d'un territoire donné est assujettie à plusieurs paliers de gouvernement dont les paliers municipal et provincial. En outre, ces gouvernements sont élus par le peuple. C'est ce que nous appelons l'exercice de la démocra­tie. II n'en a pas toujours été ainsi. Bien qu'il y ait eu à travers le pays des regroupements de population, les municipalités, tout comme les gouvernements fédéral et provincial, n'ont pas toujours existé. II y a eu un commencement.

 

Ainsi, au début de la colonie, ceux qui décidaient de tout pour tous étaient nommés par le roi ou son représentant. Leur nombre était limité : le gouverneur, l'intendant, le grand voyer et quelques autres. Leur pouvoir s'exerçait tant sur l'organisation de la police et de la justice que sur celle de la voirie ou de la protection contre l'incendie. En outre, celui-ci s'étendait à toutes les entités territoriales, c'est-à-dire à tous les regroupements de population, où qu'ils se situent au pays.

 

Aussi, pour mieux ancrer dans un contexte global la naissance des municipalités de Princeville et de Princeville paroisse, nous examinerons dans le prochain chapitre le cheminement qui a conduit à l'émergence de tout le système municipal. Partant de là, non seulement aurons-nous une meilleure perspective de l'évolution historique et donc une meilleure compréhen­sion des choses mais, également, nous mesurerons davantage le vécu des colons à l'époque.

Pour ce, nous avons divisé cette période d'avant l'émergence des municipalités en quatre temps :

I- Comment se prennent les décisions administratives sous le régime français? II-Comment se prennent les décisions administratives sous le régime anglais? III- Le Rapport Durham. IV- L'Acte des munici­palités et des chemins du Bas-Canada (1855) ou la naissance du système municipal.

 

I- Comment se prennent les décisions administratives sous le régime français?

Sous le régime français, c'est-à-dire du début de la colonisation jusqu'au moment de la conquête par les Anglais en 1760, l'ad­ministration du territoire a été confiée à diverses instances, d'abord aux compagnies de marchands puis à de hauts fonc­tionnaires tels que le gouverneur, l'intendant et le grand voyer. Au cours de cette période, la population n'avait rien à dire et ne disposait d'aucune représentation. C'est que le roi désirait restreindre et éviter « la création d'institution accor­dant des pouvoirs au peuple » 2.

 

Les compagnies de marchands et les seigneuries

Les « compagnies de marchands » dont les plus célèbres, la Compagnie des Cent-Associés et la Compagnie des Habitants, ont été les premières à détenir un quelconque pouvoir

 

2   Jacques L'Heureux,     ~ Les premières institutions municipales au Québec ou -machines à taxer a -, dans Les Cahiers de droit, vol 20, nos I et 2 (mars 19791. p. 336-337.

 

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administratif sur le territoire. C'est elles qui, en échange d'un droit d'exploitation que leur accordait le roi (pour le négoce des fourrures entre autres), étaient chargées d'assurer l'orga­nisation, le peuplement et le développement du territoire.

Les compagnies, pour s’acquitter de leur tâche, concédaient des terres à des seigneurs qui avaient l'obligation d'organiser le territoire qu'on leur accordait, c'est-à-dire de concéder à leur tour des terres aux colons et de voir à l'implantation de ser­vices tel I’aménagement de moulins à farine et à scie. C'est ici que naît le régime seigneurial.

Mais les compagnies comme nous l'avons mentionné plus haut ont failli à leur tâche, faisant trop souvent passer leurs propres intérêts avant ceux de la colonie. Aussi, en 1636, alors que la population s'élève à 400 habitants, le roi, pour corriger la situation, nomme un premier gouverneur.

Le gouverneur

 

Après le régime des compagnies, c'est donc le gouverneur qui deviendra le grand patron de la colonie. Jusqu'en 1663, il aura pratiquement tous les pouvoirs : du maintien de l'ordre à la sécu­rité du territoire (police, justice, armée) en passant par le peuple­ment et le développement des intérêts économiques. Même si en 1647 le roi établit le - Conseil supérieur -, à qui il confie les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, le gouverneur reste seul maître à bord après le roi puisqu'il contrôle le Conseil supérieur.

Le Conseil souverain

En 1663, le roi va davantage diviser ce pouvoir. II met sur pied un premier gouvernement royal : le « Conseil souverain ». Cette fois, le gouverneur doit vraiment partager son autorité, entre autres, avec les membres du Conseil, choisis parmi les notables de la colonie et surtout avec un nouveau haut fonc­tionnaire, l'intendant.

Selon cette nouvelle structure, le gouverneur représente la per­sonne du roi; son rang est le plus élevé dans la colonie; il a préséance sur tous y compris sur l'intendant dont le rang vient après. Au fil du temps, le Conseil souverain deviendra « une simple cour de justice ».

l'intendant

La juridiction de l'intendant couvre tout le territoire de la Nouvelle-France. C'est lui qui en pratique gouverne le pays. II est responsable de la police tout autant que de la justice. II « veille à la tranquillité publique, à la sauvegarde des bonnes moeurs, à la protection de la santé, à I’assistance publique et au contrôle de la mendicité ». Ces fonctions administratives, plus importantes que celles du gouverneur dans la pratique courante, entraîneront entre ces deux hommes nombre de luttes de pouvoir.

D'autres fonctionnaires: le syndic d'habitation et le grand voyer

Le syndic d'habitation et le grand voyer se sont également occupés de l'administration du territoire pendant une certaine période. Pour s'en faire une meilleure idée, mentionnons que le syndic d'habitation de Montréal (on retrouvait des syndics à Montréal, Trois-Rivières et Québec) administrait les affaires de l'Île :

De lui [le syndic] relevait aussi le pouvoir d’imposer des taxes pour le maintien de la garnison 3.

La fonction de syndic d'habitation, instituée en 1647, disparaî­tra graduellement, comme l'explique Julien Drapeau dans son Histoire du régime municipal au Québec, à la fin des années 1670. Elle portait ombrage aux pouvoirs du gouverneur et de l'in­tendant.

Le grand voyer

La disparition du syndic d'habitation laisse un vide à combler. Un nouveau type de fonctionnaire émerge donc, le grand voyer : Le grand voyer avait un regard immédiat sur l’entre­tien et la confection des clôtures et fossés de ligne. [...] II devait également « régler la construction dans les villes et les faubourgs » 4.

3     Jullen DI apeau Histoire Au régime municipal du Québec Out, hec, Ministhic des At laires municipa 4 Ihict, p. 14.

 

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On le remarquera, son rôle est davantage rapproché de l'or­ganisation municipale, en ce sens qu'il est moins politique et judiciaire.

Quoi qu'il en soit, voilà donc comment s'orchestrait le développe­ment du territoire sous le régime français. Voyons maintenant quel pouvoir détenait la population dans ce contexte.

Les premiers élus

Sous le régime français, la présence au centre des décisions de représentants élus au suffrage universel, ne s'est jamais véri­tablement manifestée. II y eut toutefois quelques tentatives. Ainsi en 1657, un arrêt détermine que le Conseil supérieur sera dorénavant composé, en plus du gouverneur et du respon­sable de la traite, de quatre personnes élues au suffrage uni­versel. II s'agira toutefois d'une élection bien accessoire puisque, dans les faits, le gouverneur conserve tout son pou­voir sur ledit conseil. Du reste, à partir de 1663, avec l'appari­tion du Conseil souverain, plus aucun membre n'est élu.

Ledit conseil autorise toutefois l'élection d'un maire et de deux échevins à Québec. Mais l'expérience ne se prolongera que sur un peu plus d'un mois avant de prendre fin avec la démission des élus. Une nouvelle tentative sera faite en 1673. Tout comme la première, celle-ci échouera. Dans les faits, le roi désapprouve l'initiative ; « il est contre toute idée de réunion en corps de citoyens 5 ». Partant d'ici, il faudra attendre au lendemain de la Conquête avant de revoir une quelconque représentation de la population au sein des centres de décision.

 

Les seigneurs

On ne peut étudier le processus des décisions administratives avant l'avènement des municipalités sans parler du rôle des seigneurs sur le plan local.

Nous l'avons vu plus haut, à l'origine, les compagnies attribuent des terres à des seigneurs qui doivent les diviser en lots d'environ 100 acres et concéder ces derniers à des colons. Ils doivent en outre assurer la bonne marche de la seigneurie et des services qu'on y retrouve. En retour, les colons (qu'on appellera désormais censitaires) leur verseront une rente perpétuelle.

Le seigneur jouit donc d'un pouvoir certain au sein de la popu­lation. Celui-ci l'amènera tout naturellement, surtout dans les territoires ruraux, à jouer un rôle dans les affaires locales, et ce jusqu'à la mise en place des premières lois municipales en 1840.

La paroisse

L'entité paroissiale, quant à elle, représente la première insti­tution locale reconnue au pays; la première certes mais égale­ment la seule, pendant longtemps, au sein de laquelle la po­pulation se reconnaît. Du reste, le conseil de fabrique est, pour ainsi dire, la seule instance élective à ce moment.

Résumons-nous

Sous le régime français, l'organisation du territoire (voirie, sécurité, etc.) relève des représentants du roi que sont le gou­verneur, l'intendant, les fonctionnaires (syndic d'habitation et grand voyer) et, d'une certaine manière, les compagnies. C'est par eux que passent, à un moment ou à un autre, toutes les décisions en matière de voirie, de sécurité et de justice. Parallèlement, le seigneur voit à l'organisation économique locale. Quant à l'église, comme nous venons tout juste de le voir, elle demeure la seule entité démocratique de l'heure.

II- Comment se prennent les décisions administratives sous le régime anglais avant 1840?

À partir de la Conquête en 1760, l'Angleterre va tenter de « bri­tanniser » la Nouvelle-France. Autrement dit, elle va essayer de donner à ses nouveaux sujets l'autonomie politique à la base de l'efficacité des colonies anglaises.

Dès 1763, avec la Proclamation Royale, elle va abolir le régime seigneurial qui, à son avis, maintient la population dans une forme de dépendance et n'encourage d'aucune façon la prise en charge des habitants qui préfèrent s'en remettre au seigneur. Le problème, c'est que les Canadiens français tiennent

5        Diane Saint-Pierre, op. cit., p. 29.

 

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à leur structure; aussi se rebiffent-ils. L'Angleterre est forcée de faire marche arrière. En 1774, elle adopte l'Acte de Québec qui rétablit « les institutions traditionnelles ».

Ce n'est que partie remise. En 1791, elle revient à la charge avec l'Acte constitutionnel qui crée deux gouvernements représentatifs : le Bas-Canada et le Haut-Canada, à peu de chose près le Québec et l'Ontario. En outre, elle officialise le système cantonal (création des cantons) sur le partage et la distribution des terres. Désormais, le concessionnaire est l'unique propriétaire de sa terre et ne peut s'en remettre qu'à lui-même. C'est le début de la fin du régime seigneurial et la voie ouverte à l’« ère démocratique ».

Pendant que l’Angleterre tente, avec plus ou moins de succès, d’im­planter ces structures, deux éléments vont jouer en sa faveur et favoriser l’émergence d’un système organisé : les besoins en matière de voirie et le contexte sociopolitique.

Des besoins criants en matière de voirie

Sous le régime français, les services de voirie (construction de routes surtout) resteront passablement rudimentaires et con­trôlés par un pouvoir central. Le régime anglais s'enclenche de la même façon. Rapidement toutefois, et d'autant que l'Angleterre fera tout pour favoriser un peuplement rapide, les lacunes du système resurgiront. Pour les résoudre, on tentera diverses expériences.

La création des charges de bailli et de sous-bailli dans les paroisses, en 1766, s'inscrit dans cette optique. Ceux-ci avaient la responsabilité de diffuser les avis publics concer­nant l'entretien ou la construction des chemins de la loca­lité. Incidemment, ces travaux étaient à la charge des habi­tants. Dans le même sens, on voit réapparaître, en 1777, le grand voyer. II était alors représenté dans les paroisses par un sous-voyer chargé de nommer les surveillants de travaux dans la paroisse. Les fonctions de grand voyer et de sous-voyer seront transférées au juge de paix que nomme le gouverneur, un peu plus d'une quinzaine d'an­nées plus tard.

Enfin, en 1818, toujours dans un contexte criant en matière de voirie, la loi prévoit désormais que « dans tout village de trente maisons et d'une étendue d'au moins quinze arpents les habitants peuvent procéder à l'élection de cinq syndics 6 ». Bref, à cette date, on cherche la formule qui permettra un maximum d'efficacité.

Un contexte socio-économique particulier

Parallèlement, le contexte socio-économique de l'époque va également favoriser cette recherche.

Le contexte, c'est d'abord l'augmentation de la population qu'entraîne l'immigration anglaise, une augmentation qui met en évidence les besoins d'une structure plus appropriée. Par exemple, à Montréal et à Québec où, entre 1810 et 1830, la population a plus que doublé, on souhaite dans l'ordre « une incorporation de la ville » et « l'établissement d'une corpora­tion élective 7 » Les citoyens considèrent que c'est là un moyen efficace d'améliorer la police et le gouvernement intérieur.    La pétition de Montréal. souligne qu'on souhaite embellir la ville, réparer les rues et accroître la sécurité pen­dant la nuit. On espère également contrer les vols et les incendies. Le Parlement n'acquiescera pas immédiatement. En 1831 toutefois, il accordera le statut de « cité » aux deux villes. Remarquez qu'on ne parle pas pour autant de système municipal. Tout le reste du territoire demeure sous la juridic­tion de pouvoirs centraux. Montréal et Québec, dans les cir­constances, sont des exceptions.

III- Le Rapport Durham: l'élément déclencheur qui fera naître le système municipal

Voilà donc le tableau de la situation quand surviennent les troubles de 1837, issus de l'exaspération des Canadiens français qui acceptent mal le pouvoir totalitaire qu'exerce le Conseil législatif.

Ceux-ci auront un impact majeur, bien qu'indirect, sur la nais­sance du système municipal dans le Bas-Canada. Dans les faits, Londres qui cherchera à savoir ce qui s'est vraiment passé dans sa colonie, enverra sur place un enquêteur :

 

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John George Lambton, Lord Durham. Le rapport que dressera ce dernier de la situation, notamment sur l'organi­sation municipale, sera on ne peut plus clair. Voici, à peu de chose près, ce qu'on peut y lire :

II ne semble pas exister au-delà des murs de Québec, d'administration régulière du pays; et il

            est difficile, sauf à Montréal et à Trois-Rivières, de trouver un seul fonctionnaire du gou­vernement civil à qui on puisse adresser un ordre [...]. Ailleurs dans la province, on ne trouve ni shérif, ni maire, ni constable, ni haut fonctionnaire. On ne ren­contre pas d'officiers municipaux ou paroissiaux, nommés par la Couronne ou élus par le peuple ...9

Ce qui semble étonner davantage Lord Durham, et ici le critique se fait des plus sévères, est le fait que l'absence d'un gouverne­ment exécutif ne soit pas contrebalancée, comme c'est le cas chez les Anglais, par « l'énergie et les habitudes d'auto-administration ».

Mais la population française ne possède ni ces insti­tutions, ni ce caractère. Habituée à tout attendre du gouvernement, elle ne peut rien faire d'elle-même, encore moins aider l'autorité centrale.

Plus exactement, voici le tableau que dresse le représentant de Londres sur les institutions locales :

II n'y a jamais eu en vérité, dans le Bas-Canada, aucune institution réunissant une partie de la popu­lation dans un but administratif [...]. Les grandes divi­sions, appelées « districts », ne sont que des divisions judiciaires; les comtés ne sont autres choses que des divisions parlementaires [...]. Les paroisses ne sont que des divisions ecclésiastiques [...]. La seule institu­tion ayant la nature d'une administration locale où le peuple ait voix au chapitre est la fabrique...

Enfin, Lord Durham s'en prend au « privilège » dont croient bénéficier les Canadiens français qui ne connaissent que peu ou pas la taxation :

C'est à peine s'il y a, dans le Bas-Canada, un semblant d'impôt direct pour des fins générales ou locales. On a déjà dit que cette absence de taxation était un grand privilège du peuple [...]. La description que j'ai donnée des dispositions singulièrement défectueuses prises pour l'accomplissement des devoirs les plus importants du gouvernement général et du gou­vernement local [...] va montrer qu'il [le peuple] est privé de plusieurs des institutions que toute commu­nauté civilisée doit posséder...

Et comme si ce n'était pas encore assez clair, Durham ajoute :

On peut difficilement féliciter un peuple de posséder à peu de frais une aussi grossière et aussi imparfaite administration de la justice, d'avoir quelque chose qui ressemble si peu à un corps de police, de n'avoir aucun système d'instruction publique, pas d'éclai­rage, d'avoir des rues si mal pavées dans ses cités et des moyens de communications si imparfaits que la perte de temps et l'usure que cause le transport d'un article quelconque au marché, peuvent proba­blement être estimés à dix fois le total des dépenses qu'exigerait la construction de bons chemins.

Bref, en un mot comme en cent, ce que dit Lord Durham, c'est que les Canadiens français qui se font une gloire de ne pas payer de taxes, n'ont pas à être fiers de la situa­tion, pour peu que l'on regarde leur développement anémique.

Est-ce que l'enquêteur de Londres est allé trop loin? Est-ce qu'il s'est laissé emporter par sa critique? La part des choses, aujourd'hui, est difficile à faire. Le fait est que les Canadiens français étaient habitués à un système féodal, aux mains duquel ils remettaient leur destinée, et qu'ils dédaignaient au plus haut point toute forme de taxation. À

9        Lord Durham cité dans Drapeau, op.cit., pp. 29 à 32.

 

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leur décharge cependant, force est d'admettre qu'ils n'ont pu bénéficier, à l'instar des Anglais, du soutien réel de leur mère patrie.

IV- L'Acte des municipalités et des chemins du Bas­-Canada ou la naissance du système municipal

À partir du Rapport Durham, les événements vont se bousculer pour donner naissance, le 1 er  juillet 1855, à l'Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada qui peut être considéré, à juste titre, comme l'acte de naissance du régime municipal actuel.

Auparavant toutefois, le territoire aura été divisé et redivisé à maintes reprises. Voici, tiré de l'évolution municipale du Québec des régions, l'essentiel des événements à s'être produits :

1840        Une loi adoptée par le Conseil spécial érige en corporation municipale toute paroisse ou township de plus de 300 habitants. II n'y a pas, à proprement parler, de conseil élu.

1841        Une seconde loi vient diviser le territoire en districts municipaux régionaux. Le gou­verneur contrôle directement cette instance qui a le pouvoir de prélever des taxes.

1845        Le gouvernement révoque les ordonnances municipales de 1840 et adopte une nouvelle loi. Les districts municipaux créés en 1841 et 1842 sont abolis et on met en place des municipalités locales de paroisse, de town­ship et de village ainsi que des corporations municipales de ville. Cette loi prévoit l'élec­tion d'un conseil municipal, donne plus de pouvoirs et accorde plus d'autonomie aux municipalités locales.

1847        En 1847, le Parlement abroge la loi de 1845. II abolit les municipalités de paroisse et de canton et fonde des  municipalités de comté. Cette loi prévoit la formation d'un conseil composé de deux conseillers par paroisse ou township élus.

1855        L'Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada abroge la loi de 1847 et consti­tue en municipalités les paroisses érigées à des fins ecclésiastiques ou civiles et les town­ships constitués par lettres patentes. Cette loi accorde des pouvoirs aux conseils muni­cipaux des 393 municipalités de paroisse et de canton, des 29 municipalités de village et des 12 municipalités sans désignation. Au niveau régional, 61 municipalités sont créées.

 

Tous ne sont pas d'accord

L'entrée en vigueur de la nouvelle loi n'est pas également perçue. Pour certains, c'est un bienfait qui permettra à la po­pulation de prendre en main son développement; pour d'autres, c'est une affreuse machine à taxer qui nuira à la prospérité du pays.

Le maire de Saint-Norbert-d'Arthabaska, Édouard-Germain Paradis, maintient pour sa part que la difficulté demeure « de trou­ver des personnes capables d'appliquer la loi ». Quant au maire de Stanfold, Théophile Girouard, il souligne que les ambiguïtés de cette loi « sont propres à grossir le gousset de MM. les avocats ».

Le régime municipal n'en est pas moins devenu une réalité avec laquelle il faut désormais composer. À compter de main­tenant, c'est la population qui dirige sa destinée. Fait à noter, quand entre en vigueur l'Acte des municipalités, il y a plus de soixante ans que les anglophones du Haut-Canada possèdent leurs institutions municipales locales (An Act to provide for the nomination and appointment of Parish and Town Officers within the Province, 1793, 33 Georges III, chap. 2 '°).

Naissance de Princeville et de Princeville paroisse: six dates à retenir

L'histoire de la ville de Princeville et de la municipalité de

 

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paroisse de Princeville retiendra six dates importantes. La pre­mière correspond à l'arrivée du premier colon, Édouard Leclerc, sur le territoire de Stanfold en 1832.

La seconde est 1845. À ce moment, comme nous avons pu le voir dans les pages qui précèdent, le gouvernement central vient de mettre en place un premier réseau de municipalités. C'est ainsi qu'est érigée la Municipalité du canton de Stanfold. Celle-ci ne survivra pas toutefois. De fait, tout comme le pre­mier régime municipal, elle disparaîtra quand la loi de 1845 sera abrogée, deux ans plus tard. Pour faire image, nous dirons que la loi de 1845 a été la fausse-couche du système municipal, un faux départ.

La troisième date à retenir est 1855. Cette fois, dans la foulée de l'Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada, on érige la municipalité de la paroisse de Saint-Eusèbe-de-Stanfold. Remarquez que le nom a changé. Pour cause, le régime municipal de 1855 établissait ses assises territoriales (façon d'établir les limites des municipalités) sur celles des paroisses religieuses, entre autres. Or, depuis 1848, Stanfold bénéficiait d'une structure paroissiale canoniquement érigée sous le nom de Saint-Eusèbe.

La quatrième date charnière est 1857. À ce moment, le village se sépare de la campagne. C'est ainsi qu'émerge la municipa­lité du village de Princeville. Incidemment, il ne faut pas chercher de raisons trop tortueuses pour expliquer ce qui s'est alors passé. Essentiellement, deux modes de vie s'oppo­saient ici : « l'agriculturisme » et la vie urbaine. D'une part, des gens qui ne voyaient de salut que sur la ferme et, à l'opposé, d'autres pour qui l'avenir passe par l'urbanisation avec son développement commercial et industriel. Autrement dit, d'un côté une population relativement concentrée qui exige des ser­vices et de l'autre des contribuables dispersés, peu intéressés par lesdits services; à tout le moins peu intéressés à payer pour ceux-ci. Or, quand on sait que, dans l'ensemble, les Canadiens français étaient traditionnellement défavorables à toute forme de taxation, on peut aisément comprendre qu'ils l'étaient davantage pour des services dont ils ne pouvaient profiter, d'où cette volonté, pour les gens de la campagne, de faire bande à part.

Cela dit, il faudra attendre plus de cent ans avant que ne sur­gisse une nouvelle date charnière, la cinquième. À ce moment, c'est-à-dire au mois d'août 1964, la municipalité du village obtient son statut de ville et devient la Ville de Princeville qui passe sous la Loi des cités et villes. Fait à souligner, ledit changement intervient dans la foulée de la refonte de la Loi des cités et villes qui modifie alors certains pouvoirs. Auparavant, l'incorporation du village avait été maintes fois discutée sans qu'on puisse jamais concrétiser le projet.

La dernière des six dates à retenir est celle du 16 août 1964. Ce jour-là, la municipalité de paroisse de Saint-Eusèbe-de­Stanfold change de nom et prend celui de municipalité de la paroisse de Princeville.

Voilà pour les dates charnières. Maintenant, au-delà de celles­-ci, il en est d'autres qui correspondent à une série d'ajuste­ments territoriaux. On peut en prendre connaissance dans le tableau « Les mutations du territoire municipal : de 1807 à 1997 » ci-bas ou encore, de façon plus élaborée à partir de la série de cartes présentée à l'annexe C (« Les mutations du ter­ritoire municipal : de 1807 à 1997 (cartes) »).

 

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LES MUTATIONS DU TERRITOIRE MUNICIPAL DE 1807 À 199711

1845,      1 er juillet              Érection de la municipalité du canton de Stanfold; (Proclamation, 18 juin 1845, 8 Vict., chap. 40).

1848,      11 juillet               Érection canonique de la paroisse de Saint-Eusèbe.

1849,      9 janvier               Ouverture des registres.

1855,      19 avril                 Érection civile de la paroisse de Saint-Eusèbe-de-Stanfold; territoire comprenant tout le

                                         canton de Stanfold (Proclamation)

1855,      1 e' juillet              La municipalité du canton de Stanfold change son nom et son statut pour ceux de Municipalité de la paroisse de Saint-Eusèbe-de-Stanfold (Proclamation).

1857,      1 er janvier            Érection de la municipalité du village de Princeville; territoire détaché de la municipalité de la paroisse de Saint-Eusèbe-de-Stanfold (Proclamation, 31 octobre 1856) (18 Vict., chap. 100).

1870,      26 janvier            AMPUTATION du territoire de la paroisse de Saint-Eusèbe-de-Stanfold au profit de la paroisse de Sainte-Victoire-d'Arthabaska (D.C., 23 janvier 1867) (Proclamation).

1890,      2 avril                   AMPUTATION du territoire de la municipalité de la paroisse de Saint-Eusèbe-de-Stanfold au profit de la municipalité de la paroisse de Sainte-Victoire-d'Arthabaska (53 Vict., chap. 78).

1895,      12 janvier            AMPUTATION du territoire de la municipalité de la paroisse Saint-Eusèbe-de-Stanfold au profit de la municipalité de Somerset-Sud dans le comté de Mégantic (58 Vict., chap. 11).

1896,      23 mai                 AMPUTATION du territoire de la municipalité de la paroisse Saint-Eusèbe-de-Stanfold au profit de la municipalité de la paroisse de Saint-Rosaire (D.C., 23 octobre 1893 et Proclamation,14 mars 1894).

1901,   2 juillet                 AMPUTATION du territoire de la municipalité de Saint-Eusèbe-de-Stanfold au profit de la municipalité de la paroisse Sainte-Victoire-d'Arthabaska (D.C., 1 er octobre 1897, Proclamation, 6 décembre 1897, G.O., vol. 29, p. 2913) (G.O., vol. 33, p. 1576).

1903,   14 mai                  AMPUTATION du territoire de la paroisse de Saint-Eusèbe-de-Stanfold au profit de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes dans le comté de Mégantic (G.O., vol. 35, p. 980).

[Ce territoire annexé à des fins municipales à Somerset-Sud en 1895 est passé à la municipalité Notre-Dame-de-Lourdes le 7 octobre 1897 (G.O., vol. 29, p. 2418).

11      Le présent tableau reprend, jusqu'en 1969, les données publiées par les historiens Jean Roy et Daniel Robert, Le diocèse de Nicolet, populations et territoires 1851-1991, Trois-Rivières, Centre d'études québécoises, Université du Québec à Trois-Rivières, 1993, p. 87 Nous avons complété celui-ci avec les informations relatives aux annexions qui ont suivi.

 

 

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1963, 1 er janvier              AMPUTATION du territoire de la municipalité de Saint-Eusèbe-de-Stanfold au profit de la municipalité du village de Princeville (29 décembre 1962).

1964, 29 août                   La municipalité du village de Princeville change son statut pour celui de ville de Princeville.

1969, 16 août                 La municipalité de la paroisse Saint-Eusèbe-de-Stanfold change son nom pour celui de municipalité de la paroisse de Princeville.

1972, 23 septembre   AMPUTATION du territoire de la municipalité de la paroisse de Princeville au profit de la ville de Princeville.

1973, 29 décembre    AMPUTATION du territoire de la municipalité de la paroisse de Princeville au profit de la ville de Princeville.

1986, 19 juillet             AMPUTATION du territoire de la municipalité de la paroisse de Princeville au profit de la ville de Princeville.

1995, 4 mars               AMPUTATION du territoire de la municipalité de la paroisse de Princeville au profit de la ville de Princeville.

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La législation

Résumée brièvement, la législation est le pouvoir de prendre des décisions, d'adopter des lois et de fixer des règles; c'est ce qui légitime les actes que vous posez. Par exemple, n'importe qui ne peut pas décider de n'importe quoi pour la municipa­lité. II faut des gens autorisés à le faire, en l'occurrence un con­seil municipal.

À ce titre, nous parlerons donc dans les pages qui vont suivre de tout ce qui entoure la mise en place de ce dernier, c'est-à­dire : de la nomination des premiers conseils, des premiers élus de l'endroit, des procédures d'élections, du droit de vote et de son exercice, du lieu et de l'heure des séances, des sujets débattus, du salaire des élus et de quelques autres sujets encore.

Avant, nous dirons un mot sur la « Municipalité de comté de Drummond » et sur le « conseil municipal de la division numéro deux du comté de Drummond » au sein desquels la population du canton a eu ses premiers représentants. En fait, juste avant que n'entre en force le régime municipal de 1855, ce sont ces conseils qui s'occupaient de la gestion du territoire.

Le conseil de la municipalité de comté de Drummond Comme nous venons de le voir, avant 1855, le régime muni­cipal, n'existait pas. La loi de 1845 avait mis en place quelque 322 municipalités, dont celle du canton de Stanfold, mais celles-ci furent supprimées par la loi de 1847.

Ce jour-là, nous ne sommes cependant pas passés de tout à rien. Ainsi, pour remplacer les 322 municipalités qu'il abolissait, le gouvernement érigea 46 municipalités de comté. Celles-ci couvraient de très larges territoires et prévoyaient la formation d'un conseil composé de deux con­seillers par paroisse ou township, élus pour une durée de deux ans. Ce faisant, Stanfold a alors été rattachée à la « municipalité de comté de Drummond » au même titre que Saint-Christophe, Warwick, Kingsey, Wotton, Bulstrode et quelques autres encore.

Nous n'avons pas trouvé de trace des procès-verbaux dudit conseil. Par conséquent, il est difficile de dire ce qui s'est passé. En 1852 les choses se précisent. La municipalité de comté de Drummond est divisée en districts. Du coup, Stanfold est rattaché au « conseil municipal de la division numéro deux du comté de Drummond » dont on met en place le conseil le 11 octobre 1852. Essentiellement, celui-ci gérait l'ouverture et l'entretien de chemins dans et entre les parois­ses. II s'occupait également de passer les règlements relatifs à l'octroi de licence de commerces et de vente d'alcool. Le « conseil municipal de la division numéro deux du comté de Drummond » regroupait, entre autres, les cantons de Stanfold, Warwick, Chester, Ham-Nord et Arthabaska.

À la première séance, où chacun des cantons est représen­té par deux conseillers (Louis Richard et Pierre Prince pour Stanfold), on procède à la nomination du grand voyer (Urgèle Médéric Poisson), du secrétaire-trésorier (François­Xavier Pratte) de même qu'à celle des sous-voyers, des inspecteurs de clôture et des gardiens d'enclos. Mises à part ces résolutions, on demande au gouvernement la rétroces­sion des chemins et ponts et l'on retient Arthabaska comme chef-lieu dudit conseil. Philippe-Napoléon Pacaud est, en outre, nommé maire d’Arthabaska.

Proclamation de la municipalité de la paroisse de Saint-­Eusèbe-de-Stanfold

En 1855, l'Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada abolit ce système n'existe que des municipalités de comté et donne naissance à un système mixte : municipa­lités locales et municipalités de comté. Du coup, plus de 400 municipalités sont érigées par proclamation. Stanfold est du nombre.

 

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Comme nous venons tout juste de le mentionner, l'Acte des municipalités met aussi en place de nouvelles municipalités de comté. C'est ainsi qu'est érigée la « Municipalité de comté d'Arthabaska », qui siégera pour la première fois le 10 octobre 1855 et qui réunit alors les représentants de Saint-Christophe, Saint-Norbert, Warwick, Tingwick, Chester, Bulstrode, Stanfold, Blandford et Aston.

La première élection du conseil de la municipalité de paroisse

Puisqu'il n'y a pas d'autres structures en place, et tel que le prévoit l'Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada, c'est le registrateur du comté de Drummond, en l'occur­rence Edouard Coy, qui verra à mettre sur pied les nouvelles

 

Emblèmes et gentilés

 

Dessinées par le Collège canadien des armoiries, les armoiries de Princeville ont été adoptées en juillet 1956.

                Voici l'explication qu'on en donne.

CEV't                                 Les abeilles représentent le labeur des pionniers, leur vie pénible et laborieuse. L'anille de              moulin,  qui

en 1956.                               charge le quartier 2, représente l'industrie du bois. La roue dentée illus­tre les industries autres. La gerbe de blé représente l'agriculture sur le terri­toire et dans la région. La croix témoigne de la foi de la population et les fleurs de lys, de son origine française. Enfin, les feuilles d'érable placent Princeville au Canada et, plus particulièrement, au centre du pays de l'érable. Pour ce qui est de la devise droit et loyal, son but est d'inciter la population à rester droite dans l'adver­sité et loyale dans ses principes.

Adopté en octobre 1988, l'emblème de la municipalité de la paroisse de Princeville illustre égale­ment diverses

c a r a c t é r i stiques.         Ainsi, le triangle de base représente l'hospitalité de la po­pulation et celui placé en premier plan, la forêt qui couvre le territoire. L'érable fait référence au sirop du même arbre, les gerbes de blé et d'avoine à la pro­duction céréalière et les sillons à la production maraîchère. La produc­tion laitière, quant à elle, est représentée par les silos et la grange. Enfin, la montagne illustre les Appalaches que l'on voit à l'horizon de Princeville paroisse et la fleur de lys, l'appartenance de la municipalité au Québec. En 1992, Princeville se

donnait une image davantage fidèle aux nouvelles réalités. Du coup, adop­tant des lignes plus modernes, le nou­vel emblème de la municipalité aban­donne la représentation agricole pour donner toute la place à la vocation industrielle et résidentielle de la muni­cipalité.

Gentilés et armoiries

U n gentilé est le nom désignant la po­pulation d'un territoire donné.

À la séance de février 1986, le conseil de Princeville adoptait les gentilés « Princevillois et Princevil­loises » pour les habitants de son territoire. Peu de temps après (2 juin 1986), le conseil de Paroisse adoptait, lui, ceux de « Princiliens et Prin­ciliennes » e.

 

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municipalités, et ce tant du côté de la municipalité de comté que du côté de la municipalité de Stanfold. Malheureusement, nous n'avons repéré aucun document relatif à la mise en place du conseil de Saint-Eusèbe-de­Stanfold, ni en matière d'élection des conseillers ni en ter­mes de date où l'on aurait procédé. Tout ce qu'on a trou­vé, en fait, nous l'avons repéré au procès-verbal de la pre­mière réunion de la municipalité de comté d'Arthabaska, tenue le 10 octobre 1855, alors que le nom de Louis Richard apparaît au nombre des membres dudit conseil à titre de maire.

La première élection à Princeville

Dans le cas de Princeville, l'organisation de la première élec­tion du conseil a été assurée par la municipalité du comté d'Arthabaska et son préfet, Adolphus Stein. Le préfet Stein remplaçait, en fait, le registrateur du comté depuis la mise en place du conseil de comté d'Arthabaska en octobre 1855.

La séparation du village et de la campagne

L'érection du village arrive quand des propriétaires concernés déposent (11 juin 1856) une requête au conseil de comté dans laquelle ils demandent qu'une partie de la paroisse Saint­Eusèbe soit érigée en village. Le représentant de Stanfold, Louis Richard, s'est alors fermement opposé sauf que la loi obligeait le conseil à déléguer le surintendant pour faire rap­port. À la suite de ce dernier (11 septembre 1856), l'érection du village était résolue.

Comme dans le cas de la Paroisse, nous n'avons repéré aucun document relatant le déroulement de ladite élection.

Les premiers procès-verbaux de la municipalité de paroisse

Le volume numéro un des procès-verbaux de la municipalité de paroisse débute en 1858. On y note que les élus sont : Théophile Girouard, maire, Évangéliste Fréchette, François

 

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Fafard, Pierre Proulx, Norbert Picard, François Roux et Ludger Sylvestre. Le hic, c'est que la municipalité est érigée depuis le 1er juillet 1855. En outre, s'il faut en croire les références que l'on retrouve avant 1858 dans le Répertoire des chemins, 1856, il y a effec­tivement un conseil qui siège avant 1858 :

En conformité du con­seil municipal de la susdite paroisse pas­sée à une séance générale et mensuelle, tenue lundi le sixième jour d'avril dernier conformément aux dispositions de l'Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada 1.

Toujours à partir du Répertoire des chemins, nous avons pu identifier le maire de l'époque, Théophile Girouard, et les conseillers Benjamin Brunelle, Pierre Prince et François Levasseur.

Les premiers procès-verbaux du village

Du côté du village, les choses sont plus simples puisque les procès-verbaux sont visibles à partir du début. Ainsi le premier conseil élu se composait des personnes suivantes : Louis Richard, maire, Urgèle Médéric Poisson, Raphaël Richard, Eugène Brunelle, Norbert Derouin, Pierre Richard et Charles Prince.

Quelques-uns de ceux-ci étaient sans doute de nouveaux venus en organisation municipale. Ce n'était cependant pas le cas pour tous. Louis Richard et Pierre Prince avaient siégé, comme nous l'avons vu, au Conseil municipal de la division numéro 2 du comté de Drummond. Pour sa part, Urgèle Médéric Poisson, médecin de profession, avait également agi pour ledit conseil à titre de grand voyer et de surintendant spécial.

Le maire est élu par les conseillers

Au début, la population n'élisait que les conseillers (au nombre de sept). Une fois élus, ces derniers proclamaient annuelle­ment « maire » l'un d'entre eux. L'adoption d'un nouveau Code municipal en 1916 va changer cette pratique. Désormais, ce sera la population qui élira le maire. Le premier maire élu par la population dans la paroisse a été Philias Sylvain. Au village, cet honneur revient à Roméo Thibodeau.

Fréquence des élections

À l'origine du système municipal, les élections se tenaient en janvier, une fois aux deux ans. Tous les conseillers devaient alors revenir en élection. Le Code municipal de 1870 révisera complètement cette façon de faire. Dès lors, les conseillers viennent en élection successivement d'année en année et sont élus pour des mandats de trois ans. Pour enclencher le processus, on procède par tirage au sort afin de savoir qui seront les premiers sortants de charge. Au village, le sort désigne Joseph Brissette et François Morin lors de la séance du 2 décembre 1872.

La durée du mandat sera une nouvelle fois modifiée en 1916 avec l'adoption du nouveau Code municipal. Du coup, elle passe de trois ans à deux ans. En 1969, au village, nouvelle modification : le mandat s'allonge à nouveau sur trois ans.

Aujourd'hui, tant dans la ville que dans la paroisse, la durée des mandats est de quatre ans. Au conseil municipal de Princeville, tous les élus viennent en élection une fois aux qua­tre ans. Dans la municipalité de paroisse, depuis 1987 (règle­ment n° 195), la moitié du conseil vient en élection une fois aux deux ans.

La date des élections a également varié. On a ainsi procédé en janvier jusqu'en 1965 au village et jusqu'en 1969 dans la paroisse. Depuis ces dates, dans les deux cas, les élections se tiennent en novembre.

1        Répertoire des chemins, Stanfold, 1856-1881, procès-verbal du 19 avril 1857.

P.43    La section Pierre Prince a été déplacé dans ‘Les familles’

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Élection à haute voix et scrutin secret

Au fil des années, la procédure d'élection présente aussi des particularités. D'abord, à l'origine, les mises en candidature se faisaient au même moment que les élections (AMCBC,1855; CM,1870). L'élection elle-même se passait à haute voix. On signifiait alors son vote au président d'élection (le secrétaire­trésorier) qui l'enregistrait par écrit en indiquant le nom de l'électeur et le ou les candidats favorisés.

La votation pouvait s'étendre sur deux jours. Toutefois, elle prenait fin s'il s'écoulait plus d'une heure sans que ne soit don­née de voix. Par contre, si elle se prolongeait au lendemain, à la fin de la première journée le président d'élection livrait les résultats de la journée (AMCBC,1855).

L'application du Code municipal de 1916 va séparer la période de mise en nomination et la votation. En outre, elle va resserrer cette dernière en une seule journée. Le code de 1916 introduit égale­ment la possibilité d'un scrutin secret. Le conseil du village saisira immédiatement cette possibilité (PVM, 7 mai 1917) alors que celui de la paroisse attendra jusqu'en 1923 (PVM, 12 mars 1923).

Numérotation des sièges

Par ailleurs, la numérotation des sièges n'a pas toujours eu cours. Dans le cas du village, elle entre en vigueur à la suite d'une décision du conseil prise le 5 avril 1937. Pratiquement un an plus tard (2 mai 1938), c'est au tour de la paroisse de procéder.

Droit de vote

Au début, c'est-à-dire en 1855, le droit de vote était exclusive-

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ment réservé aux hommes, propriétaires, en leur nom person­nel ou au nom de leur femme, et aux locataires. En 1916, le nouveau Code municipal ajoute à cette liste : les filles et les veuves propriétaires de même que les fils travaillant sur la ferme paternelle. Fait à souligner, les femmes mariées pro­priétaires restent exclues. II en sera ainsi jusqu'en 1941.

Voici, du reste, selon Alain Baccigalupo 2, auteur de Les admi­nistrations municipales québécoises, comment a évolué le droit de vote depuis 1968 :

Avant la réforme de 1968, seul le propriétaire immo­bilier « de sexe masculin ou féminin depuis 1941 », ses enfants majeurs quel que soit là encore leur sexe, et le locataire « à ferme ou à loyer », à condition que cer­taines normes légales relatives à la valeur de ces biens immobiliers soient rencontrées, avaient le droit de vote aux élections municipales. [...] ce qui reve­nait, en fait, à circonscrire le droit de vote à une petite minorité de privilégiés [...]. II fallut attendre la loi du 18 décembre 1968 pour voir corriger cette injustice et donner un contenu universel au concept [...] . L'article 243 modifié de la loi de 1968 (CM-titre IX - Des électeurs) indique dorénavant qu'à condition d'être domicilié dans la municipalité depuis au moins douze mois, avant le jour du scrutin : Tout individu a droit de voter [...] s'il est inscrit comme propriétaire ou locataire [...]. II en est de même pour la Loi des cités et villes (art. 128a) : « Toute personne physique... a droit d'être inscrite sur la liste électorale :

     a) si elle est domiciliée dans la municipalité depuis au moins douze mois avant la date du scrutin [...]. (Loi de 1968, c.55, a. 42; Loi de 1974, c. 55, a.4).

Cela dit, au cours de 1978, la loi 105 (provinciale) restreint ce droit aux personnes physiques seulement excluant, du coup, les per­sonnes morales, les corporations et les sociétés commerciales. L'obligation d'être maire ou conseiller

La mise en place du régime municipal avec toutes ses lois et

ses obligations ne faisait pas l'unanimité, nous en avons pris connaissance un peu plus haut. Plusieurs en parlaient en ter­mes de «  machine à taxer » alors que d'autres déploraient les ambiguïtés de la loi. Pour tout dire, celle-ci n'avait pas la faveur populaire ce qui, par conséquent, n'encourageait pas l'engagement des contribuables, plutôt froids à l'idée de revendiquer un poste de conseiller ou de maire. Est-ce pour contrer ce désintéressement qui aurait pu perturber la mise en place de tout le système, toujours est-il que l'Acte des munici­palités a dès le départ prévu des amendes pour ceux qui refuseraient, après avoir été désignés par leurs contribuables, d'assumer la charge :

Toute personne qui étant élue ou nommée à quelqu'une des charges mentionnées dans la liste suivante [préfet, maire, conseiller] refusera ou négli­gera d'accepter telle charge ou d'en remplir les devoirs durant toute partie du temps pour lequel elle aura été ainsi élue ou nommée, encourra la pénalité mentionnée dans ladite liste. (AMCBC, art. LXXXVI).

À quelques endroits, dans l'histoire des deux municipalités, on a dû recourir à cet article de la loi. Par exemple, quand Georges-Jérémie Pacaud informe le conseil le 16 avril 1858 qu'il refuse le poste de conseiller, le conseil lui impose la pénalité prévue soit 5 louis (environ 20 $) - M. Pacaud revint sur sa décision et accepta le poste. À la session suivante, on le nomma maire -.

Multiplication des demandes de résignation

Ce manque d'engouement pour la gestion municipale n'a pas été sans effet sur le taux de roulement des élus de même que sur le quorum lors des assemblées. Ainsi, au cours des pre­mières années, il était fréquent que le conseil prenne en con­sidération des demandes de résignation, parfois jusqu'à trois, dans la même année (1875, au conseil du village), chacun des individus visés trouvant sa raison pour être dispensé d'agir.

Quant au quorum (nombre minimum de conseillers pour tenir

2     Alain Baccigalupo, Les administrations municipales québécoises des origines à nos jours, Montréal, Éditions Agence d'Arc inc., 1984, pp. 185 à 191.

 

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une assemblée), disons qu'au début on ne compte pas les séances qu'on doit remettre parce qu'on ne l'atteint pas. Au conseil du village, par exemple, on constate à l'intérieur d'un peu plus d'un mois (juillet 1862) quatre ajournements provo­qués par manque de quorum.

Lieux des séances

Au début, tant du côté de la paroisse que du côté du village, les séances se déroulent généralement à la maison du secré­taire-trésorier de la municipalité. II est également arrivé qu'on se réunisse à « la maison d'école » bien que ce soit là l'excep­tion, comme à la fin de 1870.

En 1882 les choses vont changer. Le conseil du village a fait construire « le marché 3 » qu'on désignera éventuellement sous le nom d'« hôtel de ville » et en haut duquel une salle est aménagée. C'est dans celle-ci que se tiendront désormais partir de juin 1882) les assemblées du conseil du village. II en sera de même pour les séances du conseil de la paroisse, qui louera ladite salle à partir de l'été de 1883.

Au début de 1931, pour la durée de construction du nouvel hôtel de ville, on se déplace au sous-sol de l'église. Au cours de l'été, on emménage (3 août 1931) dans le nouvel édifice municipal. À partir d'ici, le conseil du village ne connaîtra plus qu'un seul autre déménagement, soit le 7 novembre 1963, quand il emménage cette fois dans le troisième et dernier hôtel de ville construit à ce jour.

II en sera autrement du côté de la paroisse. En jan­vier 1957, le conseil de la paroisse quitte l'hôtel de ville de Princeville pour la salle paroissiale et, en janvier 1966, cette dernière pour la salle Dupré. En 1972, on revient à la salle du conseil de Princeville jusqu'en 1985, année l'on retourne à la salle Dupré. Enfin, depuis la construction du centre administratif de la paroisse (été 1988), les séances s'y sont transportées.

Heure et jour des séances

Ce qu'il faut savoir au chapitre du calendrier des séances est que celui-ci a été maintes fois modifié. Ainsi, au conseil de la paroisse les assemblées ont longtemps été convoquées en après-midi entre 13h et 14h30. À une certaine époque (1905) également, il n'y avait que six séances régulières par année.

Au village, les assemblées se sont tenues en soirée selon un horaire variant de 18h, en 1898, par exemple, à 20h30 à la fin des années 1950. Par ailleurs, en 1859 le conseil convenait de quatre assemblées régulières dans l'année. Détail intéressant, dans les années 1920, on avait arrêté une durée déterminée pour les séances, en l'occurrence une heure.

Pouvoirs et responsabilités

Avant toute chose, les deux conseils municipaux se sont occupés de construction et d'entretien de chemins, sujets qui acca­paraient, du reste, l'essentiel des discussions de l'époque. II n'y

3   Avant de parler d’ hôtel de ville  , on a parlé de « marché » . C'est que « la culture municipale»  a mis du temps à s'imposer. Ce qui explique que la salle où se réunissaient les conseils

Municipaux (village et paroisse) a longtemps désigné sous le nom de «salle du marché».

 

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a pas à s'en étonner : les besoins en matière de voirie ont pesé lourd dans la balance au moment d'ériger le système municipal. Pour la paroisse, il en a été ainsi jusqu'au début des années 1960 alors que la protection contre l'incendie, après avoir été traitée avec plus ou moins de rigueur, commence à devenir une véritable préoccupation, suivie des loisirs (fin des années 1960) et de l'hygiène du milieu (fin des années 1970). Depuis, l'urbanisme a également rejoint le rang des priorités.

Au village, le scénario d'origine n'est guère différent : les chemins d'abord, puis la police et la protection contre l'incendie sur laquelle on se penche avec intérêt bien qu'on ne dote la municipalité d'une véritable organisation que dans les années 1940. Avec le temps s'ajouteront les dossiers égout et aqueduc (1943), la disposition des ordures (vers la même époque) et les loisirs. L'urbanisme (vers 1960) peut être considéré, mis à part l'assainissement des eaux et la récupération, comme la plus récente des responsabilités des deux municipalités.

À l'époque, d'autres sujets étaient également discutés : l'assis­tance publique, par exemple, l'éclairage des rues, les dons et souscriptions aux organismes, etc. En outre, annuellement, les conseils devaient aussi élire le maire, nommer les officiers municipaux (secrétaire-trésorier, inspecteurs de voirie, etc.), confectionner le rôle d'évaluation, la liste des jurés et la liste électorale, émettre, s'il y avait lieu, les permis pour commerces et hôtels et fixer le taux de taxe. Voilà, pour l'essentiel, les objets de discussion aux conseils de l'époque.

Des séances plutôt courtes

II reste qu'au début un seul sujet retenait véritablement l'at­tention : la construction et l'entretien de chemins. Aussi, comme il n'y avait pas toujours de requête à prendre en con­sidération, les séances des premières décennies étaient-elles généralement courtes. Qu'on en veuille pour exemple la séance de janvier 1908 où les seuls sujets traités ont été l'adoption des « procédés » (le procès-verbal) de la dernière

 

Les responsabilités disparues

Avec le temps, certaines respon­sabilités dévolues au conseil municipal se sont émoussées avant de disparaître totalement. Il est intéres­sant d'en souligner quelques-unes.

 

Apprentis et domestiques

Pour régler la conduite des apprentis, domestiques, engagés et journaliers dans la municipalité de même que celle des maîtres et maîtresses à l'égard de ces travailleurs, le conseil avait le pouvoir de passer divers règlements. Ces responsabilités, en fait, ne pré­paraient que les nombreuses disposi­tions liées au Code du travail en 1997.

 

Traverses

Pendant longtemps le conseil a statué sur les tarifs exigés pour les traverses. II faut dire qu'à ce moment la construc­tion des ponts n'étant pas simple, où la chose devenait trop difficile, on installait une traverse. La réglementa­tion de la municipalité empêchait les traversiers d'être trop gourmands à l'égard de leurs clients. La traverse de la rivière Bécancour, à Saint-Louis-de-­Blandford, est ainsi restée en opération jusqu'en mai 1911, après que l'on eut construit le pont de fer. Elle a longtemps été opérée par Georges Jacques puis Alfred Vézina.

 

Poids du pain

Les outils pour faire respecter les règlements d'hygiène de la province étant peu développés à ce moment; les municipalités étaient mises à con­tribution. À ce titre, elles devaient voir à ce que les boulangers se con­forment auxdits règlements concer­nant la fabrication (dont le poids était fixé à 12 onces et ses multiples), la conservation et la livraison du pain.

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réunion et l'adoption des modifications apportées au rôle d'évaluation. Mieux encore, pendant les séances d'octobre et de novembre de la même année, le contenu se résume à l'adoption du procès-verbal de la dernière séance, un point c'est tout. Une situation finalement qui changera au fur et à mesure que se grefferont les nouveaux services dispensés par la municipalité.

Un constable pour maintenir l'ordre lors des séances

Ça ne suppose pas que les séances du début étaient sans histoire. Certains témoignages laissent plutôt croire que par moments elles pouvaient être fort animées. La nomi­nation fréquente, par exemple, d'un constable chargé d'y faire régner l'ordre ou cette résolution du conseil du vil­lage (4 avril 1898) ordonnant aux gens de rester assis ou cette autre (9 février 1911) demandant que « des barres de fer » soient posées en avant de la table du conseil en guise de « garde du corps » laissent clairement voir que les assemblées pouvaient donner lieu à des débats passable­ment houleux. Rien de précis n'a toutefois été observé en ce sens.

Salaire des élus

La rémunération des postes de conseillers et de maire s'en­clenche dans le cas du conseil de ville à la suite de l'adoption du règlement no 225 (1er octobre 1964). On parle alors d'un salaire mensuel de 120 $ pour le maire et de 60 $ pour chacun des con­seillers. Au conseil de la paroisse, l'adoption d'une rémunération intervient à la séance du 3 mars 1969 quand on vote un salaire annuel de 406 $ pour le maire et de 135 $ pour chacun des con­seillers. Évidemment, depuis, ces salaires ont été revus plusieurs fois à la hausse.

En 1988, par ailleurs, la Ville de Princeville adhérait au régime de retraite constitué par la Loi sur le régime de retraite des élus municipaux. Dernier détail, à sa séance du 4 mai 1992, le con­seil de la ville, toujours, autorisait l'émission d'une carte de crédit à l'intention du maire.

 

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L'assistance publique

 La consultation des archives municipales permet de découvrir que pendant un certain nombre d'années les municipalités de Princeville et de Princeville paroisse ont eu à verser des contributions pour venir en aide aux démunis et aux malades indigents, c'est-à-dire sans ressources. En fait, cette situation était le lot de toutes les municipalités du Québec qui, avant la prise en charge pleine et entière de l'assistance par le gouvernement, au début des années soixante, devaient assumer une partie des frais.

Pour bien comprendre ce qu'il en était, il importe d'abord de distinguer dès maintenant deux clientèles de bénéfi­ciaires : les «  pauvres » et les « malades indigents » qui incluent les aliénés.

Dans le premier cas, c'est-à-dire pour les « pauvres » , la municipalité n'avait aucune obligation en tant que telle. Elle avait le choix de prêter assistance ou non. Évidemment, en 1997, alors que nous connaissons les prestations d'aide sociale, la chose peut sembler sans conséquence. Tel n'était pas le cas à l'époque. Pour obtenir un quel­conque secours, les démunis n'avaient d'autre alternative, en effet, que de se tourner vers les communautés religieuses, la Saint-Vincent-de-Paul ou, encore, vers les municipalités. Sauf que celles-ci et c'est précisément le cas du village de Princeville et de la municipalité de paroisse, sont également pauvres, ce qui fait qu'il est rare qu'elles consentent aux demandes qu'on leur adresse d'autant qu'elles craignent de « créer un précédent qui deviendrait une charge onéreuse pour la municipalité » (PVM, village, 2 ode bre 1905).

Elles le feront toutefois à l'occasion pour payer du bois, de la nourriture et des vêtements. Les dépenses de cette nature demeurent cependant peu significatives dans leur budget. Aussi, quand figure aux états financiers la mention « dépenses pour assistance publique », c'est de tout autre chose qu'il s'agit, en l'occurrence de dépenses entraînées pour le soutien aux indigents (orphelins entre autres), aux malades et aux vieillards indigents de la municipalité.

Les indigents 4, les malades et les aliénés

Si les municipalités avaient la liberté d'intervenir ou non pour prêter assis­tance aux pauvres, elles n'avaient pas le choix quand il s'agissait des orphe­lins, des malades et des vieillards indigents. Ainsi, depuis l'adoption de la Loi de l'assistance publique de Québec, en 1921, elles étaient tenues d'as­sumer une partie des frais relatifs à leur entretien.

L’aide à laquelle étaient alors tenues les municipalités représentait 33 % des coûts d'entretien du bénéficiaire dans les institutions d'assistance publique. À titre d'exemple, l'Hôtel­-Dieu d'Arthabaska qui accueillait un orphelinat et un foyer pour personnes âgées, était considéré à ce chapitre comme institution d'assistance publique. Il recevait sous son toit les orphelins de père et/ou de mère, les enfants des ménages séparés et les vieillards réduits à l'état de mendicité et donc incapables de subvenir à leurs besoins.

Cela dit, l'importance de cette dépense a varié selon les années. Ainsi « l'après­-crise » de 1929, que l'on ressentira jusqu'à la guerre, représente une pé­riode particulièrement éprouvante pour le village et la paroisse, alors largement mis à contribution. À titre d'exemple, en 1940 la dépense d'assis­tance publique représentait pour la municipalité de paroisse 32 % des dépenses totales. En fait, la situation était devenue à ce point critique que les deux municipalités ont jugé oppor­tun de resserrer l'accès au territoire pour les démunir pour cause, l'article 29 de la loi rend la municipalité responsable des indigents domiciliés sur son territoire depuis au moins six mois. Aussi, pour éviter d'assurer les frais d'indigents autres que les leurs, le village et la paroisse ont adopté un

4     Selon la définition même de la loi,  indigent signifie « toute personne hospitalisée dans un établissement reconnu d'assistance publique [...] et dans tout hospice, hôpital crèche sana­torium, refuge, institution de charité publique qui ne peut subvenir, ni directement, ni indirectement à mn entretien ». (Loi de l'assistance publique de Québec, sanctionnée le 19 mars 1921 ).

 

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règlement contrôlant indirectement l'accès de leur territoire :

Règlement prohibant à tout propriétaire ou occupant de terrain le droit de tolérer sur leur propriété des personnes étrangères indigentes qui pourraient devenir à la charge de cette municipalité... (PVM, village, 11, mai 1933).

En juillet 1949, le conseil du village allait plus loin encore et passait une résolution ordonnant « qu'une enquête soit menée sur chaque nou­veau locataire qui entre dans la municipalité afin de découvrir s'il s'agit d'insolvable ».

Bien entendu, toutes les demandes n'étaient pas acceptées d'emblée.

Le secrétaire-trésorier soumet la demande de W.C. au sujet de l'assistance publique pour sa petite fille laquelle et refusée. (PVM village, 7 décembre 1936),

Pour ce qui est de celles que l'on approuvait, on émettait à l'intéressé ce qu'on appelait « une carte d'assis­tance » :

Que Monsieur le maire soit autorisé de signer la carte d'assistance publique pour madame E. G. (PVM, village, 7 mai 1935.

Plus exactement, ces certificats pou­vaient être émis tant par la municipa­lité et les autorités religieuses que par le médecin, dans le cas d'un indigent malade. Il s'agissait en fait d'une reconnaissance de l’état d'indigence de l'individu qui lui donnait accès à une institution d'assistance publique. Du coup, quel que soit l'émetteur, les partenaires selon la loi (la municipalité, l'institution et le gouvemement) devaient chacun assumer le tiers des frais.

Mis à part les frais d'entretien des indi­gents, la municipalité devait également assumer une partie des frais relatifs, cette fois, aux aliénés. Il y avait deux classes d'aliénés : ceux admis dans les asiles comme patients publics et les aliénés venant des prisons en autant qu'ils aient été arrêtés dans les limites de la municipalité. Encore une fois, comme il s'agissait de dépenses sup­plémentaires, les conseils de la paroisse et du village demeuraient vi­gilants pour ne pas avoir à payer ce qui n'avait pas à lêtre :

Lecture d'une réclamation du Département du revenu con­tre cette municipalité au montant de 28,50$  [ ... ] pour pension à la prison com­mune   de ce district [ ... ] ce conseil n'a jamais eu connais­sance d'acte criminel, ni d'ar­restation dans cette munici­palité et ne connaît aucun de ces prisonniers [ ... ] à l'excep­tion de Ed Boulanger. (PVM, village, 4 novembre 1929).

Un dernier mot enfin sur l”assistance publique. Quand la municipalité était contrainte d'assumer certains frais, par exemple, quand un des partenaires au programme avait émis une « carte d'as­sistance publique », elle pouvait se faire rembourser à même les biens de la per­sonne concernée ou ceux des person­nes obligées à leur subsistance. Si nécessaire, elle pouvait procéder par voie d'action et d'exécution.

Une date capitale dans l'histoire de la législation sociale

En terminant et à titre d'information, mentionnons qu'en 1930 le gou­vernement du Québec créait « La commission d'assurances sociales de Québec » dont le mandat était d'étudier un système d'assurance sociale. Après maintes auditions publiques et un séjour en Europe, la Commission déposera, en 1933, un rapport sur la situation. Ce dernier « marquera une date capitale dans l'histoire de la lé­gislation sociale québécoise, car maintes mesures subséquentes vien­dront en droite ligne de ses recom­mandations » 5 .

 

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L'administration municipale

Le conseil décide des orientations que doit suivre la munici­palité. Ces décisions prises, il faut désormais les mettre à exé­cution et en assurer le suivi. C'est ici que l'on parle de l'admi­nistration municipale. Or, pour administrer, il faut des outils et c'est précisément ce dont il sera question dans le chapitre qui va suivre. Ce faisant, nous parlerons : des dépenses de la municipalité, des taxes qu'elle impose, de son personnel, de ses équipements et de ses immeubles.

1- On dépense d'abord, puis on taxe

En matière de dépenses, la plus grande différence entre hier et aujourd'hui est qu'à l'origine, on ne faisait pas de budget. En outre, les taxes imposées ne l'étaient pas pour des dépenses projetées mais plutôt pour des dépenses déjà réalisées. Autrement dit, on dépensait d'abord puis au bout de l'année, on faisait le compte de ce que ça avait coûté. C'est alors que l'on fixait les taxes dont le produit servait surtout à rembour­ser les emprunts contractés pour financer les dépenses qu'on avait faites en cours d'année. Cette façon de procéder s'est maintenue jusqu'au lendemain de la Deuxième Guerre mon­diale alors que la notion de budget fait son apparition.

L'ex-secrétaire du village, Monsieur André Cloutier, qui a implanté le nouveau système à son arrivée, en 1947, se rap­pelle que l'expérience a été éprouvante tant pour la popula­tion qui a eu à subir deux comptes de taxes en une seule année, que pour lui-même, alors perçu par cette même popu­lation comme le grand responsable de cet état de fait :

Avant d'implanter le budget, il a d'abord fallu fixer la taxe pour payer les dépenses qu'avait contractées la municipalité. Jusque-là pas de problème, les con­tribuables étaient habitués. Mais quand trois mois plus tard on a fixé la taxe pour les dépenses de l'an­née à venir, là ça a brassé. On m'a traité de tous les noms, on retirait l'argent de la caisse, j'étais gérant, pour qu'elle ferme et que « le petit maudit débarrasse ». J'ai même vu des gens cracher sur mon passage. Ça n'a pas été facile moralement. Mais j'ai tenu le coup et les choses se sont tassées.

Le fait est que c'est le conseil qui avait mandaté M. Cloutier. En outre, une fois la tâche complétée, les élus l'ont chaleureusement félicité « pour avoir mis de l'ordre dans les comptes de la municipalité.

L'adoption des états financiers tout comme celle du budget, l'adoption systématique des états financiers annuels n'é­tait pas chose courante au début. Par exemple, la pre­mière fois que le conseil de la paroisse a procédé de la sorte, c'était en janvier 1862 alors qu'il adoptait l'« état des recettes et dépenses pour la période débutant le 21 août 1855 et se terminant à la fin de 1861, soit pour une période de 77 mois. Mentionnons toutefois que le délai entre les adoptions n'a pas toujours eu cette importance. La plupart du temps celui-ci a varié de dix-huit à vingt-­cinq mois. Mais dans un cas comme dans l'autre, l'exercice restait simple : on passe simplement une résolution figurent parfois (ce n'est pas toujours le cas) la période couverte et les montants concernés. Quant à la liste des dépenses en tant que telles, nous n'en avons repéré aucune pour cette période.

 

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Cela dit, avant 1940 pour le village et 1950 pour la paroisse, le montant des dépenses municipales progresse peu et reste surtout fonction des travaux de construction et d'entretien des routes, des rues ou des trottoirs. Incidemment, on remarquera dans les tableaux précédents que l'administration, l'entretien des chemins et la gestion de la dette demeurent, pendant longtemps, les seuls postes budgétaires. L'effervescence de l'après-guerre modifiera ces données et entraînera la multipli­cation de ces postes.

La « machine à taxer »

Pour nombre de colons de 1855, l'érection du système muni­cipal n'était rien d'autre que la mise en place d'une « machine à taxer » . Le fait est que, sans le pouvoir de taxer, les élus ne peuvent décider de travaux ou de services à même d'amélio­rer le sort de la communauté. Bref, la taxation est au régime municipal ce qu'est la coque au navire. Aussi on ne s'étonnera pas qu'au rang des premiers règlements adoptés par les con­seils du village et de la paroisse, on note le règlement relatif à l'imposition de taxes. Voici, à cet effet, le type d'intitulé que l'on retrouvait alors : Règlement pour prélever une taxe de un centin et sept douzièmes de centin par chaque piastre de la valeur actuelle des propriétés imposables.

La publication dudit règlement se faisait sur le parvis de l'église. C'est ce que fit, par exemple, le secrétaire-trésorier du village, en août 1906. Ce dernier procédait deux dimanches d'affilée « à l'issue du service divin du matin » .

Le règlement en question précisait la taxe commune à tous pour « l'entretien du conseil », puis, il énumérait une série de taxes spéciales (taxes de secteur si l'on veut). Ce pouvait être des taxes relatives à l'ouverture ou à la réparation de chemin. Mais très souvent il s'agissait des taxes imposées pour l'entretien des chemins d'hiver qui, généralement, variaient d'un arrondissement à l'autre et même d'un rang à l'autre.

Le paiement s'effectuait d'habitude au bureau du secrétaire-­trésorier. Au village toutefois, la perception des taxes d'égout,

d'aqueduc et de vidanges a d'abord été faite à domicile. Du reste, il en a été ainsi jusqu'en 1963 (PVM, 4 février 1963).

Certains tardent à payer leur

Comme aujourd'hui, certains contribuables se laissaient tirer l'oreille avant de s'acquitter de leurs obligations. Même qu'à une certaine époque la chose était relativement courante. À titre d'exemple, une résolution passée au conseil de la paroisse le 6 août 1877 autorise le conseil à poursuivre pas moins de 68 contribuables. II n'était pas rare non plus que les procédures ail­lent jusqu'à la limite et que le délinquant perde ses biens à la suite d'une saisie. Dans ces cas-là, le montant n'était pas tou­jours mirobolant. Par exemple, le 3 novembre 1873, le conseil du village a fait saisir et vendre les biens d''Évariste L., qui habitait sur la rue Saint-François-Xavier. L'arriéré de ses taxes s'élevait alors à « dix piastres et quatre-vingt sept centins et demi ». Ce faisant, le conseil appliquait ce que lui prescrivait la loi. À l'occasion cependant, il lui arrivait de faire preuve d'indulgence. De fait, la même loi l'autorisait à des « remises de taxes u dans le cas de « pauvreté ». Cette situation est effectivement obser­vable au village comme à la paroisse.

Cela dit, le contribuable disposait de relativement peu de temps pour s'acquitter de son compte. Au début, il profitait de trente jours après la publication du rôle de perception. Après cette période si l'intéressé n'avait pas payé son dû, le secrétaire pouvait prélever « ladite cotisation avec dépens par saisie et vente u (CM, 1855, ch. LXXIV, art. 6). En 1870, ce délai fut rabattu à vingt jours, après quoi le secrétaire-tré­sorier donnait un dernier avis de quinze jours. II arrivait également que le secrétaire-trésorier soit mandaté par le conseil pour notifier aux retardataires le « dimanche, après la messe, de payer leur cotisation dans l'espace de huit jours e (PVM, 2 mai 1858).

 

 

La fabrique poursuivie

Fait cocasse, le conseil du village a même poursuivi, à la fin de 1897, le conseil de la Fabrique. Ici cependant, l'histoire est davantage une question d'individus que d'argent. En fait

 

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le curé Desaulniers, qui avait un tempérament bien à lui, refusait de payer les travaux d'entretien de son bout de chemin et de trottoir. La situation embarrassa à ce point les élus municipaux que ceux-ci durent demander l'intervention de l'évêque :

Votre Grandeur comprend mieux que nous tout ce qu'il y a de disgracieux pour un conseil et de scan­daleux pour une paroisse de voir à tout instant une fabrique poursuivie en recouvrement de comptes... Comptant Monseigneur sur votre esprit de concilia­tion, j'ose espérer que Votre Grandeur verra à ce que cette affaire soit réglée sans bruit et dans le plus court délai. (Lettre signée par Alphonse Bordeleau, secré­taire-trésorier de la municipalité, et adressée à l'évêque le 4 octobre 1897).

Monseigneur Elphège Gravel interviendra effectivement et favorisera le règlement souhaité.

Une dernière chose enfin relativement à la taxa­tion. L'imposition de taxes ne dispensait pas les contribuables des corvées de chemin dont nous ferons mention dans le chapitre relatif aux travaux de voirie.

Estimateur et rôle d'évaluation

Qui dit «taxation » pense évidemment à « rôle d'évaluation »  et à ceux chargés de les produire, les « estimateurs ». Au début, ces derniers étaient nommés annuellement tant au village que dans la paroisse parmi les contribuables. Pour être estimateur, il suffisait de posséder en son nom ou au nom de son épouse, des biens-fonds d'une valeur minimale fixée selon le Code municipal en force. Par exemple, en 1870, ces biens devaient être évalués à au moins 400 $. II importait peu de savoir écrire puisque l'estimateur pouvait recourir aux services d'un « écrivain» . À partir de 1916, la durée du mandat de l'évaluateur variera. Ainsi à cette date, sa nomination est faite pour une période de trois ans. À la fin des années 1930, on parle plutôt d'un mandat de deux ans comme le précise le Code du maire 10 de 1937.

Chacun évaluait au mieux de ses connaissances sans vraiment pouvoir s'en remettre à un barème précis. Les choses vont changer au village en 1958 et en 1963 dans la paroisse. On adopte alors l'évaluation scientifique. Du coup, les estima­teurs démissionnent et les conseils municipaux s'en remettent à des firmes spécialisées. À Princeville, le premier rôle du genre sera compilé par Armand Saint-Pierre, Denis Saint-Pierre et Émile Goulet, ingénieurs, pour un montant de 6 750 $. « Fagny et Gosselin » obtiendront le contrat de la paroisse pour 18000$.

Toutes sortes de taxes

Mise à part la taxe générale, bien d'autres taxes ont été imposées sur le territoire de Princeville et de Princeville paroisse.

10 P. A. Juneau, Code du maire et des conseillers municipaux, Québec, Les Éditions municipales enregistrées, 1937, p. 153.

 

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On n'a qu'à penser à la taxe d'amusement, la taxe de vente, la taxe de locataire, la « taxe de bienvenue et la taxe d'affaires dont nous allons maintenant parler.

La taxe d'amusement a été adoptée dans le cadre de la Loi imposant des droits d'entrée sur les personnes qui assistent à cer­tains divertissements. Ladite loi cherchait en fait à générer des fonds pour venir en aide aux municipalités qui devaient con­tribuer à l'assistance publique et soutenir les indigents. Bien que celle-ci ait été adoptée en 1925, il faut attendre en 1953 avant que la Ville n'y ait recours. Dans la paroisse, le règle­ment décrétant la taxe d'amusement fut adopté à la fin des années 1960.

André Cloutier, premier percepteur pour la ville (il touchait 10 % de la part municipale), se rappelle que le contrôle n'était pas simple et qu'il fallait souvent s'assurer que les proprié­taires ou locataires de salle voient à ne pas oublier de billets dans leur décompte. Pour ce, il s'adonnait à des contrôles impromptus. Ainsi, il demandait à sa secrétaire de se rendre au théâtre dès l'ouverture et d'acheter un billet (ceux-ci étaient numérotés). Lui arrivait plutôt vers la fin en demandant tout de même un billet. Une fois dans la salle, il comptait le nom­bre de personnes présentes. Le lendemain, il mesurait l'écart entre son billet et celui de sa secrétaire et comparait celui-ci avec le nombre de personnes qu'il avait dénombrées dans le cinéma. Normalement, les deux chiffres devaient balancer. Sauf, toujours selon Monsieur Cloutier, qu'il était rare que ça se produise. La taxe d'amusement est disparue après 1980.

La taxe de vente arrive peu de temps après la taxe d'amuse­ment, soit en 1955 (règlement n° 192, ville) à la suite de l'adop­tion d'une loi spéciale passée par la législature de Québec le 22 février 1955. Elle n'a rien de simple, contrairement aux apparences : la municipalité touche 2 % de la taxe de vente des produits achetés par ses contribuables.

Le problème, c'est que lesdits contribuables n'achètent pas tous leurs biens dans les limites de Princeville. II y a ceux qui font leurs achats dans la région, à Victoriaville et à Arthabaska, par exemple, et ceux qui vont plus loin encore, comme à Montréal et à Québec. Les deux cas sont traités dif­féremment. Les gens qui vont à l'extérieur de la région doivent déclarer leurs achats à leur retour, ce qui n'a rien d'évident.

Par contre, pour solutionner le problème des achats faits en région, le gouvernement permet aux municipalités de s'enten­dre entre elles. En pareil cas, elles autorisent le ministère des Finances à percevoir ladite taxe sur l'ensemble de leur terri­toire et à en remettre le produit à la mandataire du groupe qui voit au partage selon un calcul pré-établi.

Dans cet ordre, Princeville et Princeville paroisse se sont donc entendues, entre autres, avec Victoriaville (ville mandataire), Arthabaska et Warwick. Jamais cependant elles n'ont été sa­tisfaites du partage établi. La taxe de vente sera abolie avec la réforme de 1980 non sans avoir connu des modifications quant à son mode de répartition qui considéra, pendant une certaine époque, la perception locale, la perception régionale et la perception provinciale.

Une autre taxe qui disparaît également avec la réforme de 1980 est la taxe de locataire, perçue dès 1966 à Princeville et à compter de 1969 dans la paroisse. La taxe de locataire est loin d'avoir fait l'unanimité. De tout temps, elle fut considérée comme injuste à l'égard du locataire qui était alors chargé d'une taxe supplémentaire si l'on considère qu'il défrayait déjà la majeure partie de l'impôt foncier par le truchement de son loyer.

Autre taxe appliquée au fil du temps : la taxe d'affaires, décrétée en 1980 à la suite de l'adoption du règlement n° 346. Brièvement, la taxe d'affaires peut être considérée comme une taxe servant à défrayer les dépenses occasionnées par la présence des entreprises auxquelles elle est imposée. En 1997, la taxe d'affaires a toujours cours.

Enfin, on ne saurait conclure sans parler de la « taxe de bien­venue ». Dans les faits, il s'agit d'un droit imposé par les municipalités sur les mutations immobilières. Comme celui-ci touche ceux et celles qui prennent possession d'un immeuble

 

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existant, on a vite profité du jeu de mots qu'offrait le nom du ministre responsable de l'époque, Jean Bienvenue, pour le qualifier de « taxe de bienvenue ». Celle-ci fut appliquée à Princeville de 1976 à 1986 (année l'on abrogea le règle­ment n° 319). Elle est de nouveau en application depuis 1991, année cette fois, où la réforme Ryan la rend obligatoire dans toutes les municipalités.

D'autres sources de revenus

Parmi les autres sources de revenus dont ont pu disposer Princeville et Princeville paroisse depuis leur fondation, on note l'émission de permis et de licences de toutes sortes, et ce, depuis les tout débuts.

Les emprunts

Évidemment, la possibilité de prélever des taxes ne fournissait pas nécessairement toutes les liquidités nécessaires. Aussi, les deux municipalités devaient-elles régulièrement emprunter. Au fil des ans, elles l'ont fait de différentes façons. Elles ont ainsi contracté des emprunts dans le cadre de l'Acte pour établir un fonds consolidé d'emprunt municipal (18 Vict., c.13). Le plus souvent cependant elles empruntaient de la banque, de la caisse ou de particuliers :

Que vu qu'il est nécessaire que ce conseil emprunte une somme de deux cents piastres pour réparer le Grand Chemin provincial d'Arthabaska, il soit résolu que les conseillers donnent une obligation person­nelle pour ladite somme de deux cents piastres en faveur de Henry Voyer, écuier [sic], qui prête cette somme mais que cette municipalité soit responsable envers les conseillers. (PVM, paroisse, 4 juin 1877).

Avant 1916 (adoption d'un nouveau Code municipal), il n'était pas requis d'adopter un règlement d'emprunt. La municipalité pouvait emprunter sur simple résolution sans soumettre sa décision à la population. Les modifications entraînées par le nouveau code (art. 758) allaient toutefois forcer l'adoption de règlements en bonne et due forme. Le premier règlement

adopté à ce titre par le conseil de Princeville remonte au 5 novembre 1917. À ce moment, le village choisissait d'em­prunter la somme de 10 000 $ pour justement régulariser les emprunts antérieurs pour lesquels il demeurait redevable. Le conseil de la paroisse fit de même en adoptant pour sa part le règlement n° 61 qui totalisait une somme de 6 500 $.

Les vérificateurs

Pour terminer cette partie sur les revenus et dépenses des municipalités, un mot sur la vérification des livres. Princeville paroisse et la Ville de Princeville commencent à recourir de façon presque systématique à des firmes spécialisées à partir de la fin des années 1920. Parmi les premières : J.S. Filion ET Fils (comptables-auditeurs publics, Victoriaville), J.H. Matte (comptable-vérificateur, Victoriaville) et Victor Paul (comptable agréé, Victoriaville).

Auparavant, on pouvait tout aussi bien demander le vicaire (séance de la paroisse le 3 janvier 1927) que le notaire ou le commerçant du coin (Princeville, 18 janvier 1915, F.X. Poisson et Roméo Nadeau).

 

II- L'organisation logistique

Sous ce titre, nous re­grouperons les thèmes sui­vants, soit le personnel de la municipalité, ses équipe­ments et ses immeubles.

 

La municipalité et son personnel

Parler du personnel de la Ville de Princeville et de celui de la municipalité de paroisse, c'est d'abord et avant toute chose faire une place toute particulière au secrétaire-trésorier; remarquez qu'il en est ainsi pour l'ensemble des municipalités du Québec. Pendant longtemps en effet, toute l'administration

 

 

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de Princeville et de Princeville paroisse a tourné autour du secrétaire-trésorier quand celui-ci ne l'a pas, pour ainsi dire, dirigée.

Essentiellement, le secrétaire-trésorier a la garde de tous les livres, registres, rapports, procès-verbaux et autres documents appartenant à la municipalité. C'est lui également qui a pour mandat de percevoir les sommes dues et payables à la muni­cipalité et de tenir en bon ordre les livres de comptes. Enfin, c'est le secrétaire-trésorier qui, en plus de tenir le bureau municipal, agit à titre de greffier des juges de paix (qui font des procédures dans la municipalité) et lors de la votation.

Au début, ces différentes fonctions font que le poste n'est attribué qu'à des candidats en mesure de fournir une caution relativement importante. En 1930, par exemple, celle-ci s'éle­vait à 2000 $. L'idée était de préserver un tant soit peu les fonds de la municipalité et de les mettre à l'abri de la fraude ou de la négligence. Cette mesure n'était pas sans fondement. Du reste, l'une de nos deux municipalités, qu'il est inutile de préciser pour ne pas porter ombrage à qui que ce soit, a effec­tivement souffert d'une pareille situation.

À l'origine, le secrétaire-trésorier n'occupait pas le poste à temps plein et pouvait vaquer à d'autres occupations. Voilà pourquoi ce dernier est souvent un médecin, un notaire ou un commerçant. Georges Crête (1963-1968) a été le premier secrétaire-trésorier à plein temps à Princeville. Du côté de la paroisse, le titre revient à Lucien Boutin (1984-1985).

Toujours du côté de la paroisse, entre 1855 et 1996, neuf secrétaires-trésoriers se sont relayés (voir « Liste des maires et des secrétaires-trésoriers de la Paroisse de Princeville »). Parmi ceux-ci, il convient de souligner le nom de François-Xavier Pratte, pre­mier secrétaire-trésorier la campagne et du village, mais également premier secrétaire-trésorier du conseil municipal de la division numéro 2 du district de Drummond. Ernest Bélanger, pour sa part, semble avoir été particulièrement apprécié des élus de l'époque.

Au village, entre 1857, l'année de fondation, et 1996, 20 secrétaires-trésoriers se sont succédé (voir « Liste des maires et des secrétaires-trésoriers de la Ville de Princeville »). Cette fois les noms d'Alphonse Bordeleau (1885-1915) et d'André Cloutier (1947-1962) doivent retenir notre attention. Le premier pour la qualité de ses procès-verbaux et le second pour avoir été le premier secrétaire-trésorier certifié dans toute la région. Cela dit, la démission de M. Cloutier a été perçue par les élus de l'époque comme « une perte considérable ».

L'inspecteur des chemins, le gardien d'endos et les autres

 Mis à part le secrétaire-trésorier, qui étaient les employés de l'époque et quel était leur statut? D'entrée de jeu, disons que les employés de l'époque étaient engagés annuellement. Du reste, le mot « employés » est un bien grand mot si l'on considère, entre autres, qu'ils étaient payés seulement pour « l'ouvrage fait » et qu'ils ne détenaient surtout pas de statut permanent ou à temps plein. Cela dit, chaque année on procédait donc à la nomination des inspecteurs de chemins, des sous-voyers et des gardiens d'endos. Par la suite sont apparus l'inspecteur agraire et l'inspecteur des mauvaises herbes.

L'inspecteur des chemins, - alias l'inspecteur de voirie et l'ins­pecteur municipal - est, après le secrétaire-trésorier, l'officier municipal le plus souvent mis à contribution. II avait la charge de tous les chemins, ponts, trottoirs et cours d'eau. Une fois par mois, il devait parcourir et inspecter chacun des chemins de sa division et noter les travaux à y faire. À la suite de son inspection, il ordonnait aux sous-voyers (responsables de secteur) de procéder. À cet effet, il fournissait à ces derniers les noms de toutes les personnes sujettes aux corvées et les matériaux à fournir par chacun. Entre autres, il avait la garde des outils de la municipalité. Une dernière précision quant à l'inspecteur des chemins : celui-ci devait rendre compte au « surintendant de comté ». Ce dernier visitait deux fois l'an (été - hiver) ses divisions et faisait rapport à chacun des con­seils locaux de l'état des chemins de leur municipalité. Cela dit, comme les sous-voyers, les inspecteurs sont généralement payés à l'heure pour le temps qu'ils font et qui varie selon les travaux à réaliser.

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Au village, il n'y a toujours eu qu'un inspecteur de voirie. Du côté de la paroisse, on nommait autant d'inspecteurs qu'il y avait d'arrondissements ; il faut dire que le territoire à couvrir est autrement plus grand. En 1947, on atteignait apparem­ment un sommet avec 22 inspecteurs de voirie. Le poste d'inspecteur de voirie était-il un emploi convoité? Apparemment pas par tout le monde si l'on considère qu'il arrivait que la municipalité entame des poursuites contre cer­tains qui refusaient la responsabilité :

Que le secrétaire-trésorier soit autorisé à faire les démarches nécessaires pour procéder contre Gilbert Fournier nommé inspecteur et qui refuse de prêter serment. (PVM, village, 6 juin 1872).

En fait, la tâche n'était pas des plus payantes; en outre, celui qui l'exerçait s'exposait à des poursuites si le travail était négligé ou mal fait. Cette fois, donnons l'exemple de Charles Parent qui, à la suite de la séance du conseil de la paroisse, le 6 août 1877, se faisait poursuivre par ladite municipalité « pour sa négligence de faire réparer le Grand Chemin provincial d'Arthabaska ».

Tel qu'il a été noté plus haut, le sous-voyer était une sorte de contremaître de secteur. II devait notifier aux habitants visés par les travaux, surveiller et diriger ceux-ci, poursuivre les per­sonnes « obligées » qui ne s'y adonnaient pas et faire rapport à l'inspecteur municipal. Avant même d'atteindre les années 1860, les fonctions de sous-voyer disparaîtront, récupérées sous le chapeau de l'inspecteur municipal.

Le gardien d'enclos était aussi du nombre des officiers muni­cipaux. Son travail consistait à recevoir et à retenir sous sa garde les animaux trouvés errants, et ce jusqu'à ce qu'ils soient réclamés par leurs propriétaires ou vendus à l'enchère. II tirait sa rémunération d'honoraires, de dépenses et de frais chargés aux propriétaires des bêtes en cause. Quand il s'avérait que celles-ci n'appartenaient à personne, il se payait à même le produit de la vente de l'animal.

En 1997, alors que la plupart des animaux errants sont des chiens ou des chats, on comprend ma! l'utilité du gardien d'en­clos. Sauf qu'à l'époque, ce pouvait tout aussi bien être une poule, un étalon, un taureau ou « un verrat d'âge mûr ». Dans chacun de ces cas, l'amende chargée en plus des honoraires et des dépenses variait. Par exemple, l'amende pour une chèvre errante était de 1 $, pour un verrat (porc reproducteur) 2 $ et 0,05 $ pour une poule. Aujourd'hui il reste peu de traces de cette réglementation quoique la garde de certains animaux y soit encore assujettie.

Un autre officier municipal que l'on a d'abord nommé annuellement est l'inspecteur agraire, dont on constate tou­jours la présence d'ailleurs. En gros, l'inspecteur agraire a pour mandat de faire observer les dispositions municipales quant à la construction et à l'entretien des fossés et des clô­tures de lignes. Les nuisances publiques sont aussi de son ressort puisqu'il est tenu de faire observer les règlements d'hygiène. Ses honoraires sont payés par les personnes prises en défaut ou ayant requis ses services. Au village, on avait un inspecteur agraire tandis que dans la paroisse on est allé jusqu'à trois.

L'inspecteur des mauvaises herbes est apparu à Princeville le 20 mai 1929, à la suite d'une lettre adressée au conseil par le ministère de l'Agriculture qui souhaitait cette nomination. La paroisse a suivi peu de temps après. L'inspecteur agraire a souvent cumulé les fonctions de l'inspecteur des mauvaises herbes.

Le premier permanent à temps plein

Jusque-là, aucun des individus recrutés ne détenait de poste per­manent ni même à temps complet dans l'une ou l'autre des municipalités. Dans les faits, M. Antonio Lacroix aurait été, en 1954, le premier employé de la ville à détenir un statut d'em­ployé permanent  (surintendant municipal). II se pourrait toute­fois que son prédécesseur, M. G. Pelletier (erreur : c’est Marie-Georges Pellerin) (le premier à porter le titre de surintendant, 1945), et peut-être même, un peu avant lui, Adélard Jacques (1944), aient bénéficié d'un statut similaire si l'on considère la description de leurs tâches et le salaire qu'ils touchaient. Mais rien ne le laisse voir clairement.

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Certes, avant cette date, la ville a régulièrement procédé à l'embauche de constable ou de concierge. Mais ces postes doivent être davantage perçus comme temporaires et ponctuels d'autant qu'ils apparaissent et disparaissent sans prévenir.

Pour en revenir à M. Lacroix, il devait, entre autres, s'occu­per de l'entretien général des immeubles de la municipalité, c'est-à-dire de l'hôtel de ville, de la station de pompe à incendie, de l'usine de chlorination et de l'usine de pompage. II était également chargé de l'entretien des chemins, trottoirs, aqueduc et égout de la municipa­lité. Et comme si ce n'était pas assez, il devait agir à titre de policier les fins de semaine et les  « fêtes d'obligation ».        

À la suite de son engagement, on cesse de voir la no­mination d'un inspecteur municipal, ce qui laisse croire qu'officiellement, c'est vraiment lui le premier perma­nent de la ville. Quoi qu'il en soit, quelques années plus tard, le conseil ratifiait cette fois (5 mai 1956) l'em­bauche d'Henri Lavigne à titre d'« aide » de M. Lacroix « dans les travaux de la Corporation ». Le mouvement est définitivement lancé.

En 1969, la Ville compte cinq employés permanents : un chef de police (Jacques Rivard), un surintendant (Eugène Fortier), deux employés de voirie (Louis Carrier et Roger Binet) et un secrétaire-trésorier  (Fernand Poiré) - salaire hebdomadaire total : 578 $.  Quinze ans plus tard, le personnel regroupe neuf employés permanents dont le chef de brigade des incendies embauché à temps partiel.

Aujourd'hui (1997), ce nombre atteint 20 employés réguliers, incluant les policiers, mais excluant la brigade des pompiers volontaires, et une quinzaine d'occasionnels. Détail intéres­sant, la première femme recrutée par la Ville a été embauchée à titre de secrétaire le 27 juillet 1972. II s'agit de Mme Hélène Martin.

Cela dit, avant de conclure sur le personnel de la Ville de Princeville, il importe de souligner qu'en 1986, le lieu de rési­dence dans la municipalité devenait une obligation pour tous les employés et qu'un an plus tard (1987), on élaborait une politique d'embauche traitant, entre autres, du lien de parenté entre des employés en place et des postulants. Enfin la pre­mière convention collective des employés de la Ville, mis à part les policiers, remonte à 1988.

Du côté de la paroisse, le tableau est plus simple. Le titre de premier permanent à temps complet revient à Lucien Boutin, secrétaire-trésorier. Depuis, la municipalité a procédé à l'em­bauche de M. Jean-Guy Rousseau, premier inspecteur perma­nent remplacé depuis par Michel Carignan, toujours en poste, et d'une première femme, Mme Linda Lecours, engagée à titre de secrétaire en 1992. En 1996, le nombre d'employés per­manents est toujours de trois.

 

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Immeubles et équipements (actifs immobilisés)

La vocation de chacune des deux municipalités étant radi­calement différente, leurs besoins en matières d'immeubles et d'équipements sont également différents.

À la municipalité de paroisse, par exemple, ces besoins ne se sont guère développés. À tel point qu'en 1995 ne figuraient à ce poste que l'hôtel de ville, son terrain et ses équipements. Donc, pas de véhicule et à peu près pas d'outils. En fait, quand le besoin s'en fait sentir, la municipalité loue le matériel néces­saire à l'exécution des travaux. Ce qui ne veut pas dire qu'il en a toujours été ainsi. II est arrivé à certaines époques qu'elle fasse l'acquisition, par exemple, d'une machine à chemin, d'un rouleau ou d'une pompe à incendie.

Pour ce qui est de l'hôtel de ville de la paroisse, sa construction remonte à 1988. Si l'on inclut les frais des services professionnels, sa réalisation a exigé des déboursés de 199 000 $. À noter que son emplacement avait d'abord été prévu au 299, boulevard Baril.

 

Du côté de la ville

L'histoire du parc immobilier et du parc d'équipements de la Ville est une tout autre histoire. D'abord, dès le début, le conseil a autorisé l'achat d'équipements nécessaires à la dispense des services municipaux. La machine à chemin, la herse à chemin, le rouleau à neige de même que la pompe et les boyaux à incendie font partie de ces premiers achats. Concédons toutefois qu'à ce moment on s'en tient vraiment au strict minimum et qu'il existe peu de dif­férences entre le matériel de la cam­pagne et celui du village. En 1947, pour résumer, disons que l'équipement com­mence à s'urbaniser.

À ce moment, la ville achète une jeep usagée « dit camion de guerre ». Suivra par après l'achat d'un véhicule de police, une Meteor 1954, celui d'un camion de pompier (16 000 $) en 1955 et l'achat, en 1957, d'une camionnette pour la voirie. Ici, il s'agit plutôt d'un échange puisqu'on a cédé l'auto de police en retour. D'autres types d'équipements ont également été acquis depuis, dont un système radio pour la voirie (1981) et une rétrocaveuse-­chargeuse en 1986.

Quant à l'équipement de bureau, la première machine à écrire a été louée de la caisse populaire en 1947. L'avènement du système informatique remonte pour sa part à 1987. Évidem­ment, on aura compris que chacune de ces dates constitue une première et que, depuis, lesdits équipements ont été ou augmentés ou changés.

 

 

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Trois hôtels de ville

Depuis son érection, Princeville a connu trois hôtels de ville. Chacun a sa petite histoire.

Le premier date de 1874. Il a d'abord été construit pour faire office de marché public. Même qu'au moment de lancer le projet en 1861, on parlait davantage « d'une commune à l'usage des habitants ». C'est qu'à l'époque la politique municipale n'était pas bien ancrée dans les mœurs et, qu'à ce titre, la construction d'un édifice lui étant dédié figurait loin au bas de la des priorités de la population. Aussi, fallut-il attendre le milieu des années 1880 avant de voir apparaître un tant soit peu la désignation d'« hôtel de ville ». En fait, l”une des premières fois remonte à la séance de décembre 1886 alors que l'on parle du « marché ou de l'hôtel de ville ». Pour le reste, on a longtemps parlé de la salle publique. Cela dit, la confection des plans ainsi que la réalisation des travaux ont été confiées à l'architecte Louis Caron (voir « Personnalités - Louis Caron premier du nom ») pour la somme de 950 $. Dans une première étape, on a complété le marché (novembre 1874). L'été suivant, on entreprenait l'aménagement du deuxième étage, Avant sa démolition en février 1931 pour faire place à un nouvel édifice, le marché avait été soumis à des travaux de réfection majeurs en 1897 et en 1915.

 

L'hôtel de ville des Secours directs

 

Le projet du deuxième hôtel de ville va se réaliser en un temps record sinon en état d'urgence : neuf mois suffiront, en fait, pour compléter les travaux. Nous sommes au lendemain du crash de 1929, l'économie s'est effondrée. À Princeville, comme ailleurs au pays, les chômeurs sont légion. Aussi, pour contenir la situation, les gouvernements fédéral et provinciaux lancent de concert les « Secours directs » : un programme de subventions incitant les municipalités à procéder à des travaux d'amélioration pour faire tra­vailler les chômeurs. Le conseil de Princeville se montre intéressé. À la séance du 3 novembre 1930, il décide de la construction d'un nouvel hôtel de ville. À remarquer qu'à ce moment, on ne parle pas encore d'hôtel de ville mais bien de « salle publique ». C'est à partir de la séance de décembre que l'on commencera à utiliser systématiquement l'acception « hôtel de ville ».

Prévus à l'origine pour coûter 9000$ les travaux s'élèveront finalement à 16 000 $. La principale raison de cette augmentation et que le revêtement extérieur est désormais de briques. Le conseil est entré dans ses nouveaux locaux en août 1931.

Un projet qui fait des vagues (3iem Hôtel de ville)

Amenée en catimini, réalisée avec pré­cipitation, la construction du troisième et dernier hôtel de ville en titre n'a pas été sans provoquer des vagues au sein de la population. D'abord, le 7 mars 1963, sans qu'au­cune décision ou discussion ne puisse nous permettre de conclure qu'on étu­diait le projet, le conseil du maire J. Maurice Talbot demande un « plan d'emplacement » pour un nouvel hôtel de ville. Quelques jours plus tard, on accepte même de rencontrer l'archi­tecte Gagnon qui ira jusqu'à faire des esquisses sans qu'aucune décision offi­cielle ne soit sur la table, un peu comme si le conseil souhaitait ne pas ameuter la population. Mais la popu­lation s'inquiète tout de même, ce qui amène le maire Talbot (13 mai) à être plus transparent et à déclarer que la construction de l'hôtel de ville n'est qu'un projet à l'étude et qu'en outre, s'il doit se concrétiser, ce ne sera qu'à con­dition que le coût des travaux n'en­traîne aucun emprunt.

Sa déclaration ne rassure pas tout le monde. Au conseil de septembre, une pétition de 118 noms (sur une possibilité de 445) marque une opposition certaine. Les signataires expriment « la conviction que la construction d'un système de filtration devrait avoir la priorité ».

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Le conseil refuse de débattre de la question. Du coup, le conseiller Longchamps propose l'adoption du règlement no 219 autorisant la construction d'un nouvel hôtel de ville. Pour sa part, avant de passer à l'adoption du règlement, le conseiller Beauchesne, qui avait demandé qu'on étudie la requête des citoyens, propose un référendum sur la question. Le maire Talbot prend alors la parole en faveur de la construction de l’hôtel de ville puis demande le vote. Le vote est égal à trois contre trois et le maire Talbot tranche en rejetant l'idée de référendum et en donnant son accord à l'adoption du règlement 219. Ledit règlement est alors adopté.

Pour que le maire puisse cependant respecter sa promesse de ne pas endet­ter la municipalité, le nouvel édifice ne devra pas coûter plus de 85 000 $. La plus basse soumission est de 107 963 $. Plutôt que de remettre le projet, le conseil décide de contracter. Malgré tout, à la fin de l'opération la facture s'élèvera à 104 604 $.

L'inauguration, donnera également lieu à une certaine controverse en décembre 1964 parce qu'aucun  représentant du   gouvernement ne sera présent. L'édifice a été agrandi en 1989 au coût de 191 734 $, et ce, afin de permettre l’aménagement de locaux convenables pour les policiers. La caserne des pompiers y a toujours été greffée.

Location des salles

Chacun des hôtels de ville a mis ses locaux à la disposition de la population ou de groupes divers, gratuitement ou à partir d'un coût de location. De tous cependant, le second a été le plus uti­lisé. Mise à part la majorité des orga­nismes paroissiaux qui pouvaient y recourir, on y a également logé, pendant plus d'une dizaine d'années au rez-de-chaussée, « l'école du Maître » (à partir de 1934), les bureaux de la Banque Canadienne Nationale (à partir de 1935) et ceux de la poste de 1948 à 1952 (fin du bail). On a vu également s'y tenir des réceptions de mariage, des réunions de partis politiques, du théâtre, des concerts, des « vues ani­mées » (organisées, à l'étage, dans les années 1940 par Adélard Jacques) et même des cours de danse en 1962. Le conseil de la paroisse y tenait égale­ment ses séances à une certaine époque. Enfin, l'édifice a également abrité des cellules pour prisonniers. Pour sa part, l'hôtel de ville actuel a, entre autres, accueilli la « Jeune Chambre de Princeville ».

 

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Les immeubles

 

Outre les équipements, la Ville a aussi acquis des biens immo­biliers à commencer par un pre­mier hôtel de ville en 1874, qu'elle faisait alors construire pour la somme de 950 $. Compte tenu que l'on peut con­sulter l'encadré ci-haut «Trois hôtels de ville » , nous n'élaborerons sur le sujet que pour dire qu'un second fut construit en 1931, pour la somme de 16 000 $, et qu'un troisième l'a remplacé en 1964. Construit au coût de 104 604 $, ce dernier a depuis été agrandi, plus précisément en 1989. À ce moment, les travaux ont exigé un déboursé de 191 734 $. Parmi les autres immeubles détenus ou ayant été détenus par la Ville, on note : un poste de pompiers (1944-1963), une sta­tion de pompage (depuis 1944), une usine d'épuration (depuis 1955), un garage municipal (depuis 1955), une plage munici­pale, Le Fenil (de 1967 au début des années 1980), une salle paroissiale (depuis 1973), aujourd'hui partagée avec la muni­cipalité de paroisse, un aréna (depuis 1974), exploité en régie intermunicipale, et un entrepôt pour la voirie (depuis 1983).

 

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De voirie et de travaux publics

On retiendra que les travaux de construction et d'entretien de chemins, communément appelés travaux de voirie, ont joué un rôle déterminant dans la création du régime municipal. Du reste, ne dit-on pas l'Acte des Municipalités et des Chemins du Bas-Canada en parlant de l'acte de naissance de tout le système municipal actuel. Résumé grossièrement, disons que l'un des buts poursuivis par le gouvernement central de l'époque, soucieux d'ouvrir le territoire à la colonisation, était de remet­tre la responsabilité de la construction des routes et chemins à des entités plus petites.

Aussi, l'entretien des chemins demeurera-t-elle une préoccupa­tion constante tout au long du premier siècle du régime muni­cipal, d'autant que les travaux de voirie sont continuellement à reprendre faute de matériaux et d'équipements adéquats. Incidemment, l'étude de la question permet une fois de plus de constater combien la vie des premiers colons n'était pas de tout repos avec ces chemins que la moindre pluie importante transformait en mares de boue et ces ponts emportés à répéti­tion par les glaces du printemps ou la crue soudaine des eaux. Dans ce contexte, avant d'entreprendre l'histoire des services de voirie de Princeville et de Princeville paroisse, il nous sem­ble important d'expliquer la naissance et le développement de la voirie provinciale, et ce d'autant que la mise en place de celle-ci va influencer les décisions de nos deux conseils muni­cipaux et orienter le développement des services locaux.

La voirie provinciale ou la loi de 1792

D'abord prenons pour acquis qu'au début de la colonie, le ser­vice de voirie provincial n'apparaissait pas comme une prio­rité.

Originairement [c'est-à-dire avant la création du mi­nistère] les chemins furent construits pour répondre à des besoins exclusivement locaux, parfois même individuels : le chemin d'autrefois fut une construction accessoire, et si les buts de nos ancêtres furent bien définis, leurs moyens furent souvent incertains et lais­sés au hasard [...] d'un travail à ce point incohérent, puisqu'ils étaient faits, non pas par l'État «sauf de rares exceptions » mais par des compagnies d'abord, par de grands concessionnaires ensuite, puis plus tard et jusqu'à nos jours par des particuliers, il ne pouvait sortir que quelque chose de très imparfait'.

Pour cause, les pôles démographiques que représentaient Québec, Trois-Rivières et Montréal étaient reliés par la voie des eaux, en l'occurrence le fleuve ou, un peu plus tard, par le chemin de fer, d'où le peu d'empressement à développer un réseau routier. Au fil du temps toutefois, l'accroissement de la population, sa dispersion à travers de nouvelles paroisses et l'intention bien arrêtée du gouvernement de favoriser la colonisation à l'intérieur des terres vont faire resurgir le besoin de routes et de ponts. Or qui dit routes et ponts dit service de voirie. C'est ainsi qu'en 1792 apparaît la première loi sur la voirie. Ce n'est là cependant qu'un premier pas vers une structure effective puisque, dans la pratique, ladite loi demeure sans effet. L'un des problèmes est que la responsabilité de la construction des chemins incombe presque exclusivement au gouvernement.

En 1855, ce dernier va changer les règles et remettre une par­tie de ses responsabilités à des entités plus réduites qu'il vient de créer : les municipalités. C'est un jalon de plus, sauf que les municipalités sont pauvres et qu'elles ne sont pas en mesure d'assumer pareille charge. Ce qui explique qu'à la fin du XIXe siècle, « on se contentait de construire des sentiers qu'on nom­mait des chemins de colonisation » 2.

Évidemment, on pourrait croire que les subventions que verse alors le ministère de la Colonisation aux municipalités pour leur venir en aide est à même de faire progresser la situation.

1  C. Chouinard, Évolution de la circulation dans la province de Québec, Laval, 1968, cité par Louis Gendreau, Administration québécoise : secteur voirie: 1910-1967, Université de Montréal, 1970, P. 9.

2 Gendreau, loc. cit. p. 17

 

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Le problème cette fois est que, d'une part, ces subventions sont insignifiantes et que, d'autre part, elles sont bien souvent détournées par des amis du parti. Résultat : au début du XXe siècle, l'amélioration et le développement du réseau routier au Québec ne progresse nullement.

Au lieu de construire de grandes voies, bien arpen­tées pour ouvrir de nouveaux territoires, les routes étaient construites sur une base de répartition de par­ties de subventions misérables parmi les comtés qui étaient gaspillées en bouts de chemins inutiles, mal construits, par une main-d'oeuvre locale sous la direc­tion d'ignares, hommes de paille du parti au pouvoir (3).

La création d'un service de voirie provincial

Le gouvernement, prenant conscience de la situation, va ten­ter d'établir à partir de 1897 une politique plus cohérente qui aboutira, en 1908, à la création d'un service de voirie (le pre­mier) alors rattaché au ministère de l'Agriculture et à l'adop­tion, en 1912, de la Loi sur les bons chemins. Cette dernière aura un retentissement considérable puisqu'elle permet au gou­vernement de lancer un vaste programme de construction et d'amélioration de routes largement subventionné à partir d'un emprunt de 10 millions de dollars fait par la Province. Voilà, la voirie a maintenant ses structures et son pouvoir. II ne lui manque qu'un ministère attitré. Celui-ci sera finalement créé en 1914.

Tout n'est pas réglé pour autant, loin de là. Même subven­tionnées, les municipalités hésitent à entreprendre des travaux et à augmenter la charge fiscale de leurs contribuables. Or, sans leur participation, le développement routier reste handi­capé. Du coup, pour obtenir leur adhésion, le gouvernement va-t-il prendre en charge les routes provinciales reliant les grands centres et, ce faisant, obliger les municipalités à con­tribuer à leur construction et à leur amélioration dans une pro­portion de 50 % du coût des travaux pour la partie située à l'intérieur de leurs limites. Incidemment, cette nouvelle régle­mentation aura des conséquences directes pour Princeville et Princeville paroisse qui devront, par conséquent, participer au financement de la route 5 que l'on est à construire.

3  Hodgetts, PionnerPublic Service, U. Tor. Press, Toronto, 1955, p. 267. Citation tirée de Gendreau, loc. cit. p. 1.

 

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Le gouvernement prend en charge tous les chemins améliorés de la province

Toutefois, malgré ces nouvelles conditions, le gouvernement reste insatisfait de la progression du réseau. Et encore plus depuis qu'une étude réalisée par le gouvernement fédéral démontre l'apport important du tourisme américain dans l'économie (4). Or le tourisme pour se développer a besoin d'un bon réseau routier. En 1922 puis en 1927, on va donc adopter deux lois qui permettront de réaliser un bond en avant. Cette fois, le gouvernement prend en charge tous les chemins améliorés de la province.

Avant 1927, c'était les municipalités qui, normale­ment, avec ou sans subventions gouvernementales, devaient entretenir leurs chemins améliorés. Mais comme les chiffres l'indiquent, les résultats étaient plutôt décevants. Par contre avec la nouvelle loi, les municipalités ne doivent que demander par résolu­tion le bénéfice de la nouvelle loi [...] 5.

À ce moment, la mesure a remporté un tel succès qu'à la fin de 1927, plus de 99,4 % des chemins améliorés étaient entretenus par le Ministère. II fallut même resserrer vite les critères de « chemin amélioré » pour limiter les coûts de la nou­velle loi. Incidemment, on entend par chemin amélioré « tout chemin qui a reçu une surface argilo-sableuse ou gravelée, tout chemin macadamisé, tout chemin à surface de béton bitumeux ou de béton de ciment ».

Un nouvel essor avec l'entretien des chemins d'hiver

La voirie provinciale prendra également un nouvel essor quand on introduira à partir de 1928 l'entretien d'hiver qui, toutefois, progressera lentement, du moins jusqu'à ce jour de 1950 où le gouvernement accepte une politique d'aide qui ouvre d'un coup toutes les routes de la province à la circula­tion d'hiver. Avant cette date, les subventions étaient accordées sur une base discrétionnaire. Les modifications de 1950 établissaient une base universelle d'assistance.

L'influence de Duplessis

En 1944, avec le retour de Duplessis au pouvoir qui prône « l'agriculturisme », la voirie rurale connaîtra un nouvel essor. Mais d'abord, il faut se rappeler qu'après avoir pris en charge tous les chemins améliorés en 1927, le Ministère avait vite resserrer les critères de « chemin amélioré «» pour contenir les coûts. Le régime Duplessis va au contraire les élargir tant et si bien que l'étendue des chemins améliorés à la charge de l'État va progresser jusqu'en 1957 Et c'est le réseau rural, comme nous l'avons mentionné, qui en bénéficiera dont celui de Princeville paroisse.

1960: on se concentre sur le réseau supérieur et on se désen­gage graduellement des réseaux locaux

À l'arrivée du Parti libéral de Jean Lesage en 1960, l'orienta­tion du Ministère va changer pour se concentrer sur le réseau supérieur, c'est-à-dire sur les autoroutes. Dès lors, s'enclenche le désengagement de l'État à l'égard des réseaux locaux. Le premier surgit en 1965. D'autres suivront. Finalement en 1990, le ministre des Affaires municipales de l'époque, M. Claude Ryan, déposera son projet de réforme dont l'une des conséquences justement vise la totale prise en charge des réseaux locaux par les municipalités. La chose se concrétisera avec l'entrée en vigueur de la Loi de la voirie (L. Q. 1992, c.54), le 1 er avril 1993.       De nos deux municipa­lités, Princeville paroisse sera la plus affectée par cette loi qui remet dans sa cour la facture salée de la construction et de l'entretien de son réseau.

Fonctionnement de la voirie locale

Maintenant que nous avons vu l'histoire de la voirie provin­ciale, examinons plus à fond celle du service de voirie de Princeville et de Princeville paroisse.

D'abord, nous savons déjà qu'au début les municipalités n'ont ni les ressources techniques ni les moyens financiers de met­tre de l'avant quelque programme de développement que ce

4   Après que le gouvernement fédéral aura eu publié, en 1920, différentes statistiques sur l'apport économique du tourisme venant des États-Unis, le ministère de la Voirie sera le premier organisme québécois à prendre conscience de l'importance de l'industrie touristique.

5 Gendreau, loc. cit. p. 33

 

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soit. Autrement dit, à ce moment, c'est rarement la munici­palité qui prend les devants en matière de construction ou d'entretien de chemins. En fait, règle générale, elle procède à partir des requêtes qu'adressent au conseil les contribuables 6. En réalité, les colons ont besoin de l'accord de la municipalité, même si cette dernière n'assume pas les frais, afin d'obliger les personnes visées à remplir leurs obligations.

Essentiellement, ces requêtes précisent le nom des intéressés et l'objet de la demande :

De procéder sur la requête du trois avril dernier [1869] présentée et lue audit conseil ledit 7 juin et signée par Paul Lafrance, François Boucher, Xavier Lamontagne, Jean Boucher, Elzéar Lavigne et autres propriétaires et occupants de terre de cette partie du septième rang du township de Stanfold qui s'étend depuis le chemin provincial jusqu'à la ligne qui sépare le township de Stanfold du township de Somerset, demandant l'ouverture d'un chemin de front dans cette partie du septième rang. (PVS, 6 juil­let 1869).

Le surintendant spécial

Partant de là, lorsque le conseil donnait son aval à la requête, il devait, dans un premier temps, en aviser les contribuables concernés par avis public. Puis, il nommait un surintendant

 

Règle générale, les explications qui vont suivre pour cette partie font référence au Code municipal de 1916 qui reprend de façon plus élaborée l'esprit de l'Acte des municipalités de 1855 et du Code municipal de 1870.

 

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spécial. Ce dernier était chargé de visiter les lieux, de faire rap­port aux élus et de rédiger un procès-verbal s'il approuvait la demande.

N'importe qui pouvait être surintendant spécial. Les conseils prenaient soin toutefois de nommer une personne crédible jouissant d'une certaine renommée. Louis Prince dont le nom apparaît pratiquement toujours au début, François-Xavier Pratte, Louis Lavergne, Joseph Brissette et Joseph-Ena Girouard ont été de ceux-là.

Le surintendant spécial avait, entre autres, pour mandat de «con­voquer, de tenir et de présider» l'assemblée publique des con­tribuables intéressés par la requête; incidemment, à l'époque, on parlait des « personnes obligées ». Celles-ci avaient, bien entendu, le droit d'intervenir lors de ladite assemblée. Après avoir pris avis de tous, le surintendant tranchait la question en donnant son accord ou en rejetant la demande. Quand il l'ac­ceptait, son procès-verbal devait présenter le devis des travaux, faire état des délais de réalisation, nommer les pro­priétaires (ou occupants) imposables tenus de faire lesdits travaux ou de contribuer à leur confection et, enfin, préciser la partie de l'ouvrage à faire par chacun.

De là, le surintendant adressait son rapport au conseil muni­cipal qui l'approuvait ou le désapprouvait. S'il l'acceptait (on disait homologuer) et qu'il n'y avait pas de dispense en ce

sens, le surintendant spécial produisait un acte de répartition. En fait, l'acte de répartition répé­tait à peu de chose près les détails du procès-­verbal en y ajoutant le montant de la contribu­tion de chacun des propriétaires ou occupants visés.

Cela dit, l'homologation d'un procès-verbal et la production de l'acte de répartition ne suppo­saient pas toujours que l'on allait procéder au travaux (ce qui complique d'ailleurs le travail des chercheurs). II pouvait arriver qu'un projet soit tout simplement abandonné. Sans compter qu'un procès-verbal dont les travaux n'avaient pas été réalisés dans un délai de cinq ans cessait d'être en vigueur. Pour empêcher que la chose se produise, les con­tribuables qui souhaitaient disposer de plus de temps pour compléter les travaux devaient demander au conseil de pro­longer le délai prescrit.

Qui payait les travaux?

Au début et d'une manière générale, comme nous venons de le voir, chaque propriétaire était tenu à l'entretien des rues, routes, rangs et trottoirs, et ce, tant pour les travaux d'été que pour les chemins d'hiver :

Tout propriétaire ou occupant de cette municipalité sera obligé d'entretenir ses chemins en bon ordre, pelleter les bancs de neige et entretenir leur chemin de 7 pieds de large. (PVM, village, 4 novembre 1889).

Les corvées

Ainsi, au village, on était responsable du bout de rue devant sa propriété. II en était de même dans la paroisse. En outre, on pouvait également être tenu à l'entretien de segments de route menant d'un rang à l'autre. En fait, il importe ici de retenir que le statut de « personne obligée » variait avec le ter­ritoire les travaux devaient être exécutés.

 

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Une fois avisées, les « personnes obligées » devaient se soumettre à une corvée. Du coup, elles apportaient leurs ou­tils et leur part des matériaux nécessaires aux travaux. Dans certains cas, elles devaient également se présenter avec chevaux ou boeufs de travail et, bien entendu, avec les har­nais, chariots et charrues si elles en possédaient.

Parlant de corvée, au début de l'histoire municipale de Princeville et de Princeville paroisse, les contribuables, en plus de participer aux corvées les concernant plus directement, étaient sujets à la corvée de capitation (q?) qui permettait au con­seil de réaliser des travaux pour lesquels, entre autres, il n'y avait pas de propriétaires concernés :

Cette partie de la rue Saint-Jean-Baptiste où il n'y a pas d'emplacement sera réparée et entretenue ainsi que les clôtures de chaque côté par corvée par les contribuables de la municipalité (PVM, village, 8 février 1858).

La corvée de capitation touchait tous les hommes de 18 à 60 ans qui étaient alors contraints à au moins une journée de corvée par année. Ce pouvait être davantage. En réalité, tout dépendait de l'évaluation des biens-fonds des propriétaires ou occupants. Du reste, il était possible d'être dispensé de corvée en autant qu'on versait une compensation à la municipalité.

Travaux réalisés par un soumissionnaire

Les « personnes obligées » n'étaient pas toujours mises à con­tribution. II arrivait que la municipalité prenne les travaux à sa charge. Elle procédait alors en demandant des soumissions pour l'embauche d'un entrepreneur :

Que l'entreprise pour la construction d'un pont entre Thomas Cloutier et Simon Guay soit mise à la criée à la porte de l'église et donnée au plus bas enchéris­seur (PVM, village, 3 mars 1879).

Ce faisant, pour éponger le coût des travaux, la municipalité décrétait une taxe directe ou spéciale, selon le cas. Plus tard comme nous le verrons, tant au village que dans la paroisse, ces travaux seront entièrement pris à charge par la municipa­lité, et ce de façon définitive.

Le premier cinquantenaire de la voirie de Princeville

Le premier cinquantenaire (1857-1907) de la voirie de Princeville reprend essentiellement le scénario présenté plus haut. Malgré tout, il peut être intéressant de soulever un cer­tain nombre d'éléments particuliers à cette période.

Ainsi, Lubin Beaudet a été le premier inspecteur de la munici­palité et François Sylvestre, le premier sous-voyer, tous deux nommés lors de la première assemblée du conseil le 20 jan­vier 1857. Outre le fait que l'inspecteur est le supérieur hiérar­chique du sous-voyer, il existe peu de différences entre le man­dat des deux hommes, le sous-voyer étant le responsable d'une des sections du territoire de l'inspecteur. Ces sections étaient en fait des arrondissements délimités par le conseil. Au début il n'y avait qu'un arrondissement au village, ce qui contribuait au chevauchement des mandats. Mais dès 1858, un deuxième arrondissement voit le jour et vient marquer davantage la distinction entre les rôles d'inspecteur et de sous-­voyer.

Les travaux de l'époque étaient assez rudimentaires : niveler les rues l'été, y étendre du sable, « scraper » la neige l'hiver et s'as­surer de l'écoulement adéquat du ruisseau du village. L'arrivée des trottoirs au printemps de 1861 va accroître ces tâches.

Qu'il soit résolu que tous les propriétaires soient obligés d'ici au 1er août prochain à faire ou faire faire à leurs propres frais et dépens des trottoirs de pas moins que trois pieds de large sur le front de leur pro­priété (PVM, village, 13 mai 1861).

Le travail des sous-voyers et de l'inspecteur n'a rien de simple, les contribuables se laissant facilement tirer l'oreille pour

l'ac­complissement de leurs devoirs.

 

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La qualité des routes à l'époque entraîne de nombreuses poursuites

Depuis 1992 (Loi sur les cités et villes, SRQ chap. C-19, a. 604.1),

la municipalité n'est plus responsable des dommages causés par l'état de la chaussée aux pneus ou au système de suspen­sion d'un véhicule automobile. Ce n'était pas le cas aupara­vant, ce qui a entraîné, suivant les époques, maintes pour­suites contre la ville ou la paroisse. Pour tout dire, celles-ci remontent pratiquement au début de l'histoire municipale. L’une des premières, sinon la première à Princeville, date du 7 juin 1869. Elle est adressée par M. Théophile Grimard qui réclame 100 $ à la municipalité. Cette dernière paiera alors, ce qui ne sera pas toujours le cas; nombre de causes, en effet, se rendent jusqu'au juge­ment de la cour. Le nombre de poursuites régressera quand, à la fin des années 1940, dans le cadre des travaux d'égout et d'aqueduc, on refera le réseau routier.

Deuxième cinquantenaire, 1907­-1957

Le deuxième cinquantenaire de la voirie de Princeville sera surtout marqué, dans l'ordre, par : la municipalisation des chemins, l'entretien des chemins d'hiver, l'arrivée du bitume dans les rues, l'apparition de la signalisation pour les automobilistes, la mise en commun des trottoirs, la mécani­sation des équipements de voirie et l'élargissement du mandat du surintendant. On note également que, pendant cette période, une partie des travaux reste subven­tionnée par l'État.

 

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La municipalisation des chemins

Rappelons-le, 1912 marque un point tournant dans le développement des chemins et routes au Québec. C'est à ce moment, en effet, que la voirie provinciale prend à sa charge une partie des travaux à réaliser en subventionnant ceux-ci dans le cadre de la Loi des bons chemins. Princeville, qui veut profiter de ces subventions, municipalise donc son réseau en 1913 :

Qu'ordre soit donné au secrétaire-trésorier d'écrire à l'honorable ministre de l'Agriculture lui demandant de bien vouloir nous envoyer un ingénieur pour nous renseigner sur la manière d'améliorer et entretenir les chemins aussitôt que possible vu que nous avons mis les chemins en commun (PVM, village, 2 juin 1913).

Le projet mijotait déjà depuis plus de deux ans. En fait, une première tentative de municipalisation était intervenue au début de 1911 alors que le conseil adoptait sur division (4 con­tre 3) un projet de mise en commun. Celui-ci cependant ne fit pas l'unanimité au sein de la population et fut relégué au feuil­leton. Un nouveau projet n'en refait pas moins surface un an plus tard. L'attrait de la Loi des bons chemins, qui laisse entrevoir des subventions pour le gravelage des rues de la municipalité, fait son oeuvre. Mais ce n'est pas encore acquis et la démarche reste ardue. Pour un, le conseiller Edmond Lachance s'oppose fer­mement et entraîne avec lui la majorité du conseil : le projet subit un second revers. Sauf que l'éventualité de bénéficier d'un réseau routier gravelé suscite de plus en plus d'intérêt. Finalement, à l'été de 1913, le vil­lage municipalise ses chemins.

Un responsable et des équipements

À la suite de la mise en commun des chemins de la municipalité, le conseil adoptera une série de résolutions. La première nommera un surintendant des chemins, M. Louis Marcoux, avec un salaire de 2 $ par jour. M. Marcoux peut être considéré, à ce titre, comme l'ancêtre des surintendants de la municipalité et ce, même s'il n'a pas de statut permanent et qu'il exerce son rôle à temps partiel. Plus précisément, sa tâche se résume à passer la «machine à chemin » et la « gratte » dans les rues du village chaque fois que la chose s'avère nécessaire. La seconde série de résolutions concerne l'acquisition d'un minimum d'équipement : une « machine à chemin » (d'abord sur une base de location), une « gratte » et un rouleau à neige.

Incidemment, la municipalisation des chemins à Princeville entraînera la réfection complète du réseau routier (règlement n° 55). Les rues Saint-Jacques, Saint-Louis, Saint-François­Xavier et Saint-Jean-Baptiste seront gravelées; les ponceaux seront refaits avec des tuyaux de béton (il y en a plus d'une douzaine); les places basses et humides seront drainées; les fossés seront partout nettoyés et mis en ordre; enfin, ces travaux terminés, les chemins seront nivelés « en se servant de la machine à chemin et de la charrue à chemins ». L'enlignement sera également refait.

L'entretien des chemins d'hiver

Avant l'apparition de l'automobile à Princeville, comme dans

 

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le reste du Québec, l'entretien des chemins en hiver se résumait, la plupart du temps, à taper la neige avec un rouleau tiré par des chevaux. On pouvait également gratter les chemins. Toutefois, il s'agissait davantage d'une finition que d'un grattage de fond permettant de rejoindre la surface de la route. Le coût des travaux était alors assumé par les « person­nes obligées». Rarement à l'époque, la municipalité a touché une subvention pour l'entretien d'hiver.

L'arrivée de l'automobile modifiera les attitudes. Pour leur ouvrir la route, le rouleau à neige ne suffit plus puisqu'il ne durcit pas suffisamment la surface. II faut gratter à fond avec un « tracteur ». Seulement voilà, compte tenu qu'à l'époque les tracteurs sont onéreux pour la municipalité qui dispose alors de peu de moyens et, qu'en outre, la circulation automobile reste limitée à ce moment, les chemins sont longtemps demeurés fermés à la circulation automobile pendant l'hiver. Du reste, au début, l'infrastructure n'était pas toujours adéquate :

Notre pont sur la rivière du Loup [entendre Bulstrode] est trop faible pour permettre le passage d'un tracteur de 12 tonnes [...] pour les raisons énumérées plus haut, ce conseil est unanime à ne pas permettre l'ou­verture de ladite route [...] pour camions et autos pour la durée des chemins de neige (PVM, paroisse, 30 octobre 1946).

Le Ministère insiste

On se rappelle cependant que le Ministère a la ferme intention d'établir au Québec un réseau routier ouvert à l'année. Aussi, après avoir acquis diverses « machineries » et réalisé ses pre­mières expériences de déneigement, il en viendra à subven­tionner les travaux de déneigement dans les municipalités. II n'en faudra pas moins une trentaine d'années encore (sous le gouvernement de Jean Lesage) avant que le Québec ne soit totalement ouvert à la circulation d'hiver.

 

Le bitume

Le bitumage fait son appari­tion à Princeville le 2 juin 1930 quand le conseil demande au ministère de la Voirie provinciale « de faire les travaux nécessaires pour faire bitumer les deux princi­pales rues dans les limites de la municipalité à savoir : la route nationale numéro 5 et la route transversale com­prenant les rues Saint-Jean-­Baptiste et Saint-François-­Xavier ». Le Ministère con­sentira à la demande.

À titre d'information, on par­lait à l'époque de «macadam bitumeux ' ». Le macadam était en fait un revêtement

 

7  La première route construite sur macadam pour les automobiles J'a été en 1913 entre Montréal et Rouse 's Point, soit une distance de 43 milles.

 

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composé d'une couche de pierres mélangées avec du sable. On a d'abord fait du macadam à l'eau, puis au bitume (sorte de pétrole) à l'huile et enfin au ciment. II fallait rouler le macadam pour le rendre solide. La circulation des voitures sur roues d'acier tirées par des chevaux favorisait l'endurance du recouvrement. Par contre, les pneus des véhicules auto­mobiles circulant à grande vitesse avaient l'effet contraire. C'est d'ailleurs ce qui a amené le Ministère à abandonner ce type de revêtement vers 1930.

Au début, ledit pavage ne couvrait que le centre de l'emprise de rue et ne rejoignait donc pas les trottoirs de chaque côté, une situation que l'on corrigera plusieurs années après et qui ne fut pas sans créer de problèmes :

Que le secrétaire-trésorier soit autorisé de demander à l'honorable ministre de la Voirie la continuation du pavage de nos principales rues jusqu'au trottoir chaque côté du chemin étant donné les nombreuses plaintes que nous avons reçues à ce sujet (PVM, vil­lage, 4 juin 1935).

Autre détail intéressant, il a fallu que la population s'adapte à ce nouveau revêtement que l'on trouvait trop glissant :

Que demande soit faite au gouvernement et au vil­lage de faire poser une couche moins glissante que celle qui existe actuellement afin d'éviter beaucoup d'accidents aux chevaux et voitures en général (PVM, paroisse, 1 er mai 1939).

Cela dit, la couche de bitume fut changée en 1947 pour une couche d'asphalte.

La signalisation routière

La circulation automobile, qui a fait son entrée au début du siècle (on dénombrait 396 automobiles au Québec en 1908) et qui ne cesse de s'intensifier, amène également sa part de nou­veautés.

C'est ainsi que l'on voit apparaître à Princeville, en juin 1918, alors que l'on compte au Québec près de 40 000 automobiles,

les premiers panneaux indi­quant la limite de vitesse permise. En juin 1938, on plante les premiers « stops » au coin des rues Saint­-Jacques et Saint-Jean-­Baptiste de même que des panneaux demandant de ralentir. Un peu plus de dix ans plus tard, on installe au même endroit une « lumière de trafic ». Enfin, en 1952, le « conseil juge qu'il est main­tenant opportun de fixer des zones de non-station­nement [les premières de l'histoire] dans les limites du village ».

 

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La mise en commun des trottoirs

La mise en commun des trottoirs a exigé davantage de temps que celle des rues. Pour être plus exact, il fallut attendre l'adoption du règlement n° 213, en 1962, avant que la chose ne se concrétise.

Comme dans le cas de la municipalisation des rues, le processus s'était enclenché bien avant cette date. Ainsi, en mai 1943, le conseil adoptait un premier règlement (n°135 modifié par les règlements 137 et 151) pour uniformiser la construction des travaux et don­ner à la municipalité le droit de «construire, faire et faire faire tous trottoirs ». À partir d'ici, lesdits trottoirs seront faits d'asphalte ou de ciment. Auparavant, ils pou­vaient être de bois ou de toute autre matière d'une nature perma­nente.

Les équipements de voirie

 Longtemps les équipements du ser­vice de la voirie se sont limités à ceux énumérés plus haut. En 1947, il va se produire un changement majeur : la municipalité acquiert un jeep « dit camion de guerre “. II s'agit effectivement d'un véhicule militaire usagé : un jeep Willys.

Il faut dire que la construction du réseau d'égout et d'aqueduc, à ce moment, n'a fait qu'amplifier les besoins à cet effet. En 1957, le véhicule sera changé pour une camionnette neuve, une Mercury, qu'on remise, lorsque non utilisée, chez le surintendant. Puis la Ville achète, au milieu des années 1960, un bélier mécanique pour l'entretien d'hiver des trottoirs. En 1967, on procède cette fois à l'achat d'un camion avec boite, benne et charrue.

Au tout début, camions et chevaux pouvaient se côtoyer lors des travaux. En 1944, par exemple, l'entretien d'hiver fait à l'aide de deux chevaux coûtait 1,50 $ de l'heure alors que le prix pour un camion était de 3 $. Cette coexistence durera, en fait, jusqu'au lendemain de la guerre 1939-1945 alors que les chevaux disparaissent du décor.

Un peu dans le même sens, la présence à l'époque du fameux rouleau à neige devient excep­tionnelle. Étrangement cepen­dant, on en retrouve la trace au procès-verbal de novembre 1960, alors qu'une question est posée à savoir si « pendant l'hiv­er on va rouler, tasser ou amass­er la neige ». De toute évidence cependant, la chose tient davan­tage d'un effet de style de l'inter­venant que de la réalité. Car dans les faits, comme nous l'a confirmé M. Eugène Fortier, au service de la municipalité de 1957 à 1971 à titre de surinten­dant, il y a déjà un certain temps qu'on ne roule plus la neige à cette époque. Pour sa part, il n'a pas connu ça de son temps.

Le rôle du surintendant se précise Avant que ne soit complété le deuxième cinquantenaire de la voirie locale, la municipalisation des réseaux d'égout et d'aqueduc aura contribué à la transformation du rôle du surintendant.

 

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D'homme à tout faire (concierge, gardien des pompes, per­cepteur de la taxe d'eau, surveillant de la paix) qu'il est tou­jours au début des années 1950, il devient la personne attitrée en 1954 quand on précise son mandat à la suite de l'em­bauche de M. Antonio Lacroix. Du coup, le surintendant est dégagé des tâches telle celle d'« homme de police ».

Pour être plus exact, le mandat de M. Lacroix est le pre­mier qui peut véritablement s'apparenter à celui du surin­tendant actuel. II faut dire qu'à l'époque la voirie munici­pale est en pleine effervescence, ce qui, du reste, incitera le conseil à recruter un adjoint en la personne d'Henri Lavigne qui sera nommé en 1956. M. Lavigne remplacera d'ailleurs M. Lacroix en mars 1963 avant d'être lui-même remplacé, en mai 1964, par Eugène Fortier jusque-là gar­dien des pompes depuis 1957.

De 1957 à 1996

Si l'on tient pour acquis que les jalons importants sont main­tenant posés, peu d'événements significatifs viendront modi­fier le développement du service de voirie de Princeville entre 1957 et 1996.

Évidemment, le parc d'équipements va s'enrichir, entre autres, d'un rouleau compresseur (3 novembre 1972), de camions, d'une sableuse à trottoir (17 février 1981) et d'un chargeur / rétrocaveur (1986). Tout ça, c'est sans parler des nombreux changements d'équipements devenus trop vieux. On cons­truira, d'autre part, un garage municipal en 1973 au coût de 55 000 $ et un entrepôt dix ans plus tard.

La direction du service changera, quant à elle, à deux reprises. Une première fois en mai 1971 lorsqu'on embauche Paul Poirier puis, une seconde fois en mars 1973, lorsque ce dernier est remplacé par l'actuel surintendant, M. Bruno Vigneault, responsable de l'en­tretien des bâtiments, des réseaux d'égout et d'aqueduc et des voies publiques à Princeville. Un dernier mot enfin pour dire qu'en 1997, le service de voirie de la ville rassemblait 7 employés.

Le service de voirie de la municipalité de paroisse

D'entrée de jeu, il convient de préciser qu'on ne peut en aucune manière comparer le développement de la voirie de Princeville et celui de la paroisse. Pour cause les deux réseaux sont totalement différents. Le premier est concentré sur un ter­ritoire restreint demeurent un maximum de gens; le second

 

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s'étend sur des dizaines et des dizaines de kilomètres où se retrouve, dispersée, la population. Autrement dit, vous avez d'un côté un maximum de gens pour contribuer au développe­ment d'un tout petit réseau et de l'autre, une population restreinte appelée à participer au développement d'un vaste circuit. Dès lors, il est simple de constater que l'effort financier demandé à chacun des individus n'est pas le même selon qu'on habite au village ou à la campagne.

Ce faisant, on est à même de comprendre les écarts entre les deux. Surtout quand on retient qu'avant les lois de 1922 et de 1927, alors que le gouvernement prend en charge une partie des travaux, la population était laissée à elle-même.

Cela dit, nous ne reviendrons pas ici sur toute la mécanique d'ouverture des routes, c'est-à-dire sur le dépôt d'une requête par les contribuables, la nomination d'un surintendant spécial ou encore sur les corvées. Essentiellement, le scénario ici reprend les mêmes éléments que ceux que l'on retrouve au village. En fait, nous nous appliquerons à présenter som­mairement la situation avant l'implication du gouvernement et les changements que celle-ci a entraînés. Nous ferons également état des équipements acquis au fil du temps et du personnel de voirie. Enfin, nous conclurons en traitant des ponts que l'on retrouve sur le territoire.

La situation avant la prise en charge par le ministère de la Voirie Nous l'avons mentionné en introduction, les moyens de la municipalité sont des plus limités, et ce tant financièrement que sur le plan des équipements. Aussi, la conception des routes et chemins est-elle des plus rudimentaires :

Cette route [un segment de la Grande Ligne en par­tant du rang Desharnais jusqu'au réservoir Beaudet] aura vingt-huit pieds de largeur, d'une clôture à

 

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l'autre, et vingt pieds roulant [sic] avec un découvert de vingt pieds chaque côté du chemin. Tout le par­cours, excepté quelques petits coteaux, sera couvert de fascines [fagots serrés de branchage] de quinze pieds de largeur et lesdites fascines recouvertes d'un pied de terre au moins (PVS, 26 juillet 1869). II en est de même pour la conception des ponts :

II devra y avoir un pont sur la rivière Blanche de Somerset qui sera construit perpendiculairement à ladite rivière, qui aura une longueur de cinquante pieds et huit pieds de hauteur au dessus du niveau des plus basses eaux avec un quai de chaque côté de ladite rivière et devra avoir une largeur de dix-huit pieds français. Le bois [...] devra être du bois d'épinette rouge ou du cèdre bien équarri (PVS, 17 octobre 1861).

Aussi, considérant, la qualité des travaux et l'éternel recom­mencement qu'ils supposaient d'une part et, d'autre part, le fait que la population ne cessait de s'étendre dans les rangs, on ne s'étonnera pas que l'activité des conseils de l'époque ait été littéralement monopolisée par les questions de chemins et de ponts. Et ce d'autant que les plaintes en regard de la qua­lité du réseau étaient également monnaie courante :

Attendu que ce conseil est assiégé de plaintes rela­tivement à l'entretien des chemins (PVM, paroisse, 14 juin 1915).

La prise en charge par le ministère de la Voirie

 

Dans cet ordre, la prise en charge par le ministère de la Voirie qui, après 1927, assurait la construction et l'entretien des chemins améliorés, est directement venue à la rescousse de la municipalité de paroisse. L'impact sera encore plus grand lors de la réélection de Duplessis en 1944. Disciple de l'agricultu­risme, celui-ci va commander une prise en charge accrue des chemins ruraux, par le Ministère. La municipalité va profiter de cette ouverture pour améliorer son réseau.

Cette Corporation prie le ministre de la Voirie de faire entretenir et réparer, conformément aux dispositions de la loi de la voirie au frais du gouvernement, les chemins améliorés suivants [Suivent ici les noms des rangs 7, 10 et 11] (PVM, paroisse, 7 juin 1949).

Pour se faire une idée de la manière dont les choses se pas­saient à l'époque, il faut savoir que, règle générale, ce sont les propriétaires d'un rang qui se manifestaient au conseil muni­cipal en demandant des travaux d'amélioration. Si le conseil approuvait ces travaux, alors il adressait une demande au Ministère. Souventes fois, pour ne pas dire toujours, le député était mis à contribution, ce qui, on le comprendra, lui fournis­sait une monnaie d'échange au moment des élections.

Par ailleurs, la participation du Ministère ne signifiait pas que les contribuables étaient libérés de leurs obligations, loin de : Qu'un avis soit envoyé à chaque inspecteur de voirie de faire boucher les trous, couper les branches et foins et ce jusqu'à la clôture [...]. Nous constatons que tout le monde aime les bons chemins alors il faut que tous les propriétaires fassent leur devoir [...] don­nez-leur un avis de huit jours et si non réparé [...] vous êtes autorisé à aller réparer les chemins des propriétaires négligents [...]. De plus, si les inspecteurs ne font pas leur devoir, votre conseil se verra forcé à vous faire payer l'amende prévue par le code municipal (PVM, paroisse, 4 août 1947). À l'arrivée du gouvernement Lesage, comme nous l'avons vu dans les pages traitant de la voirie de Princeville, on assistera à l'enclenchement du processus de désengage­ment de l'État. Celui-ci connaîtra son aboutissement avec la réforme du ministre Ryan (1991) qui a mis fin à toute par­ticipation du Ministère dans la voirie locale. Entre-temps, il n'est pas sans intérêt de préciser que l'asphaltage des rangs avait été entrepris avec celui du 12e rang Est, au début des années 1960.

8   Au nombre des conseillers juridiques ayant défendu la municipalité lorsque celle-ci était poursuivie par un contribuable, on note le nom de Sir Wilfrid Laurier, à ce moment jeune avocat d'Arthabaska.

 

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Les équipements et le personnel de voirie

 

Dans les faits, la municipalité de paroisse n'a jamais été véri­tablement propriétaire d'équipements de voirie. Au début, elle s'en remettait aux outils des contribuables tenus aux corvées. Puis, quand le ministère de la Voirie a pris en charge les chemins de la municipalité, la question ne s'est pas véritable­ment posée.

II en est de même du personnel, sauf que dans ce cas, de tout temps la municipalité a recruté des inspecteurs de voirie. Nous en retrouvions un par arrondissement (division de voirie). Au début, on dénombrait quatre arrondissements dans la munici­palité donc quatre inspecteurs de voirie. En 1947, ce nombre atteignait 22. La désignation d'« inspecteur de voirie » dis­paraîtra en 1951 pour être remplacée par celle d'« inspecteur de routes ».

Finalement, en 1974, les inspecteurs de routes sont remplacés par l'« inspecteur municipal » désormais seul responsable sur tout le territoire. Le premier en titre a été Jean-Marie Baril nommé à la séance du 6 mai 1974. Bien que ce dernier occupe ses fonctions à temps partiel, sa nomination n'en mar­que pas moins un tournant majeur. Cela dit, le premier inspecteur permanent à temps plein fut Jean-Guy Rousseau, nommé en 1988. Celui-ci a été remplacé depuis par M. Michel Carignan, toujours en poste à ce jour.

la section ponts a été intégré dans la page web .

Voir http://www.societehistoireprinceville.com/Photo_patr_immobilier (pont 116).HTM

 

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Les réseaux d'aqueduc et d'égout

La pertinence d'un réseau public d'aqueduc a mis du temps à s'imposer dans l'esprit des gens de Princeville, comme dans toutes les autres villes du Québec d'ailleurs. À ce titre, il fau­dra donc retenir trois dates importantes. La première, 1892, fait référence à la première inscription que l'on repère sur le sujet dans les procès-verbaux de la municipalité. La seconde, 1911, fait état de la construction d'un premier réseau officiel. Enfin, la troisième, 1944, souligne la municipalisation du ser­vice d'aqueduc à Princeville.

Revenons donc à septembre 1892 quand s'inscrit, pour une première fois à l'ordre du jour du conseil, le sujet d'un aque­duc. À ce moment, MM. Garneau et Fréchette demandent « la permission de poser un aqueduc dans les limites du village ». Ladite permission leur a effectivement été accordée. On ne constate toutefois dans les archives municipales aucune suite au projet qui nous aurait permis de connaître son envergure et, plus simplement encore, de savoir si on l'a à tout le moins réalisé.

Un peu plus d'une dizaine d'années plus tard, soit en juin 1903, c'est au tour de Jos Lacoursière de formuler pareille demande. Cette fois cependant, celle-ci est plus précise : M. Lacoursière désire « poser des tuyaux sur les rues Saint­François-Xavier et Saint-Jean-Baptiste pour alimenter son moulin en eau ». Mais comme dans le cas précédent, on ne peut confirmer la mise à exécution du projet.

Ce ne sera pas le cas en 1911, alors que cette fois il est clair que le projet se réalise. À cette date, le notaire Bennett Feeney désire construire pour le village un réseau d'aqueduc. II reçoit alors l'accord du conseil qui lui consent toute une série de pri­vilèges dont celui d'une exemption de taxe pour une période de vingt-cinq ans. En outre, il convient de signaler que le notaire Feeney dispose alors d'un droit exclusif :

Le privilège exclusif de poser des tuyaux dans les

chemins, rues, fossés le long des chemins de la municipalité et y faire tous les travaux nécessaires pour les fins de son aqueduc (PVM, village, 4 mars 1911).

Tentatives de municipalisation

 

Après la construction du « réseau Feeney »  il y a eu trois ten­tatives de municipalisation, la troisième étant celle qui réus­sira.

La première de ces tentatives intervient en 1914. À noter ici que le notaire Feeney est alors devenu maire et ne semble pas trop se formaliser de l'apparence d'un quelconque conflit d'in­térêt. Quoi qu'il en soit, le conseil demande à ce moment un ingénieur de Montréal, un nommé Rinfret, pour faire la visite des lieux, évaluer les travaux à réaliser pour améliorer le réseau et faire le calcul des coûts pour la municipalité.

Le projet que déposera l'ingénieur Rinfret fait état d'une fac­ture totale de 27 000 $, dont 4 000 $ sont réservés à l'achat des installations Feeney, c'est-à-dire aux pompes et aux réser­voirs situés sur les lots cadastraux 38 et 40, à proximité de l'emprise de l'ancienne voie ferrée dans la rue Saint-Jean-­Baptiste Sud. Le prix d'achat inclut évidemment tous les con­trats et abonnements (entendre clients) que détient l'actuel propriétaire. Cela dit, l'ingénieur prévoit un approvision­nement à partir de la rivière Nicolet (entendre Bulstrode). Si le conseil se montre d'accord, il en va tout autrement pour la population, qui refuse d'approuver le règlement d'emprunt. Le projet est donc rejeté.

Raccordés ou non, les citoyens forcés de contribuer

 

Le projet de municipalisation de l'aqueduc, en 1914, était né d'un besoin d'améliorer la qualité dudit réseau alors jugé insuffisante. Partant de là, le rejet du projet par la population

 

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laissait donc le problème entier. Aussi, le propriétaire (toujours maire à l'époque) déposa-t-il, quelque temps après, une propo­sition visant à corriger les manques de son système. Selon cette dernière, il s'engageait à construire et à parfaire dans un délai de deux ans, à partir du 1er  mai 1916, un système d'aqueduc comportant les éléments suivants :

[...] une prise d'eau à un puits près de la rivière Nicolet [entendre Bulstrode] [...], une pression de 50 livres et un débit de 200 gallons minute [...] Un tuyau de fonte de 6 pouces, à partir de la station de pompage jusqu'au réservoir à installer au village [...] 6400 pieds de tuyaux pour distribuer l'eau dans les principales rues du village [...] Un réservoir de 50 000 gallons à une hauteur de 50 pieds [...] La municipalité aura droit d'exiger [...] pour son usage en cas d'incendie 20 bornes-fontaines [...] (PVM, village, 2 novembre 1915).

En contrepartie, la municipalité accordait une nouvelle série de privilèges au notaire Feeney :

Tout propriétaire, locataire ou occupant de maison, magasin ou bâtiment semblable devra payer audit Bennett Feeney ou ayant droit, une compensation pour l'eau établie d'après les tarifs plus bas décrits, que ces propriétaires, locataires ou occupants se ser­vent de l'eau ou ne s'en servent pas [...]. En con­séquence, quiconque résidera sur le parcours dudit aqueduc sera tenu de s'y abonner pour au moins un robinet à raison de 6 $ par an. [La présence d'une toi­lette coûtait 3 $ et celle d'un bain 2 $] (PVM, village, 2 novembre 1915).

Enfin, l'entente prévoyait que si les travaux à réaliser n'étaient pas complétés à l'intérieur d'un délai de deux ans, le règle­ment adopté serait réputé nul et non avenu. Le fait est qu'une mention au procès-verbal du 6 août 1928 laisse entendre que lesdits travaux n'ont effectivement pas été complétés. Aussi, à cette date, le réseau est-il dans un état lamentable et la qua­lité de l'eau à ce point douteuse que le Bureau provincial d'hygiène a jugé opportun de condamner tout le service d'aque­duc de Princeville. C'est à ce moment qu'émerge le nouveau projet de municipalisation.

 

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Deuxième tentative de municipalisation

 

À cette date, Bennett Feeney, qui en est à un second mandat de maire, a vendu ses droits à Alcide Pépin qui opère désormais « L'Aqueduc de Princeville limitée ». Ce dernier, dont l'en­treprise est directement visée par l'ordonnance du Bureau d'hygiène, tentera, avant d'entreprendre quelque travaux que ce soit, d'obtenir l'extension de ses droits d'exclusivité. Ce que lui refusera le conseil qui préfère plutôt examiner la possibilité de municipaliser le tout. Dès lors, les élus posent deux gestes qu'il faudra retenir pour comprendre ce qui va se passer par la suite, gestes qui conduiront à l'échec de la deuxième tentative de municipalisation. D'une part, ils demandent à l'honorable Perreault d'intervenir pour faire lever l'ordonnance. D'autre part, ils adoptent le règlement n° 96 autorisant des travaux de l'ordre de 35 000 $.

Le problème, c'est qu'une bonne partie de la population ne semble pas encore tout à fait prête à voir la municipalité pren­dre en charge le réseau, ce qui, dans son esprit, entraînera une taxation accrue. Aussi, les pressions sont fortes pour que le conseil fasse marche arrière. Un des arguments avancés par les opposants au projet veut que Bennett Feeney et ses ayants droit (donc ses acheteurs) profitent toujours de droits exclusifs qui empêchent la municipalité de procéder. Malgré tout, le règlement 96 sera adopté, sur division il faut bien le dire, le 6 août 1928.

Le 4 septembre suivant, on apprend que l'honorable Perreault a réussi à faire lever l'ordonnance, autrement dit, la munici­palité n'est plus forcée de construire un nouveau réseau. Cette nouvelle aurait tout lieu de réjouir le conseil. Ce n'est pas le cas, c'est même tout le contraire. Dans les faits, l'honorable Perreault a effectivement réussi à soustraire la municipalité à l'obligation de construire un réseau complet. Le problème, c'est qu'il a en même temps fait « désapprouver » le règlement 96. Du coup, et c'est la perception de la majorité des élus, la démarche favorise la compagnie d'aqueduc au détriment de la municipalité.

Les élus ont du mal à le prendre. Pour tout dire, ils ne le prennent pas du tout. À la séance du 4 septembre 1928, ils adoptent une résolution dégageant le conseil de toute respon­sabilité « pour les dommages de toute nature que la popula­tion pourra souffrir pour le manque d'eau ou encore la qualité de l'eau... ». Puis, à la séance suivante, il accorde à « L'Aqueduc de Princeville » les privilèges demandés. C'est le deuxième échec de la municipalisation du réseau d'aqueduc.

La municipalisation

 

Jusque-là, la démarche a toujours été ardue. Chaque fois que les élus ont tenté de municipaliser le système, ils se sont butés à une majorité d'opposants qui ont d'abord ralenti le proces­sus pour ensuite faire avorter le projet. La troisième tentative, la bonne, va au contraire se réaliser avec une aisance et une rapidité surprenantes. Deux éléments vont jouer en cette faveur : l'obligation imminente de construire un réseau d'égout et la présence au dossier de Lionel Baril, jeune président de Princeville Furniture.

Considérant que la municipalité ne pouvait normalement se développer sans un réseau d'aqueduc et d'égout digne de ce nom, M. Baril s'est porté acquéreur du réseau d'aqueduc d'Alcide Pépin le 20 janvier 1944. Son intention était de le revendre immédiatement à la municipalité pour que celle-ci puisse l'améliorer.

II est convenu et compris que M. Lionel Baril consent à vendre, céder son aqueduc pourvu qu'on le rem­bourse de ses déboursés et aussi surtout pourvu que le conseil de la corporation fasse tout son possible d'hui [sic] à deux ans pour alimenter la population d'une eau douce potable (PVM, village, 21 février 1944).

La transaction fut donc rapidement conclue pour la somme de 7000$.

On construit un nouveau réseau

Devenue propriétaire, la municipalité a vite procédé aux

 

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travaux d'amélioration qui s'imposaient. Plus exactement, après avoir creusé un puits, on installa une station de pom­page sur le lot 10B du onzième rang Centre (aucun numéro civique); on construisit également un réservoir de 250 000 gal­lons sur le site actuel, rue Saint-Jean-Baptiste, qu'on relia par tuyaux au village. Enfin, on y raccorda les maisons.

Les premiers à bénéficier de ces améliorations furent les rési­dents des rues Saint-Jean-Baptiste et Saint-François-Xavier. Avant la fin de 1947 cependant, le réseau aura été prolongé sur une partie de la rue Saint-Jacques et sur la rue Richard.

Là-dessus, mentionnons que le contrat avait été octroyé à la Eastern Canada Construction de Sherbrooke, le 5 juillet 1945. À l'origine, les travaux devaient entraîner des déboursés de 28 500 $. En réalité, ils coûteront le double, comme permet de le constater l'adoption du règlement d'emprunt 165, le 26 août 1947.

 

Sitôt branché, le puits s'assèche

L'implantation du réseau ne s'est pas faite sans problème. D'abord sitôt branché, le puits s'est asséché. Dès lors, il a fallu en creuser un second, celui-là situé vis-à-vis du premier mais de l'autre côté de la rivière. En 1996, les structures de ciment abritant les pompes sont observables, pour l'un comme pour l'autre de ces puits, dans le onzième rang Centre, un peu avant l'intersection de la route 263. Mis à part le puits, le réservoir a aussi fait défaut. Le conseil a même poursuivre l'entrepreneur afin qu'il remédie aux problèmes d'étanchéité. Ce qui n'a rien réglé car en 1954, on dut en reconstruire un nouveau.

Quoi qu'il en soit, à la fin des années 1950, l'essentiel des rues du village étaient desservies par le nouveau réseau d'aqueduc, ce qui réglait la question d'approvisionnement. Le problème de la qualité de l'eau n'était cependant pas solutionné pour

 

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autant comme le précise Eugène Fortier, ex-surintendant de la municipalité 1 :

Le problème, c'est qu'à cette époque on prenait l'eau directement dans la rivière. Les jours de pluie, on pompait n'importe quoi : des poissons, des rats; un peu de tout venait se coller à la grille placée devant la succion des pompes qui aspiraient, entre autres, des quantités impressionnantes de boue.

Résultat : malgré la présence d'un chlorinateur, il n'était pas rare, en certaines périodes de l'an­née, que l'on ait de la fièvre après s'être risqué à consommer l'eau du robinet. On finira pour­tant par éliminer le problème quand, au milieu des années 1960, on change la façon de recueillir l'eau.

Des drains souterrains pour plus de qualité

C'est à ce moment que l'on adopte le procédé actuellement utilisé, c'est­à-dire un système de drains souterrains que l'on installe près de la ri­vière. Pour ce, il fallut relocaliser la prise d'eau que l'on retrouve depuis cette date dans le rang 12, sur le lot P-7E, le long de la route 263; le bâti­ment de la station de pompage (construite en 1972) est observable du chemin.

Entre-temps, on avait cependant abandonné la deuxième prise d'eau pour en aménager une troisième sur le lot 9D-1 du dixième rang (tout près du pont sur la route 263). L'expérience n'avait cependant convaincu personne, ce qui a entraîné la relocalisation de 1960. Du reste, dans l'esprit de M. Fortier et de plusieurs autres, cette dernière date marque un point tournant dans l'histoire du système d'aqueduc de

1   Propos recueillis auprès de M. Eugène Fortier en mai 1996.

 

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Princeville. Et la chose est d'autant vérifiable qu'à partir de ce moment, on ne constate pas d'autres changements majeurs si ce n'est des extensions de réseau.

Une dernière chose sur l'aqueduc de Princeville, en 1980, on revoyait le plan directeur pour le convertir au système métrique (décision du conseil).

L'aqueduc dans la municipalité de paroisse de Princeville

La municipalité de paroisse n'offre pas en tant que tel de ser­vice d'aqueduc si ce n'est dans le secteur de la rue Moreau et en quelques endroits sur la rue Demers.

En outre, la chose est en partie possible grâce à une entente de services, passée avec la Ville le 20 décembre 1994. Selon cette entente, la ville de Princeville est « responsable de l'achat, de l'entretien et de la réparation des biens meubles et immeubles et de l'exécution des travaux nécessaires à l'éta­blissement et à l'exploitation du système intermunicipal d'ali­mentation en eau potable ». Les coûts d'exploitation et d'ad­ministration sont, par ailleurs, « répartis entre les municipalités [...] selon leur consommation maximale respective ».

LE SERVICE D'ÉGOUT

Sauf exception, le long de la route de Saint-Louis, par exemple, aucune maison de la paroisse n'est, à ce jour, desservie par un service d'égout. Pour ce qui est du village, tant et aussi longtemps que l'équilibre écologique du ruisseau qui sillonne le territoire n'a pas été rompu par les déversements de la po­pulation, la question est demeurée absente des discussions du conseil. Ce déséquilibre va se produire en 1880, avec l'arrivée de la tannerie.

Cette dernière, en effet, vient grossir le volume des immondices du ruisseau avec le déversement de ses déchets, de ses égouts et de ses liqueurs de tanin. Du coup, le conseil avise l'entreprise (PVM, village, 6 mars 1882). Avant que ne se termine la décennie, elle va resserrer l'étau en adoptant un règlement interdisant pareil déversement (PVM, village, 5 août 1889). La population n'est guère disciplinée toutefois et un peu tout le monde n'en fait qu'à sa tête comme en témoigne cet avis :

Que l'inspecteur agraire soit notifié d'avertir tous les

 

Le réseau d'aqueduc: une priorité en 1996

Interrogé en octobre 1995 par Prince Express, le bulletin d'information de la ville, M. Bruno Vigneault mention­nait que son plus grand souci, à titre de surintendant, était le réseau d'aqueduc. « Chaque matin, disait-il, la première occupation du surintendant est la véri­fication de la pression et du débit d'eau à la station de pompage. De plus, tous les jours nous devons prendre un échantillon d'eau pour en vérifier le chlore. En outre, une fois la semaine, un échantillon est acheminé vers un laboratoire pour une analyse plus éten­due. En fait, de conclure M. Vigneault, notre premier travail, c'est dans la terre ».

À titre d'information, en 1948, le réseau de la municipalité avait une capacité quotidienne de 250,000 gal­lons, pour une consommation quoti­dienne de 75,000 gallons. En 1996, ces chiffres sont dans l'ordre : 1,5 mil­lion de gallons et 1,15 million de gal­lons. Par ailleurs, le réseau s'étend aujourd'hui sur une longueur de 28 kilomètres alors qu'en 1948 il s'al­longeait sur un peu plus de trois.

Toujours en guise de comparaison, on comptait en 1948,  20 bornes-fontaines contre 146 en 1996. Enfin, à l'époque, il en coûtait de 15 $ à 40 $ par logement alors qu'aujourd'hui on parle de 143,75 $ par unité de logement.

 

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propriétaires qui longent le cours d'eau du village de Princeville d'avoir à faire disparaître tous les cabinets d'aisance closets [...] ou autre nuisance qui s'écoulent dans ledit cours d'eau ainsi que de ne jeter aucune eau malsaine ou vidange de détritus [...] ou d'im­mondices (PVM, village, 4 juillet 1898).

En fait, les avis vont se répéter à la queue leu leu, avec plus ou moins d'effet, jusqu'à ce que le Ministère intervienne.

La municipalité est condamnée à construire un système d'égout En juillet 1938, les choses se corsent en effet. Le ministère de la Santé, qui écrit au conseil (29 juillet 1938) n'est pas content. À tel point, que le ton de la lettre est jugé « menaçant » par le maire en place, M. Georges E. Nadeau. Le fait est que les « déversements de puisards d'égout d'écuries, d'abattoirs et de porcherie » dans le cours d'eau du village restent monnaie courante. Pour être exact, la lecture des procès-verbaux laisse croire que celui-ci est devenu un véritable égout à ciel ouvert à même de favoriser la prolifération de maladies.

En novembre 1938, après une visite de l'inspecteur du Ministère, l'ordonnance tombe dru sur la table du conseil : la municipalité est condamnée à construire un système d'égout.

La population en désaccord

Du coup, le conseil tentera de faire annuler ladite ordonnance en prétendant « que le ruisseau peut être facilement aménagé de façon à ne pas violer les règles de l'hygiène et à recevoir les égouts ». De discussion en discussion, l'ordonnance finira effectivement par être levée. Le conseil n'en demeure pas moins conscient du problème et adopte en mars 1941 une résolution voulant qu'on charge un ingénieur de réaliser les plans et devis d'un réseau d'égout à Princeville. La démarche se rendra jusqu'à l'adoption d'un règlement en décrétant la construction. Mais la population, qui n'apprécie guère les taxes, refuse de donner son aval et le règlement est rejeté.

Ce faisant, la situation qui était déjà catastrophique continue de se détériorer. À l'été de 1943, une nouvelle intervention du Ministère est dans l'air. Face à celle-ci et devant le refus de la population d'accepter un service municipal d'égout, le conseil se tourne vers l'entreprise privée. Lune d'entre elles, la Compagnie de construction de Princeville, se montre intéressée à construire et à exploiter un réseau.

La population intervient à nouveau. S'il doit y avoir un réseau d'égout de construit, elle souhaite que celui-ci soit municipal. Deux requêtes, regroupant au total les deux tiers des con­tribuables, seront ainsi déposées le 7 septembre 1943. Et comme pour être sûr que personne ne change d'avis, trois jours plus tard, le Ministère émet une nouvelle ordonnance : on ne peut plus faire marche arrière. La partie est jouée, la municipalité aura son propre réseau.

La confection de plans et devis et l'adoption des règlements d'emprunt nécessaires étant complétées, on accorde le contrat à la Eastern Canada de Sherbrooke. Ladite compagnie sera également chargée au même moment de construire le pre­mier réseau d'aqueduc.

L'émissaire

Suivant les plans et devis préparés par les ingénieurs Crépeau, Lemieux et Côté, il fallut en outre construire un émissaire (canal d'évacuation). Réalisé par la Eastern Canada Construction au coût de 32 500 $, celui-ci permettait aux égouts du village de se déverser dans la rivière Blanche, sur le lot 14A du 7e rang Est, propriété à ce moment de Wilfrid Labrecque. Dans les faits, selon M. Fortier, qui avant d'être surintendant à la Ville avait occupé le poste d'opérateur de l'usine d'épuration en 1957, « tous les égouts du village étaient dirigés vers ledit emplacement par un tuyau de 15 pouces (38 cm) et se perdaient dans le bois l'on avait creusé un ruis­seau pour l'écoulement “.

L'usine d'épuration

Comme on peut s'en douter, cette façon de faire a généré sa part d'insalubrité et donc de problèmes. Aussi, on ne s'étonnera

 

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pas de voir une nouvelle fois intervenir le Ministère qui, le 4 août 1955, émet une ordon­nance. Le conseil n'est pas long à réagir et adopte en ce sens le règlement n° 198 autorisant la construction d'une usine d'as­sainissement des eaux usées; coût évalué des travaux: 66 000 $.

La construction achevée, tout n'allait pas être corrigé pour autant comme l'explique M. Fortier :

L'usine ne faisait que séparer l'eau des solides. L'eau entrait d'abord dans un grand bac l'on ajoutait des produits chi­miques. Puis, de là, elle était repompée dans un bac à ciel ouvert elle s'écoulait à travers du sable avant de se déverser dans un ruisseau. Ça n'avait rien d'extraordinaire si on considère les nombreuses plaintes que nous recevions, entre autres, des propriétaires de la plage Paquet pas contents des odeurs que dégageait le système. Sans compter que le problème s'amplifiait les jours de fortes pluies. À ce moment, puisque les égouts pluviaux et sanitaires n'étaient pas tous séparés, le volume d'eaux usées à traiter par l'usine devenait trop important. Par con­séquent, une bonne partie était déversée directement dans le cours d'eau Saint-Rosaire. Or, les eaux de la Coopérative contenaient entre autres du sang, des graisses et même des panses. Du coup, quand baissait le niveau de l'eau, ces déchets demeuraient accrochés au branches et finissaient de pourrir au soleil Z.

 

À la décharge de ceux qui imaginèrent le principe d'opération,

 

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il faut dire que l'usine d'épuration de Princeville était parmi les rares au Québec à ce moment, et la première dans la région. Ce qui explique qu'on ait pu assister à des situations assez inusitées. Par exemple, M. Fortier raconte qu'il y avait des gens qui venaient chercher les résidus d'égout dans le but de les étendre sur leur terre.

Quoi qu'il en soit, le besoin de corriger la situation s'est donc fait « sentir »  et encore davantage à partir de 1966 quand une décision du tribunal enjoignit la Ville de cesser tout déverse­ment d'égouts non traités dans le cours d'eau Saint-Rosaire (PVM, ville, 15 décembre 1983). Ce qui explique qu'à maintes reprises, on ait demandé des études pour corriger le problème, entre autres, lors des séances du 21 avril 1969 et du 2 août 1976.

Le germe de la solution définitive n'apparaîtra toutefois qu'en 1978 quand le ministre de l'Environnement de l'époque, Marcel Léger, lance un programme d'assainissement des eaux usées. Suivant ce dernier, les municipalités qui y adhèrent bénéficient d'une subvention pouvant atteindre 95 % du coût des travaux en plus d'une réduction permanente de 25 % de leur facture d'électricité pour l'exploitation des installations. Le conseil n'allait pas passer à côté d'une pareille occasion. Le 19 octobre 1984, après diverses études, il signe avec le Ministère une entente prévoyant la construction de nouvelles installa­tions au coût de 3,3 millions de dollars, incluant les travaux de réhabilitation du système en place. Dans les faits, la facture totale s'élèvera à 4,7 millions de dollars.

Cela dit, depuis cette date, aucune modification majeure n'est intervenue.

 

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La sécurité publique

(Corps de police et brigade d'incendie)

De l'origine des deux municipalités jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'organisation des services de sécurité sur le terri­toire de Princeville et de Princeville paroisse est demeurée plutôt rudimentaire. Du côté de la police d'abord, elle se limitait la plupart du temps à la nomination occasionnelle d'un constable dont la durée du mandat, aussi floue que partagée, variait d'un individu à un autre. La situation n'était guère dif­férente en matière de protection contre l'incendie les pre­mières décisions avaient pour but de nommer « un gardien des pompes »  au rôle, encore une fois, bien modeste en regard des obligations actuelles.

Le développement économique qui va s'enclencher à Princeville avec l'industrialisation viendra modifier le tableau, en forçant le conseil à structurer davantage la « machine » municipale et les services qu'elle dispense, dont ceux de la police et de la protection contre l'incendie.

Soulignons toutefois que le mouvement n'affectera que les services du village en tant que tels, ceux de la paroisse demeurant, encore aujour­d'hui, l'objet d'ententes avec la municipalité ou avec la Sûreté du Québec (dans le cas du ser­vice de police'). Cela dit, dans les pages qui suivront nous verrons d'abord les jalons qui ont marqué l'histoire du ser­vice de policé puis, dans un deuxième temps, ceux de la protection contre l'incendie.

Le constable d'abord

Ce qui frappe l'attention de celui ou de celle qui parcourt les premières archives munici­pales est la nomination rapide d'un constable, un peu comme s'il y avait urgence. Dans les faits, ces nominations répondent davantage à une procédure inspirée par l'Acte des municipalités et des chemins du Bas-Canada et les différents codes municipaux qui vont suivre qu'à un besoin réel. À ce titre, retenons qu'à l'origine le constable est d'abord nommé pour faire respecter l'ordre et la paix lors des séances du conseil. II était alors payé à la séance. Par exemple, en 1903, Napoléon Lacourse (dans la paroisse) recevait 0,75 $ par séance.

Éventuellement son mandat s'étendra à la surveillance de la vitesse des chevaux sur la voie publique et des bicyclettes qui ne peuvent circuler sur les trottoirs. Le constable s'assurera en outre que les hôteliers respectent la loi et que la vente des liqueurs alcoolisées se fait en conformité avec la réglementa­tion :

Qu'avis soit donné à l'homme de police Pierre Richard de visiter les hôtels [...] tous les soirs, entre 7 heures et 8 heures, du 1er novembre au 1er mai et du 1er mai au 1 er novem­bre entre 8 heures et 9 heures. (PVM, village, 2 août 1875).

Incidemment, il est à souligner qu'il n'est pas rare que la no­mination d'un constable coïn­cide avec l'adoption d'un nou­veau règlement sur la vente des liqueurs alcoolisées comme c'est le cas, par exem­ple, le 3 septembre 1888,

1        Depuis 1992, la municipalité de paroisse verse annuellement à la sûreté du Québec la quote-part nécessaire pour que celle-ci  couvre son territoire. À noter toutefois qu'au moment de notre recherche, le conseil étudiait la possibilité de recourir aux policiers de Princeville, ce qu'a refusé le ministre au début de 1997.

 

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quand le conseil procède à la nomination de Frédéric Cloutier. Enfin, parmi les tâches du constable à l'époque, on note la saisie d'effets mis en vente au marché sans autorisation. Après 1920, l'arrivée de l'automobile va accentuer leur rôle d'agent de circulation.     À ce moment, les doléances des con­tribuables qui se plaignent de la vitesse excessive des autos dans les limites du village émergent de plus en plus. À tel point d'ailleurs que le 4 juillet 1921 le conseil nomme un offi­cier spécial :

L'officier devra prendre le numéro de ces voitures automobiles ou le nom du chauffeur ou du conduc­teur et en faire rapport au conseil [...] [ il sera en ser­vice] de midi à 8 heures du soir, le samedi; le dimanche et les jours de fête, de 8 heures du matin à 8 heures du soir.

Le premier « officier spécial »  du genre fut Lucien Rochette, nommé justement le 4 juillet au salaire de 0,30 $ de l'heure. M. Rochette résignera ses fonctions quelques mois plus tard. D'autres officiers lui succéderont d'une façon plus ou moins régulière.

Cela dit, à l'époque, le mandat de constable est généralement jumelé à une autre fonction municipale :

[II est] résolu que M. Adélard Jacques soit nommé pour faire tous les services suivants : surveillance et soins de l'hôtel de ville, de la station de pompage, du système d'aqueduc, perception de l'eau, surveillance et maintien de la paix. (PVM, village, 18 septembre 1944).

Les premiers équipements

À l'origine, l'équipement du constable est ce qu'il y a de plus élémentaire :

Que le constable François Sylvestre soit autorisé à se faire faire un casque et un bâton dans le genre de ceux portés par les policemen de la cité de Québec et que ledit François Sylvestre soit autorisé à se servir dudit bâton quand besoin sera (PVM, village, 5 août 1872).

Éventuellement la municipalité lui fournira un manteau d'hi­ver. En 1926, viennent s'ajouter les menottes et le revolver. Enfin, selon ce qu'on peut déduire de la citation suivante, il dis­pose d'un costume complet dans les années 1930:

M. Cantin devra faire la circulation dans les rues cos­tumé les samedis et dimanches [...]. Chaque fois qu'il y aura du trouble, M. Cantin sera obligé de se rendre sur les lieux [...] pour maintenir la paix (PVM, village, 5 mars 1935).

Les locaux

On s'en sera douté, le constable ne dispose pas de locaux spé­cifiques. II opère à partir de chez lui. Néanmoins, on note depuis longtemps la présence de cellules, tantôt situées dans des endroits divers, telle une remise construite à cet effet au marché ou au sous-sol de l'hôtel de ville :

Que la bâtisse servant aujourd'hui à abriter les pom­pes soit à ce jour connue et employée comme lieu de détention pour les personnes appréhendées pour infraction à la paix publique ou pour vagabondage.

La rémunération

Le mode de rémunération du constable pendant cette période a de nombreuses fois été modifié, variant de la base annuelle à la base horaire en passant par la rémunération à la semaine et au mois. Ce qu'on retiendra surtout, cependant, c'est qu'il a également été fixé « à l'acte » :

Que Joseph Croteau soit nommé constable du village de Princeville et que la part des amendes pour chaque arrestation lui soit allouée comme salaire. (PVM, village, 4 avril 1881).

 

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[II est] résolu qu'Albert Côté soit nommé gardien de la paix avec une rémunération de cinq piastres pour chaque arrestation qu'il fera dans les limites de cette municipalité. (PVM, village, 31 mai 1923).

II est à remarquer d'ailleurs que ce dernier type de rémunéra­tion s'est prolongé au-delà de l'établissement du service de police en 1949, du moins en ce qui a trait aux amendes rela­tives à la circulation. Ainsi, en août 1953, le conseil nommait J. Maurice Talbot pour faire respecter « la lampe de trafic » (feux de circulation) et les zones de stationnement. Pour exercer son mandat, M. Talbot disposait d'un uniforme et d'une sirène. II était payé à raison de 1 $ par automobiliste pris en faute et qu'il réussissait à collecter. Son renvoi après de nombreuses plaintes coïncide avec la disparition de cette forme de rétribu­tion.

Le règlement 176 établissant «une force de police »

On le sait, l'après-guerre 1939-1945 marque les débuts de l'in­dustrialisation intensive à Princeville. L'activité au village est bourdonnante et accentue au sein de la population différents besoins dont celui d'un service d'ordre. Jusque-là, les élus se sont contentés de nommer des constables à la queue leu leu. Cette fois, le conseil va tenter de structurer la démarche. Pour ce faire, il va adopter, le 4 avril 1949, le règlement n° 176 « établissant une force de police » . Le geste est officiel; toute­fois il ne changera en rien la situation qui prévaut alors. Et il en sera ainsi jusqu'à la fin de 1963. Pendant toute cette période, en effet, le chef, souvent seul policier en poste, porte toujours plusieurs chapeaux dont celui de surintendant de la municipalité.

Le premier policier à temps plein

Aussi, la pression populaire continue de s'exercer et de réclamer la mise sur pied d'une véritable force constabulaire. Ce qui pousse le conseil, en 1954, à poser un certain nombre de gestes. D'abord, on embauche le premier constable per­manent de la municipalité, M. Maurice Daudelin à 45 $ / semaine. Ce dernier reste sous les ordres du surintendant Antonio Lacroix, considéré par le conseil comme le chef de police. On aménage aussi un local (le premier poste de police en tant que tel) au sous-sol de l'hôtel de ville. Enfin, le conseil décide de l'achat d'une auto de police, une « Meteor » sedan 1954 toute neuve. Malheureusement, Daudelin ne restera pas longtemps et l'on échangera l'auto de police en 1957 contre une camionnette.

Cet échange est assez significatif. II démontre sans ambiguïté que le service d'ordre, même s'il est réclamé par de plus en plus de contribuables, a du mal à s'imposer comme priorité à la table du conseil.

Après le départ de Daudelin, le conseil nommera un adjoint à M. Antonio Lacroix qui agit, entre autres, comme homme de police. Puis en 1961, il reprend l'idée de restructurer davantage le ser­vice, exercice qu'il avait quelque peu abandonné. II embauche alors deux policiers à temps partiel : Ferdinand Fournier et Gaston Cloutier. En outre, on leur loue une auto.

Le premier chef permanent à temps plein

De toute évidence, la situation ne s'améliore pas autant que la population le voudrait. Aussi cette dernière, en particulier la Jeune Chambre de commerce, qui suggère rien de moins que l'embauche de deux policiers à temps plein (PVM, village, 19 septembre 1963), continue-t-elle de faire pression sur le conseil. Celui-ci consentira finalement à recruter un premier chef à temps plein, en l'occurrence M. Gaston Cloutier, qu'il embauche le 19 décembre 1963. M. Cloutier prend alors la relève de Ferdinand Fournier (policier de fin de semaine), qui avait été nommé chef en mars 1963 en remplacement d'Antonio Lacroix, désormais affecté exclusivement à ses tâches de surintendant. Au moment de sa nomination, le salaire de M. Cloutier avait été fixé à 75 $ par semaine plus 60 $ par mois pour l'utilisation de son véhicule puisque le service n'en a pas.

Un chef sans indien

L'embauche d'un chef sans indien ne correspond pas à grand-chose. M. Cloutier ne suffit pas à la tâche et

 

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demande des renforts au conseil. Plus exactement, il souhaiterait avoir un assistant les fins de semaine. Les élus rejettent sa demande. Du coup, le chef Cloutier remet sa démission (27 avril 1965).

On le remplace alors par Maurice Dupont, un candidat imposé par le maire Talbot. Cette façon de faire d'ailleurs a suscité chez les conseillers Roger Bilodeau et Omer Raymond leur opposition. Ils reprochaient à M. Talbot d'avoir tardé à les avi­ser. Dans la population, on s'inquiétait surtout du fait que le candidat arrivait de l'extérieur. Le chef Dupont n'en sera pas moins nommé. II restera en fonction un peu plus de deux ans avant d'être congédié.

Entre-temps, la Ville avait recruté un second policier à temps plein et doté le service d'équipements supplémentaires dont : un véhicule de police (janvier 1966), un système de téléphone permettant de communiquer relativement rapidement avec le policier en devoir (février 1966) et un premier radar pour sur­veiller la vitesse des véhicules (20 juillet 1967).

Jacques Rivard, chef pendant plus de vingt-cinq ans

Le départ du chef Dupont amène à Princeville Jacques Rivard, qui reprend les guides du service et les conservera plus d'un quart de siècle, soit jusqu'en 1993. Voici, selon son témoignage 2, à quoi ressemblait le service à son arrivée :

 

2 Propos recueillis auprès de M. Jacques Rivard à son domicile en juin 1996.

 

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Lorsque je suis arrivé, le policier Ronald Rousseau était le seul policier en poste. Nos armes étaient de vieux 38 au canon quasiment croche. Le service des communications, quant à lui, était assuré par des « CB » [radio émetteur-récepteur] qui évoluaient sur la même fréquence que ceux de la voirie. Par ailleurs, quand l'un ou l'autre était en vacances, celui qui restait devait assurer le service tout seul, autrement dit, il devait rester à proximité du téléphone 24 heures par jour, 7 jours par semaine, « au cas où ».

Essentiellement, nos tâches se résumaient à ce moment à la surveillance de la circulation, à celle de la caisse populaire et de la banque, au maintien du service d'ordre lors de funérailles ou autres manifes­tations et à la surveillance des jeunes.

Peu de temps après son arrivée, on procédera à l'embauche de « constables spéciaux » dont Gérard Lecomte, Laurent Sévigny, Robert Bilodeau et Ferdinand Fournier qui donneront un coup de main les fins de semaine. Lesdits constables disparaissent avec l'apparition des constables réguliers quelques années plus tard.

1970, une décennie de développement

Au début de la décennie 1970, le service de police de la Ville de Princeville a franchi l'étape embryonnaire et est sur sa lancée. Un troisième policier à temps plein est venu grossir les effectifs en 1971; un quatrième se joindra au groupe en 1974. Mis à part ces faits, la décennie apportera un système de com­munication entièrement dédié au service et qui permettra en outre de communiquer directement avec les autres corps policiers de la région 04, un atout dans le cadre de poursuites en automobile. Au chapitre des faits marquants, on note également la signature d'une première convention de travail entre la Ville et la Fraternité des policiers en mars 1974 et la suspension du chef Rivard.

Ici, l'événement mérite d'être expliqué un tant soit peu. En réalité, la suspension du chef intervient après une altercation,

dont le sujet reste anodin, avec le maire Talbot. Le problème, c'est que M. Talbot appréciait au plus haut point que l'on soit de son avis et, par conséquent, souffrait de toute opinion con­traire. II était également réputé pour son tempérament parti­culièrement bouillant. Aussi, était-il fréquent qu'il soulève l'ire de certains éléments de son entourage. Tous, cependant, n'é­taient pas en position de répondre. Aussi, la plupart s'abste­naient sans nécessairement se soustraire à la médecine du magistrat.

Le chef Rivard s'opposa donc au maire Talbot qui le suspendit aussitôt sans même prévenir le conseil. « M. Talbot, incidem­ment, n'en était pas à sa première décision du genre ». M. Rivard n'en resta pas et demanda à la Commission de police du Québec de trancher la question, entre autres, parce que le maire avait procédé sans l'accord des élus. M. Talbot ne se présenta pas devant la Commission qui rendrait sa décision en faveur du chef Rivard. Du coup, la Ville fut contrainte de rem­bourser les frais encourus de même que le salaire perdu par le chef.

Menace d'abolition

La décennie 1980 sera marquée, quant à elle, par une série d'événements. Le premier en tête de lice est la menace de dis­solution du service. Cette dernière était-elle fondée ou non? II ne nous a pas été possible de le préciser. D'une part, il y a bien quelques requêtes de citoyens demandant que le service soit aboli sous prétexte qu'il coûte trop cher. Par contre, on ne peut passer sous silence le fait que celles-ci interviennent alors qu'on est en train de négocier la nouvelle convention avec la Fraternité des policiers.

Ceci dit, au cours des années 1980 qu'on instaure le service de nuit dont l'implantation va provoquer une augmentation sub­stantielle des effectifs. Enfin, et la chose pourra peut-être en étonner quelques-uns, en septembre 1987, on adopte l'horaire de travail de 8 heures à 16 heures, cinq jours par semaine pour le directeur.

 

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Portrait en 1996

En 1996, le service de police de Princeville est dirigé par Yvan Masse, ex-policier de la Sûreté du Québec, qui a pris la relève d'Yves Maher nommé en 1994 et en poste pendant un an. Mis à part le directeur, on y dénombre six policiers perma­nents, deux policiers temporaires et une secrétaire. Parmi les agents, on note la présence d'une première policière, Mme Josée Gagné, recrutée en 1993.

Les équipements n'ont plus rien à voir avec le bâton et le casque du constable Sylvestre nommé en 1872. Aujourd'hui, le service dispose de deux autos patrouilles munies de grilles protectrices. Les communications sont désormais assurées par radio-téléphone avec brouilleur d'ondes; en outre, le service est relié au Centre de renseignements policiers du Québec (CRPQ). Les policiers sont également équipés de revolvers 357 magnum, de marque Smith ET Wesson et disposent d'un fusil de calibre 12/VH. On retrouve enfin dans chacun des véhicules une veste pare-balles.

Situés dans l'édifice de l'hôtel de ville, les bureaux du service de police comportent une salle d'identification (de bertillon­nage), une salle de pièces à conviction et deux cellules uti­lisées uniquement dans le cadre de détentions préventives ou temporaires.

La protection contre l'incendie dans la paroisse et au village

 

D'entrée de jeu, rappelons que pas plus qu'un corps policier,

 

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la municipalité de paroisse n'a eu de brigade d'incendie. En fait, tout au long de son histoire, elle a utilisé les services du village. En outre, depuis 1988, elle contribue à la « Régie inter­municipale des incendies de Princeville ».

Au début, donc, la paroisse s'en remettait aux équipements du village. Évidemment, la chose ne se faisait pas sans que cer­taines conditions ne soient respectées :

Lorsqu'il y aura demande de pompe à incendie dans la paroisse et que ça sera sur demande d'une per­sonne solvable et de nécessité urgente, que le secré­taire-trésorier soit autorisé de la laisser avoir aux con­ditions suivantes : que celui qui demande la pompe soit obligé d'emmener le gardien pour en prendre soin et qu'il soit obligé de le payer et de plus de payer [...] cinq piastres et s'il y brise quelque chose à la pompe ou aux boyaux, qu'il soit obligé de payer pour radouer. (PVM, village, 14 septembre 1908).

Malgré tout, le village pouvait refuser de laisser sortir la pompe. Qu'arrivait-il à ce moment? Nous n'avons pu repérer d'indications à cet effet. Une chose est sûre, en pareille occa­sion, les victimes avaient peu de chance de limiter les dégâts d'autant que la paroisse a rarement été propriétaire d'équipement. Pour être exact, la seule fois que nous ayons constaté une acquisition en ce sens remonte à 1956 alors que le conseil autorisait l'achat d'une pompe de 1872 $. Entretenue, entre autres, par Eusèbe Allard et Raoul Paquet en des temps différents. Celle-ci fut remisée au Fenil à partir de 1975. Remarquez que l'acquisition de cette dernière n'a pas empêché la paroisse de faire appel à la Ville et même à Plessisville, dans le cas du secteur nord-est de la municipalité. II va de soi qu'on ne s'est pas toujours entendu sur la facture. Par exemple, en novembre 1964, le conseil de la municipalité refuse de payer Princeville, dont la brigade s'est rendue sur le territoire de la municipalité de paroisse pour éteindre un feu d'automobile. Le conseil allègue que le propriétaire du véhicule n'est pas l'un de ses contribuables.

À titre d'indication, il en coûtait à ce moment à la municipalité 35 $ pour la première heure d'utilisation du camion pompe de Princeville et 15 $ l'heure pour les heures ou fractions d'heure supplémentaires. Cette tarification à l'heure a été maintenue (seuls les tarifs ont changé) jusqu'à l'avènement de la Régie intermunicipale en 1988, régie à laquelle participait à part entière la municipalité de paroisse.

Au village

Bien que très tôt dans l'histoire de Princeville la protection contre l'incendie ait été une préoccupation de premier plan, les moyens pour lutter contre l'élément dévastateur sont demeurés rudimentaires pendant près d'un siècle.

Cette situation peut être directement reliée aux moyens limités de la municipalité. II va de soi également que les problèmes d'ap­provisionnement en eau y ont été pour quelque chose. De fait, avant 1911, il n'y avait que la citerne située sur le terrain de Léon Pepin, au centre du village, pour alimenter de façon continue les pompiers. Après cette date et avant 1943, l'aqueduc du notaire Feeney a pu améliorer quelque peu la situation. D'après une dé­claration du chroniqueur de L'Union, le 19 avril 1934, il ne semble pas qu'il soit d'une quelconque utilité à ce chapitre :

Notre village est-il suffisamment protégé contre l'in­cendie? Emphatiquement, il faut répondre non! À défaut d'aqueduc municipal qui serait désiré, il faudrait de toute nécessité au moins un petit corps de pompiers volontaires.

Pourtant, les risques étaient grands. Nombre de propriétaires de maison, par esprit d'économie, utilisaient des tuyaux de tôle en guise de cheminée plutôt que de s'en remettre à une construction en brique. Les paratonnerres n'étaient pas la norme non plus. II y avait également la négligence des citoyens que devait sans cesse prévenir le conseil, entre autres, en exigeant de ceux qui pèlent du bois de pulpe qu'ils nettoient leurs écorces. « Un danger d'autant plus grand que la cheminée de la manufacture de chaises libère des étincelles » (PVM, village, 15 juin 1914).

 

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Faute de moyens adéquats, on impose des règlements

Faute de moyens adéquats, les élus ont donc vite fait d'adopter divers règlements assurant un minimum de sécurité. L'obligation justement de construire des cheminées en brique et de tenir sa cour exempte de débris d'écorce sous peine d'amende sont parmi les mesures faisant suite auxdits règle­ments. L'un de ceux-ci, plus élaboré encore, prévoit même les conditions à respecter par une « manufacture mue par la vapeur » qui désirerait s'implanter :

La bâtisse doit être à un arpent de la bâtisse la plus rapprochée [...] Le tuyau doit avoir 75 pieds [...]. La bâtisse doit être couverte de tôle ou fer blanc [...]. Avec des plates-formes sur la couverture seront tenus six quarts vides qui devront continuellement être remplis d'eau [...]. II devra y avoir une douzaine

de chaudières [...]. Deux échelles sur le toit, deux échelles sur la bâtisse [...] La chambre de la bouilloire sera en brique [...]. Continuellement un homme pour surveiller la chambre de la bouilloire et de l'engin quand la manufacture sera en opération (PVM, vil­lage, 12 août 1905).

Les équipements du village

Les équipements pour lutter contre les incendies sont demeurés modestes pendant des décennies pour ne pas dire pendant près d'un siècle. À peu de choses près, ceux­-ci se résument à : une pompe, une voiture et une sleigh pour la transporter, des seaux, des boyaux et des échelles. Encore qu'au sujet des échelles, les citoyens étaient tenus d'en avoir deux : une appuyée sur leur maison et l'autre sur le toit.

 

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En 1921 une nouvelle pièce d'équipement fait son apparition : l'extincteur chimique. Le village en acquiert un (150 $) d'une capacité de vingt gallons de la compagnie Fire Equipment Limited de Montréal. II achète en même temps deux gallons d'acide sulfurique et 100 livres de bicarbonate de soude pour le remplir après utilisation. Aussitôt acquis, ledit extincteur est envoyé à la manufacture de chaises... (PVM, village, octobre et novembre 1921).

L'entretien de la pompe et son déplacement sur les lieux d'incendie

L'entretien de la pompe, son remisage et son déplacement étaient généralement sous la responsabilité d'un individu : Que les soins et l'entretien de la pompe à feu soient donnés à Frank Pépin pour une année  pour le prix et somme de 25 piastres à la condition qu'il tienne la pompe en bon ordre toujours prête à fonctionner en tout temps, la mette dans une place convenable et être le premier à aider aux incendies, à faire manoeu­vrer la pompe, faire sécher les hoses quand elles auront servi (PVM, village, 6 avril 1908).

Tout ces éléments composaient sans doute un service de base mais offraient, il faut l'admettre, une protection bien limitée. C'est à tout le moins l'avis de contemporains de l'époque :

Que dire [...] de notre système de protection contre l'incendie? II est actuellement plus antique qu'il y a cinquante ans. (L'Union, 24 janvier 1935, chronique de M. Lehoux).

La naissance d'un véritable service de protection

Au début des années 1940, un ensemble d'éléments vont con­verger et favoriser la mise en place d'un véritable service de protection contre l'incendie.

D'abord, il y a la guerre qui fait rage. Or le conseil, et la chose étonnera ceux pour qui elle reste une abstraction, craint les raids aériens de l'ennemi (PVM, village, 3 mai 1943) et les

 

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incendies qui en découlent, d'où un intérêt accru pour la pro­tection contre les incendies 3. D'autre part, il y a l'idée de cons­truire un réseau d'aqueduc municipal pour combler les lacunes graves du réseau privé qui fait son chemin : en procédant, on réglerait du même coup la question d'approvisionnement en eau lors d'un incendie. Enfin, le développement industriel du village s'est mis en branle; or, les industries ont besoin d'eau et de protection contre l'incendie. Bref, tout converge.

Aussi, la question s'impose définitivement auprès du conseil. À la séance du 16 septembre 1943, les élus dégagent des fonds pour acquérir de l'équipement et faire construire « une station pompe ». Située à peu de chose près sur le terrain du 250, rue Saint-Jacques Ouest, celle-ci deviendra en réalité le premier « poste de pompiers » de Princeville. Au moment de la réalisation des travaux qui ont entraîné une dépense totale de 4 400 $, la municipalité a bénéficié d'une subvention de 3000 $ versée par le ministère du Travail.

Éventuellement, on installera une sirène sur l'édifice en rem­placement du sifflet de la Princeville Furniture. C'est la com­pagnie de téléphone qui est chargée de donner l'alarme. Suivant le nombre de coups qui se font entendre, l'incendie est dans le haut ou le bas du village. Pour le reste, on suit la fumée.

L'escouade de pompiers volontaires

La station-pompe bien en place, la construction de l'aqueduc municipal suivra de près. Dès lors, il ne manque plus qu'une escouade bien structurée de pompiers volontaires. Le conseil tardera tout de même un peu avant de procéder à sa mise sur pied. Ainsi, il faut attendre au 1er février 1954 avant que la chose ne se réalise. On nomme alors Pierre Harvey (PVM, vil­lage, 1er février 1954) au poste de chef de la brigade, ce qui en ferait le premier chef du corps de pompier de Princeville dans

3 Pour profiter d'une aide en cas de désastre causé par un raid aérien, le village conclura alors une entente avec le service des incendies de Victoriaville.

 

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sa forme actuelle. Toutefois, le mois suivant, M. Harvey est remplacé par Paul Poirier (PVM, village, 1er mars 1954). Ce dernier le sera à son tour par Antonio Lacroix, également surinten­dant.

À ce moment l'escouade des pompiers est composée de : Arthur Bernier, sous-chef, Roméo Sévigny, Clément Béchard, Jos Côté, Richard Caouette, Bruno Coulombe, Oliva Gagné, Adrien Lizotte, Claude Poulin, Maurice Caouette, Claude Dusseault et René Saint-Pierre. Le salaire de chacun est fixé à 1 $ de l'heure.

La caserne et le premier camion

L'achat du premier camion-pompe viendra moins de deux après quand, à la séance du 5 décembre 1955, le conseil accepte la soumission de la compagnie Pierre Thibault de Pierreville pour l'achat d'un Dodge 1955 (toujours en opéra­tion en 1996) au montant de 16 000 $. Enfin, en 1964, à la suite de la construction du nouvel hôtel de ville, on y amé­nagera la caserne des pompiers, qui s'y trouve toujours en 1996.

Depuis cette date, on retiendra surtout les change­ments de chefs, l'addition de nouveaux camions et la mise en place d'une régie intermunicipale d'incendie.

Les chefs

Entre 1963 et 1996, pas moins de cinq chefs de brigade se sont succédé. En 1963, François Côté, alors opérateur du camion-pompe, prend la relève d'Antonio Lacroix qui doit céder sa place puisqu'il est déjà surintendant de la municipalité et qu'à ce titre, le rôle de chef de brigade est incompatible. De fait, le surintendant doit d'abord surveiller le volume des réservoirs; il ne peut donc par conséquent se rendre sur les lieux d'un incendie (PVM, village 21 mars 1963). En réalité, M. Lacroix avait démissionné le 14 mars.

En 1964, c'est Clément Béchard qui prend la relève. II sera toutefois forcé de démissionner en 1967 À l'instar du chef de police, Jacques Rivard, il a tenu tête au maire Talbot, ce qui a provoqué son renvoi. Un geste, du reste, que n'ont guère apprécié nombre de contribuables qui se sont chargés de le faire savoir au maire, en le prenant à partie lors de la séance du 11 mai 1967. M. Béchard reprendra ses fonctions en 1969 quand il remplacera celui-là même qui l'avait relayé, soit Alfred Mailloux. À partir de cette date, il restera en poste jusqu'en 1990 alors que lui succède le chef actuel, Denis Hunter.

Entre-temps, la Ville aura acquis (avril 1973) deux nouveaux camions, soit un camion-citerne au prix de 28 800 $ et une autopompe pour la somme de 38 800 $. Elle aura aussi mis sur pied avec la municipalité de paroisse de Princeville la « Régie intermunicipale des incendies de Princeville » en août 1988 (règlement n° 426-88).

 

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État des effectifs en 1996

En 1996, la brigade était formée d'un chef, d'un adjoint, d'un capi­taine, de trois lieutenants, de trois équipes de pompiers volontaires et de trois substituts, soit un total de 18 personnes. La rémunéra­tion était fixée en fonction des gardes, des sorties et des pratiques. Le groupe avait, par ailleurs, à sa disposition : deux autopom­pes, un camion-citerne, une unité de secours, trois pompes portatives, 12 masques respiratoires à oxygène (au charbon en 1960, ce qui était plus dangereux que sécuritaire) et une piscine de 7000 litres.

 

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La cour municipale

Depuis le 26 avril 1995, date de la première séance, la ville de Princeville bénéficie d'une cour municipale.

II y avait longtemps que la chose était souhaitée. On note ainsi, à la séance du 30 octobre 1963, que le conseil évalue la possibilité de procéder en ce sens. II n'y eut cependant pas de suite au projet. En 1972, 1982 et 1990, on envisagea, par ailleurs, de joindre la cour municipale de Plessisville. Mais, là encore, le projet demeura lettre morte. Finalement, le 5 octo­bre 1992 les élus en place adoptèrent le règlement 486-92 qui instituait la cour municipale de Princeville. Ledit règlement fut approuvé par le ministre le 15 juin 1993 et le décret publié le 13 avril 1994.

Le premier juge nommé, Me Jules Bellavance, le fut à titre intérimaire le 11 mai 1994. En novembre 1995, Me Claude Caron accéda au poste de juge permanent.

En 1997, la cour municipale de Princeville jugeait surtout des causes relatives à des infractions aux règlements municipaux et au Code de la sécurité routière.

 

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L'enlèvement des ordures (déchets)

L'histoire de la procédure d'enlèvement des ordures à Princeville et Princeville paroisse fait état de deux époques : avant la municipalisation du service et après.

Avant la municipalisation, chaque « chef de maison » devait brûler ses ordures ou les enfouir sous au moins un pied de terre. On pouvait également s'en servir à titre de compost. Mais là encore, les contribuables étaient tenus de les recouvrir de terre ou de cendre. Ce faisant, on se conformait à la Loi sur l'hygiène publique du Québec sanctionnée en 1922 et qui a régi les municipalités, à ce chapitre, jusqu'en 1970.

Grosso modo, ladite loi interdisait à toute personne « de tolé­rer, autour de sa maison ou sur un terrain dont elle avait la charge, des accumulations de matières animales ou végétales de rebut ou en décomposition ». II était également interdit de jeter des ordures dans la rivière, dans un ruisseau ou dans un puits. Dans cet ordre, la municipalité devait pourvoir à l'en­lèvement des déchets ou, encore, s'assurer que ses concitoyens le fassent selon la procédure établie.

Cette façon de procéder pour les contribuables s'est prolongée jusqu'à ce qu'on municipalise l'enlèvement des ordures, c'est­-à-dire jusqu'en 1947 au village et jusqu'en 1973 dans la paroisse.

Adoption du règlement numéro 138 au village

Au village, on commence à parler de municipalisation du ser­vice d'enlèvement des ordures en 1942. On envisage alors l'achat d'un site pour y aménager un dépotoir. La transaction se concrétisera le 17 juin 1943. À cette date, le village se porte acquéreur d'une lisière de terrain (lot 15B) appartenant à Georges-Étienne Nadeau dans le sixième rang. L'emplacement qu'on acquiert alors dispose d'une surface de 20 000 pieds carrés qu'il faudra rapidement agrandir (1949).

En même temps qu'il décide de l'achat du terrain, le conseil adopte le Règlement 138 concernant l'enlèvement des vidanges dans le village de Princeville. Suivant ce dernier, le terme vidanges exclut les feuilles, les engrais et les débris de cons­truction. Ledit règlement précise, par ailleurs, que toutes les maisons et tous les commerces seront desservis. Par contre, l'église, les écoles et les manufactures devront assurer elles­-mêmes le transport de leurs déchets au dépotoir. Dernier détail, selon le règlement, personne n'a le droit de fouiller dans les ordures.

Les premiers équipements

Nous n'avons pu éclairer la situation, mais il semble que le ser­vice d'enlèvement des ordures annoncé en 1943 n'a vérita­blement été mis en place qu'en 1947 À cette date, Hormidas Saint-Cyr obtient ce qui paraît être le premier contrat d'en­lèvement, pour la somme de 1 170 $.

On a d'abord utilisé des voitures qui devaient être étanches et recouvertes d'une toile. Dans les faits cependant, bien sou­vent celles-ci ne respectaient pas les normes, ce qui a obligé le conseil à intervenir à maintes reprises. Au début, on a parlé de « camion ouvert », c'est-à-dire dont la benne est à ciel ouvert. Vers 1960, les « camions tasseurs » commencent à faire leur apparition.

Le dépotoir

Le site d'enfouissement de l'époque était désigné sous le nom de dépotoir. En réalité, il s'agissait d'un immense tas de déchets sur lequel on entassait les ordures avec un bélier mécanique avant de les brûler pour limiter la croissance du site. Cette façon de faire avait l'heure de déplaire à nombre de riverains :

 

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Les gens du voisinage se plaignent du terrain de vidanges de la ville de Princeville à l'effet que sur cedit terrain on y met le feu très souvent et que c'est très incommodant tant par la fumée qui se dégage que pour la vermine qui se dirige vers notre propriété (PVM, paroisse, 3 septembre 1968).

Remarquez que ce n'était pas les seules choses dont on se plaignait au sujet du dépotoir. Nombre de plaintes, en effet, font état de la pollution des environs. Ce qui se passe, c'est que compte tenu que le site n'est accessible que selon un horaire fixe, ceux qui se présentent en dehors de celui-ci et qui se butent sur une barrière fermée, laissent leurs déchets à proximité plutôt que de les ramener avec eux.

Pour contrôler la gestion du site et limiter les plaintes, le conseil embaucha en 1961 un gardien de dépotoir, également garde-feu à l'occasion. Selon nos recherches, Armand Turgeon aurait été le premier de la lignée. Son embauche, tout comme celle de ses suc­cesseurs, n'a cependant pu remédier à la situation et les plaintes ont continué d'affluer. Entre autres, en septembre 1968, le conseil de la paroisse mettait en demeure le conseil de la ville « de se con­former à la Loi d'hygiène de la province »  et d'enfouir ses déchets comme le stipulait la loi depuis un certain temps.

Le conseil de la paroisse s'implique

 

Le site acquis en 1943 était de dimensions particulièrement modestes. Aussi, a-t-il rapidement atteint sa capacité limite. On chercha donc à en repérer un nouveau dès 1965. En 1969, alors qu'on cherchait toujours une solution, le conseil de la paroisse, dont les contribuables utilisaient déjà le site de Princeville, se joignit aux discussions.

On en vint à une entente le 8 septembre 1970. Celle-ci prévoyait l'aménagement d'un nouvel espace sur le lot 19 du sixième rang. Toujours suivant l'accord intervenu, la Paroisse devait fournir gratuitement l'emplacement nécessaire et con­tribuer à son aménagement pour une somme de 600 $. En outre, elle s'engageait à entretenir le chemin y conduisant. Cela dit, aucune autre ville ne devait avoir accès au site.

Bien que tout semble réglé, ce dernier n'ouvrira jamais. En fait, la Direction générale de l'hygiène a tout simplement refusé d'approuver le projet. Aussi, à partir de 1971, la ville dirige ses ordures vers le site de Plessisville. On procédera de la sorte jusqu'en 1979. À cette date, Patrice Jacques, qui détient le con­trat d'enlèvement, vend ses droits à la firme Jacques Gaudreau inc. Comme celle-ci est propriétaire d'un site à Saint-Rosaire, les déchets de Princeville prennent dès lors cette direction.

Entre-temps, le site de Princeville sera officiellement fermé par résolution du conseil le 1er  septembre 1973, soit au moment même où la paroisse implante un service de collecte. Le 10 mai 1978, par ailleurs, entrait en vigueur de nouveaux règle­ments « relatifs à la gestion des déchets solides » promulgués en vertu de la Loi de la qualité de l'environnement. Incidemment, lesdits règlements favorisaient la gestion en régie intermunici­pale.

Le dépotoir de Victoriaville dans les limites de la paroisse Avant de conclure sur les dépotoirs, il est nécessaire de rap­peler qu'au cours des années 1950, la ville de Victoriaville a maintenu, dans les limites de la paroisse, un dépotoir munici­pal. Le conseil, toutefois, n'a pas tardé à réagir pour mettre fin à la situation. II enclenche ainsi, en avril 1957, des démarches qui aboutiront près de quatre ans plus tard, soit en février 1961, quand la cour tranche finalement en faveur de la paroisse.

La récupération

Nos descendants devront retenir que le mouvement de récupération des matières récupérables et recyclables au Québec est né dans la région et que Princeville, de même que la municipalité de paroisse de Princeville, comptent parmi les premières à y avoir adhéré.

Résumons les faits. À la fin des années 1970, il y a déjà quelque temps qu'un professeur de la Commission scolaire régionale des Bois-Francs, M. Normand Maurice, fait la promo­tion, dans la région, de la récupération. Attaché à la cause des

 

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« laissés-pour-compte »  (les non certifiables du système d'édu­cation à l'époque), il voit dans le mouvement un moyen de faire d'une pierre deux coups : procurer de l'emploi à ces non certifiables et protéger l'environnement.

Ce faisant, en 1977, M. Maurice met sur pied, avec des parte­naires dont le Mouvement Desjardins, l'Église, et la Commission scolaire régionale, « Récupération Bois-Francs ». L'organisme, qui ouvrira le premier centre de tri sur le territoire, inaugure également les premières collectes sélectives dans le milieu.

Cela dit, l'influence de M. Maurice est grande dans la région d'autant qu'au Québec on commence déjà à le voir comme « le père de la récupération ». Dans quelle mesure a-t-elle prédisposé les décisions de nos deux conseils municipaux? Nous ne saurions le dire exactement. Mais il est clair, à la base, qu'elle en reste indissociable :

Attendu que la récupération à la source des déchets a été développée dans les Bois-Francs à partir de Récupération Bois-Francs inc. et que cette pratique s'étend progressivement à toute la région [...] (PVM, ville, 22 juin 1981).

Quoi qu'il en soit, en 1980, les conseils de la ville et de la paroisse demandent donc au ministre de l'Environnement de reconnaître la région comme zone expérimentale en matière de récupération. Du coup, l'une et l'autre munici­palités voudront encourager la collecte des matières récupérables sur leur territoire respectif. À ce titre, dans les premières années, elles verseront aux scouts' de Princeville des subventions permettant à ces derniers de mettre en place les premiers mécanismes (bac commun) de récupéra­tion sur le territoire.

En décembre 1983, Récupération Bois-Francs tentera de con­vaincre les deux municipalités d'implanter la collecte sélective de porte en porte. La tentative échouera d'abord. Puis en 1986, le conseil acceptera en accordant un contrat de neuf mois à la firme Jacques Gaudreau. C'est fait : le service est désormais municipalisé.   II en sera de même en 1988 dans les limites de la paroisse.

L'apparition des bacs roulants

 

Enfin, en 1996, les deux municipalités (la paroisse d'abord) adhéraient au principe de collecte par alternance. C'est-à-dire qu'une semaine on procède à l'enlèvement des matières récupérables et la semaine suivante, à celle des matières que l'on dirige vers le site d'enfouissement. C'est à partir d'ici que l'on voit systématiquement apparaître dans le décor les bacs uniformes pour les matières récupérables. Quant aux con­tenants utilisés pour les déchets, si l'utilisation du bac n'est pas encore obligatoire, elle tend à se standardiser.

2        Incidemment, le professeur Maurice a d'abord éveillé les jeunes à qui il enseignait (dont nombre de Princeville) aux valeurs de la récupération et du recyclage. Du coup, ceux-ci ont joué un rôle des plus importants à titre de diffuseurs au sein de la population. Ce qui explique l'implication des scouts à Princeville.

 

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Les loisirs et la culture

L'époque des contributions et des prêts de salle

On se doute bien que l'organisation des loisirs et de la culture sur le territoire de nos deux municipalités, au moment de leur formation, n'apparaissait pas au chapitre des priorités. Dans les faits, il faudra attendre plus d'un siècle avant qu'elle ne devienne une véritable préoccupation municipale. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'on ne se soucie pas de la ques­tion, bien au contraire. Tant au village que dans la paroisse, on collabore sur une base régulière avec le milieu. On le fait de différentes façons mais surtout à partir de contributions financières et de prêts de locaux, dont le prêt de la salle muni­cipale.

Parmi les organismes ayant profité de ces appuis à divers moments, on note, par exemple : la Société d'amateurs du vil­lage de Princeville (1875)' qui organisait des soirées dramatiques, le Club littéraire de Princeville (1878), le Cercle des fer­mières, les Vues animées (1931), le Cercle agricole (1934), la salle de pool (1937), la fanfare (1940), le Cercle Lacordaire (1941), la Chambre de commerce (1943), l'Association sportive de Princeville (1946), les Chevaliers de Colomb (1947), le tir à l'arc (1953), la Garde paroissiale (1961), les Protecteurs des scouts (1961) et le Club des soirées récréatives (1963).

La création de l'OTJ : un premier pas sur la voie de la munici­palisation

En 1948, l'idée d'offrir des loisirs aux jeunes fait de plus en plus son chemin. À l'échelle nationale d'abord, comme on peut le constater dans l'encadré « Les loisirs, une préoccupa­tion nationale », on y voit un moyen de favoriser la réhabilita­tion sociale. Sur le plan local, nombreux sont ceux qui sont d'avis qu'« il faut vite occuper les jeunes ». Pour un, le corres­pondant du journal L'Union, M. Lehoux, ne rate pas une occasion de le signaler.

 

Le 5 janvier 1948 un groupe de contribuables dépose ainsi une requête au conseil pour qu'on autorise la for­mation de l'« Oeuvre des terrains de jeux » (OU) à Princeville :

Tel que demandé par une requête déposée par les contribuables, il est résolu d'approuver la formation du club de formation sociale et sportive de notre jeunesse sous le nom de l'« Oeuvre des terrains de jeux de Princeville ».

L'OTJ sera, en tant que tel, un organisme autonome détaché de la municipalité. Comme nous allons le voir toutefois sa création n'en constitue pas moins le premier jalon de la municipalisation du service.

Les dates indiquées entre parenthèses font référence à l'année l'on constate une ou des mentions relatives à l'organisme dans les procès-verbaux municipaux. Elles sont fournies à titre indicatif pour que le lecteur ou la lectrice puisse se faire une idée des organismes de l'époque.

 

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Achat d'un terrain pour l'aménagement d'un parc

D'abord, ce qui n'a rien du geste symbolique, le conseil accepte dès le départ et sur une base régulière de contribuer financièrement à l'organisme. Mis à part, il s'implique directement dans l'achat d'un terrain destiné à devenir le parc de l'OTJ. Ce faisant, il n'y a pas de doute : la municipalité se sent tout à fait concernée par les loisirs des jeunes.

La Commission municipale des loisirs

Une douzaine d'années plus tard, soit en 1966, Princeville va plus loin et met sur pied, à la suite de l'adoption du règlement n° 4, la « Commission municipale des loisirs ». Ce sera la con­sécration de la procédure de municipalisation. D'autant qu'avec la création de l'organisme, on voit apparaître au bud­get un poste qui lui sera rattaché. Au début, on parlera d'un montant de 10 000 $ qui profitera, entre autres, à la patinoire, aux terrains de tennis (2), aux terrains de jeux, au hockey et au baseball mineur.

Essentiellement, la Commission avait pour mandat d'organiser les activités récréatives dans la ville. Elle était, en outre, chargée de voir à la surveillance complète des terrains de jeux et des loisirs. Au début l'assemblée de ses membres était cons­tituée du maire, d'un conseiller et de cinq personnes assignées par le conseil. Parmi ses premiers représentants, on note ainsi Hervé Lafrance, Ovide Longchamps (conseiller), Nelson Grégoire (conseiller), Alphonse Labrecque, Claude Dusseault, Rolland Bergeron et Mathias Therrien.

Les loisirs, une préoccupation nationale

 

En 1948, au moment où l'on fonde l'Oeuvre des terrains de jeux (OTJ) à Princeville, il y a déjà un moment que le gouvernement tente d'intéresser les municipalités aux loisirs dans lesquels il voit une forme de réhabilitation sociale. Et s'il en est ainsi, c'est juste­ment que le Québec d'alors est forte­ment secoué socialement et éprouve d'importants problèmes de bien-être.

L'économie se transforme radicale­ment, entre autres, parce que la popu­lation des campagnes se déplace vers les villes, précipitant d'autant l'appari­tion de deux phénomènes majeurs : la dépossession et la dépendance. La dépossession est la baisse du nombre de propriétaires et, en contrepartie, l'augmentation du nombre de locataires. Quant à la dépendance, elle s'explique du fait qu'une majorité gran­dissante de gens compte désormais sur un salaire pour survivre, alors qu'autre­fois cette même majorité s'appuyait sur sa propre production.

Dans le sillage de cette mutation, nom­bre de familles sont rapidement de­venues incapables de résoudre seules les problèmes que la maladie, les acci­dents; l'âge et le chômage ont suscités. Des mesures de réhabilitation sociale s'imposent. Le gouvernement va donc intervenir, surtout à partir de la fin des années trente, en appliquant une série de mesures qui aideront la population à s'en sortir.

C'est ainsi que l'on voit apparaître la Loi du salaire minimum, l'établissement du ministère du Bien-être social (1944) et une loi pour améliorer les conditions de l'habitation (1948) par l'entremise du crédit agricole dont le principe consiste à payer les intérêts sur les emprunts.

C'est précisément dans cette foulée que naît l'idée de l'implication des municipalités en matière de loisirs. Dans l'esprit de plusieurs, en effet, la prise en charge d'un pareil service correspondrait davantage à la réalité municipale, en matière d'assistance publique, contrairement aux multiples contributions versées qui dépassent souvent les maigres ressources des villes et des villages.

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Vers la régie intermunicipale des loisirs

En 1976 (règlement n° 308), la Commission sera remplacée par la « Commission intermunicipale des loisirs de Princeville ». Ce qui se passe, c'est que la municipalité de paroisse se joint à la ville pour l'administration des loisirs. Sa contribution est alors fixée à 2000 $ par année. Comme c'était le cas pour la Commission des loisirs, la Commission intermunicipale accorde les subventions aux institutions ou corporations à but non lucratif vouées à l'organisation des loisirs.

La Commission intermunicipale sera à son tour remplacée par la « Régie inter­municipale des loisirs z ». en 1987 (règle­ment n° 416-87) à qui seront cédés, en 1989, pour la somme nominale de 1 $ : l'aréna, la salle municipale et la piscine. En 1994, le budget de la Régie atteignait 556 730 $. Plus de 62 % de ce budget était alors affecté à l'aréna et 25 % aux loisirs en tant que tels.

Les équipements autres

Avant la formation de la Régie, les loisirs de Princeville se seront enrichis d'une plage municipale (1967), d'une salle paroissiale (1973), d'un aréna (1974), d'une bibliothèque (1975) et d'une piscine (1984). On aura également assisté à l'embauche (entente ra­tifiée le 3 février 1981) d'un premier directeur de loisirs, en l'oc­currence M. Jean-Marc Bédard, actuellement secrétaire-trésorier de la municipalité de paroisse.

Du côté de la paroisse

Incidemment du côté de la paroisse, les initiatives municipales en matière de loisirs se sont limitées jusqu'en 1966 à des con­tributions ponctuelles versées à divers organismes. À compter de cette date elle s'impliquera davantage, d'abord en con­tribuant à la Commission municipale des loisirs puis en en devenant partenaire en 1976. En outre, la paroisse s'impli­quera également dans l'acquisition de la salle paroissiale, la construction de l'aréna et l'aménagement de la bibliothèque. Cela dit, voyons maintenant plus en détails les différentes composantes du service de loisirs de la Régie intermunicipale.

 

 

Le Fenil (cette section a été déplacé dans ‘patimoine immobilier’)

Le Centre Pierre-Prince, alias la Salle paroissiale (cette section a été déplacé dans ‘Patrimoine immobilier’)

2 • Administrée par un conseil d'administration détenteur des mêmes pouvoirs qu'une corporation municipale, la régie intermunicipale est une corporation qui détient la compétence pour l'objet de l'entente, sur l'ensemble du territoire des municipalités qui la composent “. Diane Saint-Pierre, op. cit., p. 721.

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Le Centre sportif Paul de la Sablonnière (cette section a été déplacé dans ‘Arèna’)

 

 

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La bibliothèque (cette section a été déplacé dans ‘Patrimoine immobilier’)

 

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La piscine  (cette section a été déplacé dans ‘Centre aquatique’)

 

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Entente avec la commission scolaire

Afin de compléter le tableau du service des loisirs de Princeville et Princeville paroisse, il importe de faire état de l'entente (1985) existant avec la Commission scolaire Prince-­Daveluy. Selon celle-ci, les installations municipales et sco­laires sont désormais à utilisation conjointe. II y avait longtemps en fait qu'une collaboration s'était établie entre les parties. Ainsi, déjà en 1974, la Commission scolaire ouvrait au public le gymnase de l'école Sacré-Coeur.

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Le zonage et l'urbanisme

Jusqu'ici nous avons vu comment, au fil de l'histoire, se sont ajoutés l'un derrière l'autre, les services municipaux, ce qui nous a permis de passer en revue la voirie, l'aqueduc et l'égout, la police et les pompiers, l'enlèvement des ordures et le service des loisirs. II ne nous reste plus qu'à parler du dernier et plus récent service que l'on doive ajouter à la liste : le service d'ur­banisme.

À Princeville, l'urbanisme est devenu une véritable préoccupa­tion à partir de 1967 Avant cette date, certaines mesures, plus ou moins isolées et importantes, ont toutefois été appliquées. Du côté de Princeville paroisse, la situation est différente : le dossier émerge, disons de façon spontanée, en 1980.

Dans les pages qui vont suivre, nous verrons d'abord com­ment naît cette préoccupation dans l'une et l'autre des deux municipalités. Puis nous examinerons la formation de la Municipalité régionale de comté de l'Érable, qui fait suite à l'adoption de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.

À Princeville tout commence avec le règlement d'alignement de 1912

La première balise en matière d'urbanisme à Princeville appa­raît en 1912. À ce moment, le conseil s'apprête à autoriser la réfection des deux principales rues du village. À cet effet juste­ment, il a mandaté un arpenteur pour procéder à l'alignement desdites rues qui, au dire des élus, « embellira la municipalité “. Du coup, pour sauvegarder dans l'avenir l'intégrité des travaux qu'il se prépare à faire effectuer, il adopte à la séance d'avril un « règlement d'alignement “. Plutôt timide en regard d'aujourd'hui, celui-ci se limite à fixer la distance (12 pieds) à préserver entre la nouvelle construction et l'alignement de la rue ou du trottoir. En fait, c'est tout ce dont on avait besoin à ce moment.

Nouveau plan de cadastre

Au lendemain de la guerre 1939-1945, l'important développe­ment résidentiel qui s'enclenche dans le sillage de la croissance industrielle du village va générer de nouveaux besoins et mettre en évidence, entre autres, la désuétude du plan de cadastre. En résumé, ce dernier est à ce point dépassé que le registrateur hésite à émettre des certificats sur des « parties de numéro » pour ne pas s'exposer à des erreurs. S'il le fait, c'est à grands frais pour les propriétaires. Aussi, le conseil s'adresse donc au ministère de la Colonisation pour qu'il révise ledit

 

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plan. C'est ainsi qu'en juillet 1954, l'arpenteur Benoit Allaire de Thetford-Mines dépose le cadastre officiel révisé ».

Le consentement du conseil est désormais nécessaire Entre-temps, le règlement d'alignement de 1912 a subi diverses mutations.                   La plus importante date de juillet 1946 quand le conseil municipal adopte le règlement 157 qui fait entrer dans le discours la notion de « consentement ». Désormais, aucune construction ne pourra être réalisée sans qu'au préalable le propriétaire n'en ait soumis les plans au conseil et sans que ce dernier n'ait donné son « consente­ment ». Mis à part ces faits, le règlement établit maintenant à vingt-cinq pieds la marge de recul. Le règlement 163, adopté peu de temps après (22 mai 1947), ira encore plus loin en parlant cette fois de « permis » et en établissant une mesure coercitive, en l'occurrence, une amende de 20 $ pour décourager les contrevenants potentiels.

Au début, c'est le secrétaire-trésorier qui est chargé d'émettre les permis. Mais on verra également le président du comité d'urbanisme mandaté à ce titre et certaines firmes extérieures dont « Saint-Pierre, Bertrand, Charron et Savoie » en octobre 1968 et « Sogestec » en 1982.

Formation du comité d'urbanisme

Dernier fait marquant de cette première tranche de l'histoire de l'urbanisme, la formation d'un comité d'urbanisme. En fait, les archives municipales étant assez floues sur la question, il est malaisé de situer avec précision la date de formation du premier comité d'urbanisme. On sait cependant qu'il y en avait un au milieu des années 1950. Toutefois, sans constater la disparition de celui-ci, nous assistons, le 5 mars 1964, à la mise en place d'un tout nouveau comité.

Devant cette confusion, ce qu'il faut surtout retenir, c'est qu'effectivement, depuis le milieu de la décennie 1950, l'idée d'urbanisme est dans l'air. D'autant qu'à l'époque, c'est d'abord une préoccupation du gouvernement qui, à travers de nombreuses études et commissions, analyse la structure

municipale et ses services dont celui d'urbanisme. À cet effet d'ailleurs, c'est précisément dans cette foulée qu'il faut envisager la création, en 1962, de la Commission provinciale d'urba­nisme. Au même titre, le comité d'urbanisme de 1964 pour­rait bien n'être qu'une forme d'écho de ladite Commission.

Quoi qu'il en soit, le conseil ne se montra pas plus convaincu qu'il faut de l'utilité de la chose. Ainsi, il exigea surtout du comité que celui-ci fasse la promotion et la planification de la construction d'habitations et qu'il incite les travailleurs étrangers à s'établir à Princeville. Au-delà, il n'exigeait pas tant que l'organisme fasse respecter les règles d'urbanisme, mais plutôt qu'il encourage leur application (PVM, ville, 5 mars 1964).

Un premier règlement de zonage

En 1967, les choses vont se préciser : l'urbanisme et l'amé­nagement du territoire vont devenir une préoccupation bien réelle. Jusque-là, le développement s'était fait sans concerta­tion, voire dans la confusion. De ce fait, on a assisté à l'ap­parition de situations malheureuses. Notamment, la tendance générale à orienter les rues sur les lignes de lots, qui a fait naître nombre d'intersections défectueuses et l'encerclement d'habitations par les industries.

II est difficile de savoir ce qui s'est exactement passé en 1967. On peut présumer toutefois que le programme de subven­tions offert par la Société d'habitation du Québec pour des programmes détaillés de rénovation (PDR) a encouragé le conseil à intervenir, et ce d'autant que le développement non dirigé de l'époque n'était pas sans provoquer sa part d'irri­tants.

II semble d'ailleurs que lesdits irritants aient eu l'effet d'un accélérant dans le dossier, qu'on le constate : à la séance du 1er juin 1967, on observe deux demandes qui généreront, coup sur coup, à peu près la même réponse. D'abord, Marcel Brissette, un contribuable, demande l'autorisation de démé­nager son commerce de la rue Saint-Jacques à la rue Mailhot. Réponse du maire : « le conseil ne s'objecte pas vu le

 

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manque de plan d'urbanisme et de zonage » . Plus tard au cours de la séance, un groupe de citoyens intervient pour se plaindre cette fois de la construction d'un immeuble à trois logements dans leur secteur. Ils obtiennent sensiblement la même réponse que M. Brissette : « On ne peut pas s'objecter; si vous voulez un plan de zonage, vous n'avez qu'à le demander ».

La table est mise. À la séance suivante (6 juin 1967), A. Baril dépose une requête de 337 noms demandant la confection d'un plan d'urbanisme et de zonage. La question sera prise en délibéré. Finalement, en octobre il approuvera l'embauche d'une firme spécialisée, la firme Bémer inc. de Québec qui deviendra « Urbatique inc. ».

Ladite firme produira deux volumineux documents : Municipalité de Princeville, dossier urbain concept (1967) et Ville de Princeville, programme détaillé de rénovation, octo­bre 1971. Le premier propose un concept général d'amé­nagement en s'attachant aux problèmes immédiats. Quant au second, il élabore un programme de rénovation dans deux secteurs de la municipalité en l'occurrence dans la rue Saint­Jean-Baptiste et dans une partie de la rue Saint-Jacques Ouest. L'impact sera considérable, et ce non seulement parce que dans la foulée le conseil adoptera un premier règlement de zonage et de construction ( n° 254, 5 septembre 1968), mais également parce que le plan détaillé de rénovation entraî­nera, lui, des travaux majeurs dans la municipalité.

 

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Le programme détaillé de rénovation (PDR)

Le premier document de la firme Bémer avait permis d'identi­fier trois secteurs à problèmes dans la municipalité : la rue Saint-Jean-Baptiste sur toute sa longueur, une partie de la rue Saint-Jacques incluse dans le périmètre délimité par la rue Saint-Jacques, l'emprise de la voie ferrée, la rue Talbot et la rue Fréchette et, enfin, le secteur de l'avenue Racine.

Seuls les deux premiers secteurs seront intégrés au plan détail­lé de rénovation. On considérait, en effet, comme des plus urgent de rénover la rue Saint-Jean-Baptiste pour consolider la zone commerciale. L'amélioration des entrées nord et sud de la ville de même que la décongestion de la circulation interur­baine, en particulier celle de la rue Mgr-Poirier, apparaissaient également au rang des priorités tout comme, d'ailleurs, la rénovation de la zone industrielle.

Dans le but de permettre les travaux d'élar­gissement, l'application du programme sup­posera l'acquisition de plus d'une trentaine de propriétés qui seront alors démolies ou déplacées. En 1972, on avait prévu, à cette fin, une enveloppe globale de 331 130 $. En mai 1978, la facture totale atteindra 638 200 $ dont 75 % sont assumés par le gouvernement provincial dans le cadre de la Loi de la société d'habitation.

Voilà, la ville dispose désormais d'un plan directeur, d'un plan d'urbanisme et d'un règle­ment de construction. À la fin des années 1970, l'adoption par Québec de deux lois importantes viendra quelque peu forcer la révi­sion de ces éléments. II s'agit de la Loi sur la protection du territoire agricole (loi 90, 1978) et de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (loi 125, 1979).

Le zonage agricole

La première loi, la Loi sur la protection du terri­toire agricole, a surtout pour effet, comme sa désignation l'indique, de préserver l'intégrité du territoire agricole en interdisant l'empiéte­ment des zones résidentielles, commerciales et industrielles. Évidemment, celle-ci a eu davan­tage de conséquences pour la municipalité de paroisse. Elle créera toutefois sa part de com­plications au conseil de Princeville quand

 

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viendra le temps d'agrandir le parc industriel au début des années 1980. Celles-ci seront finalement contournées. Néanmoins, il est évident que désormais le conseil n'est plus seul maître à bord en matière de développement et d'urba­nisme. Une réalité, du reste, que viendra confirmer l'adoption de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.

La Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (loi 125)

La Loi sur l'aménagement et l'urbanisme qui donnera naissance aux municipalités régionales de comté (MRC) a davantage touché Princeville.

II faut savoir que ladite loi a pour but d'harmoniser l'amé­nagement de territoires formés de plusieurs municipalités. Du coup, toutes les municipalités du Québec, dont Princeville et Princeville paroisse, ont été tenues d'adopter en fonction de ce nouveau territoire : 1) un plan d'urbanisme; 2) un règlement de zonage; 3) un règlement de lotissement; 4) un règlement de construction. Ce que fit effectivement le conseil de Princeville à sa séance de septembre 1981.

Programme PAAT et subventions à la construction

Cela dit, avant de conclure sur l'urbanisme à Princeville, il importe de souligner deux éléments : le programme d'acquisi­tion et d'aménagement de terrains et le programme d'aide à la construction offert par la Ville à l'intention des futurs pro­priétaires.

Le programme d'acquisition de terrains, mieux connu sous le diminutif PAAT, permet en fait à la Ville de prévoir le développement résidentiel en achetant des terrains puis en revendant ceux-ci après y avoir réalisé les travaux d'infra­structures nécessaires. La première mention relative audit programme remonte au 9 septembre 1980 lorsque la Ville écrit au ministre des Affaires municipales pour obtenir l'au­torisation de procéder en ce sens. Elle obtiendra cette autori­sation qui l'amènera à adopter, le 22 septembre 1981, le règlement n° 359-81. Depuis, la Ville achète et vend des ter­rains aux fins de construction résidentielle.

Programme de subventions

Pour ce qui est du programme d'aide à l'achat de maisons neuves, plusieurs initiatives ont été lancées. Par exemple, en 1983, la Ville offrait une subvention forfaitaire de 1000 $ pour les acheteurs d'une maison unifamiliale neuve et de 750 $ pour les acheteurs d'une unité jumelée. En 1986, des modifi­cations au programme faisaient en sorte que le montant de la subvention était désormais fixé en fonction de l'évaluation municipale.

Selon ce que nous avons observé, le programme lancé en 1983 était l'un des premiers du genre, sinon le premier. II n'y en eut pas en 1984 et en 1985. Depuis le début de 1997, sui­vant l'article 542.1 de la Loi sur les cités et villes, adopté en décembre 1996, ledit programme ne peut plus être offert par la Ville en tant que tel. Désormais, c'est la Chambre de com­merce qui se charge d'en faire la promotion.

L'urbanisme dans la municipalité de paroisse

Comme on sera à même de le comprendre, l'histoire du ser­vice d'urbanisme dans la municipalité de paroisse a connu moins de rebondissements; pour cause, les besoins étaient loin d'être comparables.

Pour être exact, la première mention que l'on relève à ce sujet dans les procès-verbaux remonte en juin 1972. À ce moment, le conseil souhaite l'intervention de M. André Gendron, de la Direction générale de l'urbanisme au ministère des Affaires municipales, pour s'informer sur un éventuel règlement de zonage et de construction. Nous n'avons pas vu de suite à la démarche pas plus d'ailleurs qu'à l'avis de motion passé le 1er mai 1978 relativement à un règlement de construction.

En fait, les premiers signes concrets apparaissent en avril 1980 quand le conseil adopte un règlement de construction des plus complets. Ce dernier traite, entre autres, du rôle de l'ins­pecteur des bâtiments et de l'émission des permis de lotisse­ment et de construction. Dès lors, apparaissent aux procès ­verbaux du conseil les demandes de permis.

 

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La municipalité dut refaire l'exercice en 1986 à la suite de l'en­trée en vigueur de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Cette fois, cependant, elle alla plus loin en adoptant un plan d'ur­banisme, un règlement de zonage, un règlement de lotisse­ment et un règlement de construction.

Les relents de la loi 90 dans la paroisse

L'application de la Loi sur la protection du territoire agricole n'est pas passée inaperçue dans la paroisse, qui s'y est d'abord opposée avant de suggérer une série de modifications. Entre autres, le conseil aurait souhaité, afin de sauvegarder l'au­tonomie de la municipalité, que la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) soit obligée de pren­dre en considération l'opinion des corporations et qu'elle leur laisse, en outre, « le pouvoir de déterminer ce que sont les fins municipales » (PVM, 4 février 1978). On connaît la suite : la loi a été adoptée sans que les municipalités ne conservent de droit réel en matière de zonage agricole.

L'application de la loi a entraîné le dépôt, sur la table du con­seil, d'une multitude de demandes d'exclusion, d'aliénation (droit inutilisé que l'on souhaite transmettre) et d'usage non permis adressées par des contribuables qui voulaient s'y sous­traire. En fait, la loi prévoyait, et prévoit toujours, que le con­seil examine chacune des demandes et fasse à la Commission la recommandation qui s'impose. Sauf qu'avec ou sans recom­mandation, la Commission s'en tenait à son mandat et à ses objectifs. Aussi, nombre de demandes approuvées par le con­seil ont-elles été rejetées par la Commission. Pour tout dire, il fallut un certain temps d'adaptation.

La municipalité régionale de comté (MRC) Fondamentalement, les municipalités régionales de comté, mieux connues sous le diminutif de MRC, ont été mises sur pied dans le but de favoriser l'organisation et le développe­ment homogène de territoires spécifiques.

Évidemment, le « conseil de comté »  créé dans la foulée de la loi de 1855 jouait, du moins à l'origine, une partie de ce rôle.

Formé des maires des municipalités constituantes et dirigé par un préfet, le conseil de comté traitait, entre autres, de l'ouver­ture des chemins. À ce titre, il avait le pouvoir d'homologuer ou de refuser tout procès-verbal adopté par un conseil muni­cipal. C'est également au conseil de comté que revenait le rôle d'identifier le chef-lieu, d'ériger des municipalités, de les divi­ser ou de les annexer.

Avec le temps cependant, ce pouvoir va s'effriter. Le développement de l'organisation municipale et la création de nouveaux ministères qui assument des tâches auparavant dévolues au conseil contribuent, en effet, à l'amoindrissement de son rôle. Sans compter que l'urbanisation viendra délester l'organisme d'une partie de ses membres qui s'affranchissent désormais de l'obligation d'y participer. Tant et si bien qu'à la fin, on a tout simplement remis en question l'existence même du conseil de comté.

Cependant, comme en témoignent au début des années 1960 les rapports annuels du ministère des Affaires municipales, on n'en reconnaît pas moins l'utilité de regrouper les aggloméra­tions urbaines. C'est précisément cette nécessité, jumelée à la remise en question du rôle du conseil de comté, qui fera naître, en 1979, les MRC. Au départ, le mandat de ces nouvelles entités prévoyait la réalisation d'un schéma d'aménagement, indiquant l'affectation appropriée des sols, pour chacun des secteurs du territoire regroupé. Cependant, leurs compétences s'élargiront jusqu'à jouer un rôle central de concertation régionale.

L'adhésion à la MRC de l'Érable

L'adhésion de la Paroisse et de la Ville à la MRC de l'Érable n'a rien d'une simple formalité, mais relève plutôt du véritable débat. Précisons d'abord que le « Secrétariat à l'aménagement et à la décentralisation », chargé de la mise en place du réseau, avait déposé trois propositions de regroupement pour la région. Deux d'entre elles associaient la ville et la paroisse à la MRC d'Arthabaska (alias MRC des Bois-Francs). Quant à la troisième, elle rattachait les deux municipalités à la MRC de l'Érable.

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Le débat s'enclenche en août 1980 alors que les municipalités sont convoquées à l'hôtel Le Dauphin de Drummondville en vue de la création de la MRC. Jusque-là, pas de problème : comme l'autorise la loi, Princeville et Princeville paroisse adhèrent en décembre aux deux MRC. Les choses se com­pliquent, en fait, quand le conseil de la ville de Princeville opte, finalement, pour la MRC de l'Érable alors que le conseil de la paroisse retient la MRC des Bois-Francs :

Que le conseil municipal de la paroisse de Princeville informe les deux comités de consultation de la

Beauce et celui des Bois-Francs, de son désir de faire partie de la municipalité régionale des Bois-Francs, ayant comme axe principal la ville de Victoriaville... (PVM, 4 mai 1981).

En juin 1981, une pétition est déposée au conseil de Princeville. Sur un total de 878 signatures, 833 réclament une adhésion à la MRC des Bois-Francs alors que seulement 45 préconisent un regroupement avec la MRC de l'Érable. Le con­seil de la ville, la maire Regina Côté en tête, demeure imper­turbable :

 

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Un prince, dira Mme Saint-Hilaire, a plus de pouvoir dans une principauté, qu'un valet dans un royaume. Du coup, on fait pression sur le conseil de la paroisse que ren­contrera justement la maire de Princeville. Une nouvelle péti­tion est déposée, cette fois sur la table du conseil de la paroisse. Les 558 noms qu'on y retrouve demandent que la municipalité joigne les rangs de la MRC de l'Érable. Le con­seiller Peter Heeremans, qui dénonce ladite pétition sous pré­texte qu'elle a été présentée aux gens en s'appuyant sur une déclaration que n'aurait pas faite le maire de Victoriaville, s'oppose vivement au changement de cap.

Encore une fois, il n'est pas le seul.         À la séance du 1er sep­tembre, une requête signée par 61 personnes demande, cette fois, au conseil de Princeville de revenir sur sa décision et d'adhérer à la MRC d'Arthabaska. La question a alors été prise en délibéré puis rejetée, le 22, à la suite d'un vote égal. La partie est jouée, d'autant que du côté de la paroisse, on s'est arrimé sur le choix de la Ville depuis le 3 août 1981, à la suite d'un vote partagé (4 contre 2).

Les bureaux de la MRC de l'Érable ont été inaugurés à Plessisville le 16 avril 1983. L'allégeance de Princeville n'en était pas moins toujours discutée à cette date, comme en témoigne l'intervention du conseiller Fernand Forgues qui, à la séance du 21 septembre 1983, souhaitait l'adoption d'une résolution pour qu'on tienne, le jour des élections, un référen­dum sur la question. La proposition a été rejetée après un vote de trois contre trois.

 

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Historique des rues et des rangs

L'étude du développement du réseau routier d'un territoire a ceci d'intéressant qu'elle permet de voir comment la popula­tion a pris possession dudit territoire, quelles ont été les pre­mières voies de communication avec les paroisses environ­nantes et quels facteurs ont joué dans l'établissement du tracé de celles-ci (les voies de communication). Essentiellement, c'est ce que nous verrons dans les pages qui vont suivre alors que nous étudierons le développement du réseau routier de Princeville et de Princeville paroisse.

Le lecteur ou la lectrice intéressé à en savoir davantage pourra par ailleurs consulter les annexes A et B ( « L'ouverture des rangs et des rues par date») qui retracent la petite histoire de ces artères.

Les deux branches de développement du réseau routier

Le développement du réseau routier sur le territoire de la ville et de la paroisse s'est orchestré autour de deux axes bien défi­nis : le Chemin provincial d'Arthabaska, alias la route 263, et le 9e rang qui deviendra éventuellement la rue Saint-Jacques. Pour comprendre le tracé du Chemin provincial, voyons com­ment celui-ci s'est imposé. En 1825, quand Charles Héon s'ins­talle à Saint-Louis-de-Blandford, il ajoute, en réalité, un point sur la carte du Québec. Dès lors, il y a trois possibilités : Héon

ne revient jamais à son point de départ, Gentilly. Ce faisant, aucun tracé de sentier ou de route ne s'impose. Deuxième possibilité : Héon garde le contact avec Gentilly mais demeure le seul habitant du coin. Cette fois, le sentier qu'il empruntera pour rejoindre les paroisses du bord du fleuve fait figure d'« immense entrée de cour ». Troisième possibilité : Héon est rejoint par nombre de nouveaux colons qui font le même tra­jet que lui vers Gentilly. Cette fois, nous sommes en présence de deux communautés qui communiquent entre elles par ce qui sera d'abord un sentier commun.

Reste à savoir par où on va passer pour relier les deux points. II y a bien sûr la rivière Bécancour, mais celle-ci n'offre pas de véritable avantage de navigation. Le tracé de ses berges, par ailleurs, n'est pas des plus accueillants. Pire, ce parcours présente le désavantage d'allonger le trajet. Aussi, les colons faisant la navette entre Gentilly et Saint-Louis choisissent-ils la ligne droite. Ce faisant, le sentier qu'ils empruntent devient le germe de la route de Gentilly.

En 1832, quand Édouard Leclerc s'installe sur le territoire de Stanfold, il prolongera le tracé dudit sentier d'une vingtaine de kilomètres. Oui, il arrive d'abord par la rivière. Mais rapidement, il emprunte la voie terrestre pour gagner Saint-­Louis et Gentilly. Comme il ne restera pas seul bien longtemps à faire le trajet, le sentier qu'il fera avec ses

 

Qu'est-ce qu'un rang?

Le mot « rang » désigne avant toute chose, une série de lots placés en ligne (donc entendre un rang de lots comme un rang de blé d'Inde ou, encore, un rang de chapelet) et non une voie de circulation comme nous l'imaginons aujourd'hui.

Ainsi, une voie de circulation qui tra­verse les lots en passant de l'un à l'autre est un « chemin de front » et non un rang tel qu'on a l'habitude de le dire. Du reste, une voie de circulation qui passe, entre autres, d'un chemin de front à un autre, est ce qu'on appelle communément une « route » dans le système routier rural.

 

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semblables sera le germe de la « route de Saint-Louis », une portion de la route 263 actuelle.

Non, le Chemin provincial d'Arthabaska n'est pas encore tracé officiellement. On remarque cependant que les colons, dans leurs transports et chacun ouvrant le chemin à ceux qui sui­vent, sont en train de le faire. Leur poursuite vers Saint­-Norbert, toujours en ligne droite, direction sud-est, à compter de 1840, intensifiera leur geste. Ce faisant, l'inauguration du Chemin provincial en 1848 ne sera donc que la con­sécration d'un tracé établi depuis déjà de nombreuses années.

Maintenant ce qu'il faut également retenir, c'est que ledit chemin se pose en véritable

épine dorsale sur laquelle viendront se greffer tous les sentiers (appelés à devenir des rangs) qu'ouvriront les colons; une épine dorsale que quitte et vers laquelle revient chacun des colons après s'être enfoncé dans le bois.

En fixant le village, on a tracé le deuxième axe de développement

Voilà, les colons circulent donc du nord au sud. Pour l'instant, chacun s'éparpille à la hauteur qu'il désire sur cet axe. Éventuellement toutefois, leur nombre ira en s'accentuant. Du coup, les colons pourront bénéficier de services communs. C'est ainsi, par exemple, que l'on voit s'établir, ici et là, des magasins et des moulins. Ces derniers sont, en quelque sorte, autant de places publiques appelées à devenir le centre d'activité de toute la communauté.

Un besoin plus grand toutefois sera davantage déterminant à Stanfold, comme dans la très grande majorité des municipa­lités du Québec : le besoin d'une église. Les colons sont, de fait, profondément religieux. Aussi, dès qu'ils considèrent leur nombre suffisant, demandent-ils à l'évêque la permission de construire une église. Là où on l'installera, on fixera le coeur du village sur la carte du Québec. On construisit donc la chapelle sur le 11 e lot du 9e rang (rue Saint-Jacques) qui, du coup, allait devenir le deuxième axe de développement, l'axe est-ouest du réseau routier.

Cela dit, le réseau de la municipalité de paroisse pro­gressera essentiellement de chaque côté de la route 263, tandis que celui du village gravitera d'abord autour de l'église avant de s'étendre bien au-delà à partir de 1944.

Dans la paroisse pratiquement tout se dessine avant 1921.

Sur le territoire de la paroisse, l'examen de l'annexe A per­met de constater que l'ouverture de la presque totalité des chemins et des routes date d'avant 1921, pour ne pas dire d'avant 1900. En fait, seules les rues de la municipalité seront ouvertes après cette date. On parle ici des rues du « domaine de la Plage Paquet » (1963), de celles du « domaine Quatre Saisons » (rues privées au nord de la municipalité, 1970) et de la rue Moreau (1978).

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À Princeville, six rues pendant presque cent ans

Du côté de la ville, pendant presque cent ans, la population s'est regroupée à l'intérieur des rues Saint-Jean-Baptiste, Nord et Sud, Saint-Jacques, Est et Ouest, Saint-Georges, Saint­-Charles, Mgr-Poirier et boulevard Carignan. Au total donc, six rues si l'on considère les rues Saint-Jean-Baptiste et Saint­-Jacques comme deux artères au lieu de quatre et que la rue Demers n'a été annexée qu'en 1963.

À partir de 1944, la situation va changer du tout au tout. Princeville entre dans une phase de croissance exceptionnelle en regard de son passé. Dans les trente années qui suivront, on y ouvrira 44 nouvelles rues, soit plus de 80 % du total actuel. Dans ces conditions, on aura vite déduit qu'entre 1975 et 1997, peu de nouvelles rues ont fait leur apparition. En fait, on en dénombre cinq dont la dernière en lice, la rue Girouard (1997).

Détail non sans intérêt, à Princeville l'identification des rues à partir de panneaux indicateurs remonte à 1916. Cette identification n'était cependant pas systématique et plusieurs d'entre elles sont longtemps restées « anonymes ». En 1945, le boum industriel et résidentiel a amplifié le problème. La Chambre de commerce a alors suggéré une identification rigoureuse. On ne voit pas vraiment ce qu'il advint alors. Sauf qu'en 1956, le conseil autorisait le comité d'urbanisme « à faire l'achat de poteaux indicateurs pour le nom des rues de Princeville. »

Deux voies d'accès en direction de Victoriaville

Pour rejoindre Victoriaville, la population de Princeville a uti­lisé deux voies d'accès : d'abord le 10e rang Ouest, reliant le village et les Pointes Beaudet proximité du réservoir Beaudet), puis, un tracé chevauchant la route 5 et la rue du Filtre.

Pourquoi le 10e rang Ouest?

La carte des Cantons de l'Est et des territoires adjacents de 1883' est claire : à cette époque, le 10e rang Ouest est le seul chemin empruntant une direction est-ouest jusqu'à proximité de Victoriaville. Et encore, son tracé s'étend au­-delà de la Grande Ligne, non construite à ce moment, pour se rendre à la Coupe à Walker, un peu plus loin.

Le 10e rang Ouest est donc la première voie de circulation entre les deux villes. Une voie qu'on empruntera davantage quand la section de la Grande Ligne reliant son intersection et le rang des Pointes Beaudet aura été ouverte vers 1869 (PVS, 26 juillet 1869).

Pourquoi rejoindre Victoriaville via la Grande Ligne?

En 1997, il est tout à fait légitime de se demander ce qui a poussé les premiers colons de Stanfold à se diriger vers la Grande Ligne, via les neuvième et dixième rangs, pour rejoin­dre Victoriaville. L'explication est relativement simple. Tous arrivent des paroisses du bord du fleuve. Ils suivent donc la même route jusqu'à Saint-Louis ils se séparent, les uns prenant la direction sud-est vers Stanfold, les autres se dirigeant franc sud vers les Pointes Beaudet, en longeant la ligne de séparation des cantons de Stanfold et de Bulstrode qui correspond, aujourd'hui, au tracé de la route 162 (la Grande Ligne) :

Ainsi, à l'été de 1833, François Marchand et sa femme Marguerite Beauchesne, voulant se rendre à Bécancour[ ...] firent à pied le voyage des Pointes de Bulstrode à la rivière Bécancour en suivant la Grande Ligne de Bulstrode et de Stanfold 2.

Dans ce contexte, les colons de Princeville qui voulaient rejoindre Victoriaville se sont tout simplement dirigés vers le chemin qui y conduisait, la Grande Ligne. Et pourquoi donc la Grande Ligne conduisait-elle à Victoriaville à partir de Saint-Louis? C'est qu'à l'époque les colons qui se déplaçaient disposaient de relativement peu d'indices pour s'orienter. Aussi, utilisaient-ils les marques d'arpentage lais­sées sur le terrain au moment de tracer les cantons.

1             Map of the Eastern Townships and adjacent portions of the Province of Quebec, 1883, ANQ Centre d'archives de Québec et de Chaudières-Appalaches, D307 / Cantons de l'Est/ 1883. 2 Mailhot, op. cit., tome II , p. 59.

 

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L'accès par la rue du Filtre

 

Mis à part l'accès du 10e rang ouest, la population de Princeville a également rejoint Victoriaville en empruntant ce qu'on pourrait appeler « l'ancêtre de la route 116. II s'agit, en réalité, d'un tracé chevauchant, par endroits, des segments de l'actuelle route. Nous parlons d'un tracé mais, en fait, on en dénombre trois : le tracé primitif, la route 5 et la route 116.

Le tracé primitif empruntait la rue Saint-Jacques Ouest, à la sor­tie du village jusqu'au pont De Billy. De là, il chevauchait la 116 jusqu'à l'intersection de la route de l'Aéroport et de la rue du Filtre sur laquelle on s'engageait jusqu'aux Pointes Beaudet devenues, depuis, le réservoir Beaudet. La présence de trois procès-verbaux de surintendants ordonnant l'ouverture de routes et rédigés à des époques différentes laisse croire que ledit tracé a mis presque vingt ans avant d'être complété.

Ainsi, le procès-verbal du 30 mars 1856 ordonne l'ouverture d'une route à partir du 10e rang Ouest jusqu'au pont De Billy. Le 6 décembre 1867 un nouveau procès-verbal ordonne, cette fois, l'ouverture du tronçon situé entre le pont De Billy et le rang Lainesse. Enfin un dernier procès-verbal, daté celui-là du 30 octobre 1873, prolonge le tracé en empruntant la rue du Filtre jusqu'aux Pointes Beaudet à la hauteur de l'intersection du boulevard Industriel.

La route 5 et la route 116

 

À partir du début des années 1920, la construction de la route 5, alias route 116, va offrir une nouvelle voie d'accès à Victoriaville. Cette fois, au lieu de s'engager sur du Filtre, on tournait sur le rang Lainesse pour rejoindre le rang Nault que l'on empruntait jusqu'à l'extrémité de la rue Notre-Dame Est à Victoriaville.

Ce premier tracé fut modifié au milieu des années 1950 3. Dès lors on évite le détour « rang Lainesse/rang Nault » pour rejoin­dre directement l'intersection de la rue Notre-Dame. C'est ce qu'on appellera, dans les procès-verbaux de l'époque, la «  nou­velle route 5 »; et c'est également ce qui a donné naissance au boulevard Baril.

Avant que ne se termine la décennie 60, le tracé sera à nou­veau modifié. Désormais, il contourne Victoriaville qu'il traver­sait jusqu'à ce moment et relie directement l'intersection « route 116/rue Notre-Dame Est »  et « route 116/route Pouliot » 4.

3        Ministère de la Voirie, Plan d'expropriation, Route # 5, Sherbrooke-Lévis, Sainte-Victoire d'Arthabaska / Stanfold l Princeville village, 8 août 1955. Document consulté au bureau du Ministère, 400, rue De Bigarré, Victoriaville

4        Ministère de la Voirie, Plan d'expropriation # 74 -A- 3A, Route 5, révisé le 26 mai 1965.              Document consulté au bureau du Ministère, 400, rue De Bigarré, Victoriaville.

 

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Qu'ordre soit donné au surintendant des chemins de verbaliser tous les chemins dans les limites de cette municipalité, de suggérer un nom à chaque rue, lesquels noms devant être approuvés par ce conseil

(PVM, 2 mars 1857).

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Le Chemin provincial d'Arthabaska

 Tronçon « Inverness / Kingsey »

0n ne peut parler des principales voies de communication de l'époque sans faire état, d'une façon toute particulière, du tronçon « Inverness / Kingsey » du « Chemin provincial d'Arthabaska» . Pour cause, en 1997, plusieurs sont tentés de faire coincider son tracé avec celui de la route 116, ce qui n'est absolument pas le cas.

En fait, deux raisons conditionnent cette perception. La première s'explique du fait qu'en 1997, compte tenu de l'impor­tance de la route 116, il est difficile, pour celui ou celle qui n'a pas étudié la ques­tion, de s'imaginer que ladite route n'a pas toujours été et qu'à l'époque, c'est le Chemin provincial d'Arthabaska, dans son tracé « est-ouest » qui reliait Inverness à Kingsey via Saint-Norbert, Arthabaska et Warwick. La seconde rai­son vient d'un témoignage pour le moins ambigu d'un contemporain de l'époque, le curé Antoine Racine.

Ainsi, suivant la description qu'en fait le curé dans Le canadien immigrant (*), le Chemin provincial d'Arthabaska partait de Gentilly pour se rendre à la hauteur de l'église de Princeville. De là, il tournait vers l'ouest, en direction de Victoriaville, et vers l'est, en direction de Plessisville. Or, cette description est inexacte comme

en témoignent nombre de faits. En réa­lité, la route se rendait de Gentilly à Saint-­Norbert d'où elle partait en direction est, vers Inverness, et vers l'ouest en direc­tion de Kingsey via Arthabaska. Autrement dit, le chemin Laurier est une partie du tracé original « est-ouest » du Chemin provincial.

Qu'on veuille pour preuve d'abord une citation tirée du procès-verbal de la municipalité de Stanfold en date du 3 juin 1884 Sans décrire l'ensemble du chemin, cette dernière précise que ledit chemin ne s'arrête pas à l'église de Saint-Eusèbe mais traverse tout le canton, soit jusqu'à la limite du canton d'Arthabaska, à proximité du 12e rang Est :

D'abord la grande route ou chemin provincial qui part de Blandford à la grande ligne qui sépare le canton de Stanfold à la paroisse de Bulstrode, traversant notre munici­palité en coupant diagonalement les lots de tous les rangs jusqu'à la grande ligne de Saint-Norbert d'Arthabaska.

Plus probant encore est le tracé que nous présente le Département des ter­res sur sa carte de 1861. (**) Cette fois, la démonstration est sans équivoque.

Ce tracé est d'ailleurs repris sur la carte de 1883 qui démontre qu'à cette époque, seul le 10e rang Ouest se rend à proximité de Victoriaville.

Comment expliquer la méprise du curé Racine? Il est probable en fait qu'il soit ici question d'un glissement de description dû à l'usage. En réalité, le curé Racine aura confondu la nouvelle voie de circulation que représentent les 9e et 10e rang Ouest en direction de Victoriaville, et le Chemin provincial. C'est en tout cas l'interprétation que nous en faisons. Cela dit, le tracé décrit ci-haut met aussi en lumière le développement de la rue Laurier à Arthabaska (aujourd'hui Victoriaville) où s'installaient les nota­bles dans le chef-lieu du comté. La rue Laurier est le tracé même du Chemin provincial d'Arthabaska, nous l'avons mentionné. Tout comme la route Pouliot d'ailleurs que la population empruntait autrefois pour se rendre à Warwick. Dans cette optique, incidem­ment, on comprend mieux « l'incongru détour » que représentait à une cer­taine époque la route Pouliot pour nombre de gens de Victoriaville dési­rant se rendre à Warwick, Kingsey ou Sherbrooke.

Cité dans les Premier et second rapports..., op. cit

Map of the Eastern Townships of Lower Canada, Exhibiting Colonisation Roads /Joseph Bouchette fils et Alexander Lord

Russel. E 21 Ministère des terres et forêt / Arpentage / Région N- 8A, 1861 -12 - 31. Archives nationales du Québec à Québec.

 

P.147   La vie Économique

Le démarrage

Introduction

Le prochain chapitre va nous permettre de prendre con­naissance de l'organisation économique de la commu­nauté de Princeville et de Princeville paroisse au fil du temps. Une organisation qui a commencé dans le dénuement le plus total : non seulement les colons qui s'installent sont-ils pau­vres et sans argent, mais encore l'activité économique du milieu est inexistante. II n'y a pas d'industrie pour faire tra­vailler les gens; il n'y a pas de commerce pour répondre à leurs besoins. Tout est à faire, c'est-à-dire trouver le moyen d'obtenir une monnaie d'échange et de se doter d'entreprises, entendre commerces et petites industries, pour répondre aux besoins les plus essentiels. À ce titre, la vie des colons de Princeville et de Princeville paroisse, à l'instar de ce qui se passe pratiquement à l'échelle du Québec à ce moment, va s'organiser autour de l'activité agricole d'abord et des activités connexes.

 

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C'est ce que nous verrons dans les pages qui vont suivre et qui nous conduiront jusqu'en 1996. À ce titre, le présent chapitre sera divisé en trois parties. La première traitera du démarrage de l'économie et des éléments qui ont contribué à ce démar­rage. La seconde, qui commence en 1871 avec l'ouverture d'une première manufacture, décrit la naissance de l'activité industrielle et son développement au fil des ans. Enfin, la troisième fait état de l'activité agricole du début jusqu'à nos jours. On retrouvera par ailleurs en fin de chapitre le portrait abrégé d'un certain nombre d'entreprises.

Le démarrage

Deux aspects reviennent constamment dans le discours de ceux qui visitent le territoire au début du XIXe siècle : l'impor­tance de la forêt et la qualité des terres que cette forêt sup­pose. Du coup, ces récits vont attirer l'attention de deux types d'individus : ceux qui désirent cultiver la terre et ceux qui veu­lent exploiter la forêt. Le développement de l'activité économique du territoire va donc, dès le début, suivre ces deux tangentes. À Stanfold, ce sont les colons désireux de cul­tiver la terre qui vont arriver les premiers.

L'activité agricole qu'ils entreprennent alors ne va pas tarder à donner ses fruits, c'est-à-dire à fournir au colon les premiers revenus qui lui permettront de poursuivre ses activités. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce ne sera pas le produit des récoltes qui va leur donner cette première mon­naie d'échange mais plutôt l'étape de défrichement et, surtout, ce qu'elle permet. C'est simple, pour faire de la terre, le colon doit abattre et défricher. Or, en faisant brûler le bois ainsi obtenu et en récupérant les cendres, il va fabriquer de la potasse, un produit fortement en demande et qu'il n'aura donc aucun mal à vendre.

 

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Brièvement, la potasse est un agent nettoyant utilisé pour laver et blanchir les fibres avant qu'on confectionne les tissus. En 1850, les filatures de l'Angleterre, qui produisaient à elles seules près de la moitié de tous les tissus de coton vendus dans le monde, avaient donc un immense besoin de potasse, d'autant qu'il en faut des quantités industrielles pour compléter l'opération. Or, comme nous venons de le souligner, la potasse est fabriquée à partir de cendre de bois et, plus pré­cisément, de cendre bouillie :

On brûle les abattis dont les cendres contiennent de la potasse, un alcali fort en demande en Angleterre [...]. Le défricheur fait bouillir cette cendre qu'il décante par la suite. II obtient un sel de potasse, appelé « sall » ou salin [...]. Ce sel sera lessivé à la chaux, puis brûlé dans un four « réverbère », ce qui donnera la potasse'.

On dirigeait la potasse vers Trois-Rivières elle se vendait de neuf à dix sous la livre (450 g), soit 50 $ pour un baril de 500 livres. Selon ce qu'on raconte, « un homme habitué à bûcher faisait cent livres de sall dans six jours de travail 2». Le produit fabriqué, le labeur du colon ne s'ar­rêtait pas là. II devait le porter chez le marchand le plus près et le négocier. Le problème, c'est que celui-ci ne pou­vait pas toujours réaliser la transaction. D'abord, le mar­chand pouvait manquer de marchandises d'échange, puis il pouvait également lui être impossible de diriger lui-­même la potasse au bord du fleuve. En pareil cas, le colon devait donc la porter à Gentilly, ce qui était une tâche périlleuse compte tenu des propriétés corrosives de la potasse. Incidemment, l'historien Mailhot raconte dans un de ses livres le drame d'un colon de Sainte-Victoire brûlé mortellement au dos lors d'un transport du genre. Selon l'abbé Mailhot, le premier baril de potasse produit dans Stanfold l'aurait été en 1838 par les frères Pierre, Auguste, Bruno et Charles Richard à partir d'un chaudron rapporté de Gentilly par leur voisin Joseph Hébert 3.

La potasse demeura une activité importante jusqu'en 1850. Après cette date, le développement de la chimie entraînera la chute de son commerce qui disparaîtra au Québec au début du XXe siècle, un peu avant la première guerre.

Le bois

Dans un autre ordre, le bois que va abattre le colon donnera naissance à un nouveau volet économique : les moulins à scie qui vont préparer le bois devant servir à la construction des bâtiments. C'est Joseph Girouard qui aurait implanté sur le ter­ritoire le premier moulin. Celui-ci était situé dans les environs de l'intersection du dixième rang Est et de la route 263. D'autres l'ont suivi dont Georges Jérémie Pacaud, établi dans les environs de l'intersection du quatrième rang et de la route 263. Le premier recensement faisant état de la situation en 1871 donne aussi les noms d'Adolphe Guillemette qui, à partir de bil­lots d'épinette faisait de la planche et du bardeau et celui de C. F Côté.

Le tanin

Enfin, le bois va aussi fournir aux colons le tanin qui, appliqué sur les peaux, empêche le cuir de pourrir. Le tanin est, en fait, un dérivé de l'écorce de pruche particulièrement riche de cette matière. D'abord, les colons de Stanfold l'utiliseront sur une base artisanale, chacun allant chercher son écorce de pruche pour tanner ses peaux de cheval, de vache ou autres. Cependant, l'activité va vite se développer jusqu'à donner naissance à nombre de tanneries et même à la première réelle industrie de l'endroit.

C'est qu'au milieu du siècle dernier, les tanneries connaissent une vogue sans précédent qui s'étirera jusqu'au début des années 1880 alors qu'elles commencent à décliner. L'historien Jean Provencher raconte dans son livre Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent que cette popularité est due à une forte demande internationale et à l'abondance de la pruche au Québec. Le coût peu élevé des huiles animales nécessaires au corroyage (assouplissement du cuir) est aussi un facteur qui explique cette situation.

II va de soi, en terminant sur les premières activités économiques des colons à l'époque, que l'on retrouve parmi celles-ci des activités de nature agricole. Ainsi, la production de grains, et, avec plus d'importance, celle du blé et de la farine, a été parmi les premières activités de ce type à fournir un apport à l'économie. Elle explique, entre autres, l'apparition

 

1   Jean Provencher, Les quatre saisons dans la vallée du Saint-Laurent, Montréal, Les Éditions du Boréal, 1988, p. 206.

2   F. H., Saint-Germain, op. cit., p.164.

3   Mailhot, op. cit., tome I, p. 220.

 

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des moulins à farine qui, incidemment, cohabitaient fréquem­ment avec le moulin à scie.

En résumé : dans un premier temps, le colon défriche sa terre, fait de la potasse, la vend, coupe le bois pour sa maison, le fait tailler au moulin à scie qui ouvre alors ses portes. Puis, il cul­tive sa terre et récolte son blé qu'il fait moudre au moulin que l'on voit apparaître. Voilà pour l'essentiel de l'économie d'origine chez le colon.

Les chantiers

 

Nous l'avons signalé en début de ce chapitre, outre les colons désireux de cultiver la terre, les Bois-Francs ont aussi attiré les producteurs forestiers. De fait, tout comme la potasse, le bois de charpente et les madriers sont en demande, particulière­ment en Angleterre. Or la région en regorge; aussi est-il tout naturel de voir les propriétaires de grands moulins à scie s'y intéresser au plus haut point. Les cantons environnants ont été les premiers visités par ces propriétaires qui ont quand même exploité la forêt de Stanfold où l'on retrouvait, entres autres, de l'épinette, du pin rouge, du pin blanc, de la pruche rouge et de la pruche blanche :

Il se fait de grands chantiers de bois dans la partie nord du Township 4.

 

Portrait commercial et industriel en 1882

Voici le tableau industriel et commercial que traçait dans son texte d'introduction, en 1882, The Eastern Townships directory 5 , un bottin répertoriant les places d'affaires à l'époque.

On précise d'abord que Stanfold est une station importante du G.T.R. (Grand Trunk Railway). Puis on note la présence de grandes tanneries et « cor­royeries ». On donne alors les noms de P. H. Matte, qui emploie 70 personnes, et de T. J. Donovan & Son. On réperto­rié, par ailleurs, cinq moulins à scie : F.X. Guay, Napoléon Nolet. GB. Hall, Henry Lessard et celui de Benjamin Brunelle. Et l'on note la présence de la manufacture de chaussures d'Octave Bélanger.

incidemment, on souligne que le prin­cipal commerce est celui du cuir et de la chaussure. Mais on fait également état des commerces de bardeau, d'écorce de pruche, de patates, d'avoine de beurre et de bestiaux. On relève aussi la présence d'un marchand de bois où l'on transige poteaux, lattes de pruche et de cèdre, merisier, courbes et genoux d'épinette rouge.

Le texte précise, en outre, qu'il se fait de gonds chantiers de bois dans la partie nord du township. On identifie alors l'épinette et la pruche comme le bois le plus commun sur le territoire. On mentionne également qu'on fait de la brique à Stanfold tous les ans et qu'il y a d'ailleurs d'excellents terrains pour ça. Enfin, on signale la présence de 12 marchands et de 4 hôtels.

La consultation du bottin lui-même per­met, de constater qu'en plus des pro­fessionnels ou artisans identifiés au rôle d'évaluation de 1866, on compte désormais au village un architecte, un avocat, deux orfèvres, deux tailleurs, deux voituriers (cochers, conducteurs de voiture), deux boulangers, deux maçons, deux bouchers, trois tracklers (hommes d'entretien de la voie ferrée se déplaçant à l'aide d'une plate-forme sur roues mue à bras d'hommes) et un garde forestier. En outre, le nombre de notaires est passé à trois.

L'AImanach des adresses, guide de la cité et du diocèse de Trois-Rivières de 1884, va pour sa part ajouter à cette liste quatre moulins à scie soit ceux de Blanchet et Lecompte, Jean Boisclair, Georges Jacques et Joseph Lacoursière ainsi que trois moulins à farine dont celui de Nazaire Bédard.

Le siècle s'achève sur cette note. Ce qu'il faut en retenir est que la commu­nauté de Stanfold bénéficie à cette date d'à peu près tous les services essentiels. En outre, deux types d'in­dustries se sont manifestés : celle du bois et celle du cuir.

4 The Eastern Townships Directory for 1882, composing:Acton, Arthabaska, Coaticook, Danville Durham South, Lennoxville, Lévis, Richmond, Roxton Falls, Sherbrooke, Somerset, Stanfold, St-Hyacinthe, Upton, Warwick and Waterloo, Montréal, Éditions Normandeau, p.128. Il s'agit d'un bottin répertoriant à l'époque différentes places d'affaires et les chefs de famille Du A municipalités répertoriées. Le Centre de recherches des Cantons de l'Est de l'université Bishop's à Lennoxville dispose, entre autres, des exemplaires de 1875, 1888 et 1898.

5        The Eastern Townships Directory..., op. cit. p. 128.

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Peter Patterson et son gen­dre Georges Benson Hall comptent parmi les plus importants propriétaires de chantiers dans Stanfold. Peter Patterson qui avait acquis plus de 4200 acres dans le canton depuis 1840 était un riche propriétaire. Dans la seule période se situant entre 1830 et 1850, il avait acquis plus de 40 000 acres dans les Cantons de l'Est et les Bois-Francs. Installé aux chutes Montmorency, au pied desquelles il exploitait un moulin à scie, Patterson se spécialisa dans la production et la vente, à Québec et en Grande-Bretagne, de madriers et de planches. II devint un

personnage connu et respecté dans les milieux d'affaires de Québec. La plus grande partie des billots dont avait besoin Patterson venaient des Bois-Francs et des Cantons de l'Est, notamment des chantiers de Stanfold, Blandford, Bulstrode, Somerset et Maddington. Estimant qu'il était avantageux d'établir ses moulins près de leur source d'approvision­nement, il n'hésita pas à le faire 6.

Quant à Georges Benson Hall, on dit qu'à sa mort, en 1876, il était un des marchands de bois les plus actifs et les plus riches du Canada :  Les moulins de Hall étaient les plus importants au monde selon The Storied Province of QuébeC 7.

Conclusion

Voilà donc sur quoi les colons ont assis les fondations de l'économie locale. Évidemment, très tôt l'activité s'est diver­sifiée pour permettre à la population de bénéficier de ser­vices divers. Un examen du rôle d'évaluation de 1866 nous indique, à cet effet, qu'à cette date on dénombre six marchands, trois commerçants, trois cordonniers, trois char­

rons (fabricants de voitures et de roues), trois forgerons, un fondeur, trois menuisiers, un tanneur, un plâtrier, un sellier, un médecin et un huissier.

6 Dictionnaire biographique_, op. rit., vol. VIII, 1851-1860,     p. 765.

7 Ibid., vol X, 1871-1880, sous la direction de Marc La Terreur, p. 360.

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La naissance de l'activité industrielle

1900 à 1938: l'industrie demeure embryonnaire

 

Au début du XXe, siècle, l'industrie de Princeville est donc embryonnaire. Elle le restera jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Avant cette date, toutefois, nous assis­terons à la disparition de l'industrie du cuir, à la diversifi­cation de l'industrie du bois et à l'apparition d'un tout nouveau secteur d'activité : l'alimentation.

Donc, dès le début du siècle les tanneries disparaissent. Ces disparitions n'ont rien d'inexplicable. Elles correspondent à la décroissance du marché en général dont l'âge d'or, dans la vallée du Saint-Laurent, se situe entre 1861 et 1881. Parmi les dernières à disparaître à Princeville, on note celle de Paul Tourigny, jadis propriété d'un nommé Pepin, qui a fait place à l'abattoir en 1915. Longtemps après cette date toutefois, selon l'abbé Roger Dorval'°, des copeaux de pruche jonchant le sol auraient longtemps témoigné de sa présence.

9        Mailhot, op. cit., tome I, p. 271.

10      Notes manuscrites rédigées en 1993 par l'abbé Roger Dorval.

 

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L'industrie du bois se diversifie

De son côté, l'industrie du bois s'est diversifiée dès le début du siècle, élargissant davantage ses bases. Jusque­là, elle se limitait à la préparation de la matière première, ce qui nous avait donné les chantiers et les moulins à scie. À partir de maintenant, on va ajouter le volet transforma­tion qui se manifestera par la naissance de deux industries : la Manufacture de chaises de Stanfold et la Manufacture de bois de plancher.

 

P.155   Les textes ont été déplacés dans les industries concernés.

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L'Abattoir ou l'apparition d'un nouveau secteur d'activité

Le fait marquant de la période que nous étudions (1900 à 1938) demeure incontestablement la fondation de l'Abattoir de Princeville alias la Coopérative fédérée, Turcotte et Turmel, Legrade et Olymel. D'une part, c'est la seule entreprise de l'époque qui survit toujours en 1997. De plus, le secteur d'activité qu'elle ouvrait alors, notamment celui de l'alimentation, est aujourd'hui celui qui crée le plus d'emplois sur tout le territoire de Princeville et de Princeville Paroisse. Sans compter que sa simple présence n'est pas étrangère à l'implantation d'industries connexes.

Aussi, allons-nous y porter une attention toute particulière en résumant brièvement son histoire. Pour ce, nous allons tirer l'essentiel de notre propos d'un texte de Louis-Philippe Poulin, alors secrétaire général de la Coopérative fédérée et qui deviendra éventuellement directeur général de l'organisme (1976-1987). Publié à l'occasion du cinquantenaire de la Coopérative, ledit texte paraîtra dans le journal La Terre de chez nous entre le 22 juin et le 21 juillet 1965.

Avant toute chose, il importe de situer la naissance de l'Abattoir dans un contexte qui déborde largement les limites municipales. Au début du XXe siècle, les cultivateurs éloignés des grands centres urbains devaient s'en remettre aux com­merçants pour vendre leurs produits sur les marchés intérieurs ou à l'étranger. Cette situation leur était préjudiciable. Dès lors, on tentera d'améliorer leur sort par l'action collective. En ce sens, une première loi est adoptée en 1902. II s'agit de la Loi des syndicats agricoles, qui autorise la formation de coopéra­tives de consommation, de production et de crédit. II n'est donc pas question de loi spécifique à l'agriculture. Celle-ci viendra en fait en 1908.

Selon ce que raconte Jacques Saint-Pierre dans Histoire de la Coopérative fédérée ", Georges-Auguste Gigault, sous-ministre de l'Agriculture de 1892 à 1915, serait le véritable inspirateur des sociétés coopératives agricoles au Québec. Pour Poulin, Joseph-Édouard Caron, ministre de l'Agriculture de 1909 à 1929, en est un autre pilier. Caron, qui avait été le premier à se prévaloir de la loi de 1908 pour incorporer une coopérative d'apiculteurs, était effectivement de ceux qui prêchaient le regroupement de cultivateurs. Devenu ministre en novembre 1909, il encouragea donc la formation d'abattoirs coopératifs qui représentaient à ses yeux un moyen de briser le monopole des marchands, car monopole il y avait. Essentiellement, celui-­ci était le lot de marchands d'animaux qui s'étaient entendus pour se diviser le territoire. Plus précisément, chacun gardait l'exclusivité dans la partie qui lui était dévolue. Du coup, les cultivateurs pour transiger n'avaient d'autre choix que de s'en­tendre avec celui de son territoire, d'où la situation de mono­pole.

On ne saurait dire exactement qui a lancé l'idée de l'abattoir coopératif dans le milieu; les procès-verbaux ne font état que des noms de L.A. Gareau, à titre d'organisateur et d'agent de liaison avec le Ministère et d'Arthur Perreault, comme recru­teur. De fait, M. Perreault est celui qui se présenta devant les deux conseils municipaux pour leur demander de souscrire au projet. Ce à quoi, dans un cas comme dans l'autre, on a répondu positivement, la Ville acceptant de souscrire 100 actions à 10 $ et la Paroisse 500 $, payables par versements. Cela dit, on sait que les deux hommes ont travaillé en étroite collaboration avec quelques cultivateurs dont Pierre Durand, Alphonse Perreault, Désiré Lecours, J. S. Simard et Luc Fréchette. L'Abattoir fut incorporé le 10 mars 1915 sous le nom d'« Abattoir coopératif de Princeville “. Pierre Durand en fut le premier président et Firmin Lecompte celui qui souscrivit la première part sociale.

À partir de l'acte d'incorporation, tout se passe relativement vite. En même temps que se poursuit la souscription, on cherche un terrain et l'on prépare les plans. Pour le terrain, il fallut proposer au Ministère deux endroits avant de recevoir l'approbation. On voulait, de fait, éviter que l'abattoir soit trop près de la population. On retint finalement le site où l'on retrouve aujourd'hui Aliments Prince. Ce dernier appartenait à Paul Tourigny de Victoriaville qui y avait eu une tannerie.

Les plans furent réalisés gratuitement par le Ministère. Détail intéressant ici : ceux-ci proposent une architecture s'inspirant des petits abattoirs coopératifs danois. II n'y a pas de hasard puisqu'en 1912, le Ministère s'était assuré les services d'un spé­cialiste danois, A. Hansen, « qui entreprit d'enseigner [...] les rudiments de la fabrication du bacon ainsi que les bonnes méthodes d'élevage et d'alimentation du porc destiné à cet usage. Ancien directeur d'un abattoir coopératif dans son pays, Hansen chercha à implanter la formule au Québec 11». Cela dit, le 30 décembre 1915, la construction était complétée et l'outillage en place : le premier abattoir coopératif en Amérique du Nord pouvait ouvrir ses portes.

Seulement voilà, tout a coûté plus cher que prévu et la nou­velle coopérative se retrouve endettée avant même de lancer ses opérations. La Caisse populaire d'abord, puis la Banque Canadienne Nationale ensuite viendront à sa rescousse sans régler pour autant le problème. En outre, le premier gérant, le Danois F. B. Hansen, du même nom que le fonctionnaire provincial qui s'est occupé du dossier (on ne sait s'il y a un lien

11    Jacques Saint-Pierre, Histoire de la Coopérative fédérée, l'industrie de la terre, Sainte-Foy, Les Presses de l'Université Laval, 1997, p. 8. 12        Ibid., p. 17

 

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de parenté entre les deux hommes), éprouve nombre de diffi­cultés. En place depuis l'automne 1915, il ne parle que le danois ou l'anglais. II remet sa démission en avril 1916. II est aussitôt remplacé par le contremaître de l'usine qui ne fait pas long feu. À son tour, le président Durand, l'un des plus ardents promoteurs de l'Abattoir, démissionne. La coopérative est en crise.

Le problème est double : l'entreprise ne dispose d'aucun fonds de roulement et elle a du mal à s'approvisionner : sa capacité d'abattage est de 300 porcs par semaine, 300 veaux et 30 têtes de gros bétail, une capacité qu'on ne rencontre pas du tout. La crise s'amplifia quand la banque, une nouvelle fois, menaça de retirer ses billes.

C'est alors que le nouveau président, un avocat de Plessisville, Me Houde, et Bennett Feeney, à qui on avait fait une place de directeur au conseil, rencontrèrent le sous-ministre afin de trouver une issue à la crise. Celui-ci proposa de s'entendre avec la Société coopérative agricole des fromagers de Québec alors fort dynamique. Ce qui fut fait. C'est ainsi que la SCA des fromagers prit la direction de l'Abattoir après l'avoir loué en novembre 1916.

 

Une fière chandelle à Émile Bélanger

 

Avant de prendre sa décision, la SCA avait envoyé sur place un

de ses représentants pour évaluer la situation. Cet homme, c'est Émile Bélanger, qui fit un rapport positif à ses supérieurs et devint, par la suite, le nouveau gérant de l'Abattoir.

« II faut rendre à César ce qui appartient à César »dit la cita­tion. À ce titre, suivant ce qu'en dit Poulin dans sa série d'ar­ticles sur l'Abattoir de Princeville, la population de Princeville doit une fière chandelle à M. Bélanger. À son arrivée, la situa­tion était catastrophique. Aux problèmes financiers s'ajoutaient désormais les critiques des cultivateurs qui n'appréciaient pas l'entente avec la Coopérative des fromagers; plusieurs tournèrent le dos à l'organisme.

Le premier mandat de M. Bélanger fut donc de calmer les es­prits. Puis il s'attaqua au développement des affaires en s'employant, entre autres, à l'amélioration de la qualité. L'Abattoir devint alors le premier établissement du genre à payer une prime pour les porcs classés « sélect », comme on désignait la première qualité. Le 31 décembre 1917, on enregistra un trop-perçu de 3 057 $. Un an plus tard, on répétait le même résultat. En outre, le volume qu'on traitait à l'abattoir et qui provenait désormais des cultivateurs établis dans un

 

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rayon de 20 kilomètres, le plaçait au premier rang des abattoirs de ce type. La rentabilité de l'entreprise était désormais assurée. Or, dans l'esprit de Louis-Philippe Poulin, ces résultats sont incontestablement dus à la gestion de M. Bélanger, homme que l'on décrit comme à la fois sévère et habile.

En 1919, le conseil d'administration entérina la vente de l'Abattoir à la SCA des fromagers du Québec. En fait, il vaudrait sans doute mieux parler de fusion. En 1922, quand la SCA joignit un groupe de coopératives dont la Société coopérative agricole des producteurs de semences de Québec et le Comptoir coopératif de Montréal pour former la Coopérative fédérée, l'Abattoir passa à cette enseigne. Au moment de la crise économique, ses activités subiront un ralentissement sans toutefois être interrompues. Au contraire, la Deuxième Guerre Mondiale va accélérer son développe­ment. Ainsi, pour répondre à la demande de la viande de porc sur le marché anglais, en 1944, on entreprend des travaux d'amélioration qui dépasseront les 70 000 $.

L'année suivante, celui qui avait relancé l'Abattoir en 1916, M. Bélanger, tire sa révérence. Georges A. Beauchesne prend alors la relève. L'entreprise poursuit son ascension. En 1965, après divers agrandissements qui ont plus que quadruplé sa surface, l'abattoir peut abattre 150 000 bêtes par année : 100 000 porcs, 35 000 veaux et 15 000 têtes de gros bétail. Au début des années 1970, elle est devenue le véritable fer de lance de l'activité « bétail-viandes » de la Fédérée.

Dix ans plus tard (31 octobre 1980), on inaugure face au pre­mier abattoir, une nouvelle usine à la fine pointe de la tech­nologie. Elle vient remplacer l'ancien bâtiment qui abritera les opérations de salaison-charcuterie jusqu'à ce qu'on décide de sa fermeture en 1983 (lesdites installations seront récupérées par « Aliments Prince » en 1985).

Enfin, au moment de rédiger ces lignes, l'Abattoir coopératif abattait en moyenne 13 500 porcs par semaine soit plus de 700 000 par année. Au fil de son histoire il a, par ailleurs,

 

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évolué sous diverses raisons sociales dont : Legrade (en 1973), Turcotte & Turmel (selon le rapport de 1981) et Olymel (depuis 1991), qui emploie quelque 293 personnes.

La crise de 1929 menace une industrie déjà fragile Passons sur l'histoire de l'Abattoir et reprenons le fil de notre récit économique. Donc, le début du siècle voit apparaître trois nouvelles industries : la Manufacture de chaises, la Manufacture de bois de plancher et l'Abattoir. L'équilibre de ces entreprises est encore fragile quand frappe la crise de 1929. À ce moment, presque tout Princeville va se retrouver au chômage.

Seulement cinq personnes travaillaient régulièrement à Princeville. Sur les cinq, trois étaient payées raisonnablement, soit 1,50 $ par jour; ces hommes prenaient soin du chemin de fer. Les deux autres étaient M. le curé et le vicaire qui assuraient les services religieux. Mais ils avaient de la difficulté à percevoir la dîme, parce que les paroissiens n'avaient plus un sou13.

L'Abattoir tenait le coup. Sauf qu'il n'arrivait pas à faire travailler son monde plus de deux jours par semaine. Même la Caisse po­pulaire, fondée en 1913, sera emportée par la vague en 1933 : trop de sociétaires étaient incapables de rembourser leur emprunt note­-on dans les archives déposées à la Fédération. Les gens survécurent comme par miracle, raconte Richard Lassonde.

« Personne, dit-il, ne put s'acheter de vêtements durant ces années­ là. Plusieurs locataires ne purent payer leur logement ». Et de poursuivre notre conteur: « Chaque matin durant l'été, de 60 à 75 chômeurs se rassemblaient sur le perron du magasin de Philippe Lachance (aujourd'hui Duval & Raymond). Ils attendaient que quelqu'un vienne éventuellement leur offrir du travail pour une journée ou deux ou leur apporter quelque chose à manger 14».

Devant la situation, le conseil ne resta pas sans réagir. Dès 1930, il profita de la Loi des secours directs mise sur pied par le gouvernement fédéral avec la collaboration du provincial pour construire un nouvel hôtel de ville, ce qui amena un

La grève de 1947

Bien des événements ont marqué l'histoire de l'Abattoir. L'un de ceux-ci fut particulièrement éprouvant pour la population qui, à l'époque, vivait au rythme de - sa coopérative » : la grève de 1947.

Dans son livre, Richard Lassonde 15, rapporte que ladite grève dura plus de sept semaines et provoqua bien des remous. Le recours par la Coopérative à des briseurs de grève n'a rien fait pour améliorer la situation. Finalement, avant que le conflit soit réglé, on vit apparaître au village, pour le maintien de l'ordre, « une armée de policiers » qui logèrent alors à l'hôtel des Érables.

En 1974, l'Abattoir connut une autre grève qui entraîna des pertes impor­tantes pour l'entreprise qui riposta par un lock-out. L'arrêt de travail s'étira sur une période de deux mois. L'ajustement de la rémunération au coût de la vie était alors le principal objet du litige.

13    Richard Lassonde, Jusqu'à La Rochelière, Longueuil, Édition électronique Geyser Itée,1991, p. 119.

14 Ibid., p.121.

15 Ibid., p.277.

 

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peu d'ouvrage au village. Ce ne fut évidemment pas assez. Aussi, tant au village que dans la paroisse et dans tout le reste du Québec, on passa une résolution pour demander au gou­vernement de créer une Commission de colonisation afin de permettre aux fils de cultivateurs et aux chômeurs de s'établir sur des terres nouvelles. La loi fut adoptée par le gouvernement Taschereau (Louis-Alexandre) le 2 mai 1935. Elle prévoyait, entre autres, une série de subventions rattachées à tous les éléments de l'installation sur une terre. C'est précisément dans cette foulée que fut ouverte la région de l'Abitibi et vers laquelle plusieurs familles de Princeville s'expatrièrent pour tenter de gagner leur vie :

 

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Le départ du premier contingent de colons de Princeville, pour les nouvelles régions de l'Abitibi a lieu le 5 juin courant et se compose des messieurs suivants : Wilfrid Raymond, Arthur Lacasse, Adélard Morasse, Émile Rousseau, Ephrem Pepin, Willie Champagne, Francis Pellerin et son fils Antonio, ses gendres Paul Marcotte et Melleville Gagné et Lucien Moore, soit 9 pères de famille et deux garçons. Un autre contingent suivra dans environ un mois. À tous nous souhaitons tout le succès, le courage et la persévérance (Albert Lehoux, L'Union des Cantons de l'Est, 6 juin 1935).

Les deux municipalités se sont également pré­values de différents programmes de subven­tions permettant de faire des travaux d'infra­structure dans la municipalité. Mais là encore, les demandes étaient énormes et les réponses des gouvernements bien modestes.

À partir de 1935, le plus fort de la crise est passé. II faudra tout de même un certain temps avant que la confiance ne revienne. Cette con­fiance, c'est Lionel Baril qui en lèvera l'étendard en 1938 et qui le portera pendant de nom­breuses années, soit le temps de mettre sur ses rails le «  Princeville industriel ».

1938 : l'industrialisation s'en­clenche pour de bon

En 1938 va se produire un événement important pour la population de Princeville. L'un des siens, Lionel Baril (voir encadré « La ville lui devait bien un boulevard »), qui rêve depuis sa plus tendre enfance de posséder sa pro­pre usine, convainc Émile Bélanger, l'ancien gérant de l'Abattoir, à investir avec lui pour l'achat de la Stanfold Chairs, une entreprise de­venue moribonde à la suite de la crise économique. M. Bélanger acquiesça à la demande et acquit un peu plus de la moitié des parts.

 

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M. Baril acheta le reste. Du coup, le développement industriel de Princeville s'enclenche définitivement et notre homme ne sera pas étranger à sa progression, qu'on le constate.

Quand M. Baril achète Stanfold Chairs en 1938, il n'y a à Princeville, pour ainsi dire, que l'Abattoir, la Manufacture

de bois de plancher et la manufacture de boîtes de Donat Lacoursière. Une quinzaine d'années plus tard, on dénom­bre 13 entreprises dont 6 sont nées sous l'influence directe ou indirecte de Lionel Baril. En 1966, cette proportion passera à 8 sur 14. Partant de là, nul doute que si le titre de « père de l'industrialisation de Princeville » doit être décerné, c'est à Lionel Baril qu'il revient. Sans compter que ce dernier a été largement impliqué dans la réalisation de dossiers aussi importants pour l'industrie que la cons­truction d'égout et d'aqueduc, l'obtention d'un fonds industriel et l'établissement d'un parc industriel.

Tableau de la situation en 1944

Cela dit, que dressait la Municipalité de la situation à l'intention du ministère du Commerce et de l'Industrie en 1944. Au nombre des industries, on signale d'abord la présence de « Princeville Chairs » avec 80 employés, de l'Abattoir coopératif, 125 employés, de la Manufacture de bois de plancher, 60 employés, et d'une manufacture de jouets, 50 employés. Figurent également

16 Ministère du Commerce et de l'Industrie, Inventaire économique, ville de Princeville, 1944.

 

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les noms de Lacoursière & Fils, qui embauche 15 person­nes et se spécialise dans la fabrication de boîtes en bois, celui de B. Lacoursière qui fabrique des stores vénitiens et emploie 10 personnes et, enfin, celui de Duval & Raymond, une fabrique de bas et de couvertures tissées, entre autres, qui emploie 25 personnes.

En 1997, deux de ces entreprises survivent toujours, l'Abattoir et les Tricots Duval & Raymond. À l'époque, le mouvement industriel n'en est pas moins lancé, l'économie du milieu prend du poil de la bête. On dénombre, en outre, douze marchés d'alimentation, deux magasins à rayons, quatre vendeurs d'automobiles, trois magasins de vêtements, deux quincailleries, trois magasins de meubles et d'articles ménagers de même que deux autres magasins dont le type n'est pas identifié. On signale également la présence d'un ser­vice d'ambulance, de deux boulangeries, d'une buanderie, de trois cordonneries, de quatre entrepreneurs, de trois gara­gistes, d'un imprimeur (Richard Lassonde notre conteur), de deux laiteries, de quatre marchands de bois de chauffage et de deux de charbon, d'un photographe, de quatre restaurants, de trois salles à manger, de deux salons de barbier, de deux salons de coiffure, d'un tailleur et d'un teinturier.

Enfin, quelques années auparavant, soit en 1942, on relançait aussi la caisse populaire qu'on avait dissoute en 1933 à la suite de problèmes financiers.

 

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Le tableau continue de s'améliorer

Quinze ans plus tard, soit en 1959, le tableau s'est encore amélioré. Cette fois, on ne dénombre pas moins de 20 entreprises manufacturières. Plus que leur nombre toutefois, ce sont les changements que subit la base du tissu industriel qui retiennent notre attention.

On se rappellera qu'à l'origine, l'activité industrielle gravitait autour du cuir et du bois. En 1944, le cuir a disparu mais le bois reste le moteur de l'industrie. Deux activités se sont cependant ajoutées : l'alimen­tation, avec l'Abattoir coopératif, et le vêtement, avec Duval & Raymond. Dans le cas du secteur de l'alimentation, il compte alors pour 35 % de la main­d'oeuvre; le vêtement, quant à lui, représente une donnée résiduelle avec 2 %.

En 1959, toujours selon l'inventaire économique préparé à l'intention du ministère de l'Industrie et du Commerce, C est un tout autre tableau que l'on observe. D'abord, la part de l'industrie du bois, en matière d'emplois, a glissé à 42,8 % contre 61 % en 1944.  Par contre celle du vête­ment atteint désormais 25 %. On note, en outre, l'émer­gence d'un tout nouveau secteur d'activité : la production d'embarcations nautiques que l'on regroupe sous l'appel­

lation « nautisme » ; l'initiative est celle des frères Baril, Sarto et Lionel. Bref, la structure industrielle de Princeville se diversifie incontestablement.

Quant au tissu commercial, il se maintient avec 40 commerces. En fait, il semble qu'à ce moment, seuls les vendeurs d'automobiles soient en baisse étant passés de quatre à un.

 

Le fonds industriel et le parc industriel

À partir du milieu des années 1950, pendant que l'entreprise privée s'affaire à mettre en place ses projets indus­triels, la municipalité, elle, lance diverses initiatives dont le but est justement de faciliter la réalisation des projets des promoteurs privés. Ce n'est pas nouveau, comme permet (suite page 167)

 

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La ville lui devait bien un boulevard

En 1963, le conseil municipal de Princeville posa un geste peu com­mun : il modifia le nom d'une artère, en l'occurrence le boulevard Lavergne, pour lui donner celui d'un contempo­rain toujours bien vivant, soit celui de Lionel Baril. De fait, ce n'était pas la coutume à l'époque, et ce ne l'est tou­jours pas alors que la Commission de toponymie du Québec proscrit carré­ment la procédure, de rendre hom­mage de la sorte à un individu en place. Aussi, le geste ne s'est pas concrétisé sans contestation. Un des conseillers, entre autres, s'est opposé au projet. Plus exactement, il était contre l'idée de remplacer le nom, notamment celui de Louis Lavergne, ex-maire, député et sénateur, par un autre alors que celui-ci pouvait tout simplement être attribué à une nouvelle artère.

Mais le conseil tenait mordicus à son projet et adopta une résolution en ce sens. À ce moment, faute de recul, il est possible que nombre de personnes aient eu du mal à comprendre. En 1997 cependant, alors que nous sommes en mesure de tracer un tableau plus com­plet de l'impact de M. Baril sur son milieu, on ne peut que comprendre le geste des élus de l'époque : Lionel Baril était un être singulier, entrepreneur et volontaire. Il a littéralement ouvert l'ère industrielle à Princeville en établissant lui-même des entreprises ou en con­tribuant à l'établissement d'autres à une époque où Princeville vacillait entre la pauvreté et une relance qui commençait à se faire sentir ailleurs.

« Dans ma jeunesse, j'ai rêvé de pos­séder un jour une usine; je l'ai voulu si fortement que j'y suis arrivé. » Lionel Baril 17

C'est en 1932 que Lionel Baril se lance en affaires. À ce moment, il achète l'une des crémeries dont il voyait de chez lui la cheminée étant enfant. Auparavant il avait complété ses études à l'École de laiterie de Saint-­Hyacinthe et travaillé à la Laiterie Joubert de Montréal.

En 1931 ladite crémerie, après avoir prospéré, est ravagée par les flammes. Qu'à cela ne tienne, notre homme a tôt fait d'en racheter une autre. Quatre ans plus tard, c'est le grand saut : il vend la crémerie et se porte acquéreur avec un associé, Émile Bélanger de la « Stanfold Chairs » a la alias Manufacture de chaises » de M. Roméo Nadeau. À l'époque, celle-ci n'en mène pas large. Elle sort de la crise et a du mal à respecter ses obligations. A Baril en fera le véritable fer de lance (l'expres­sion ne peut être mieux choisie) de l'économie industrielle de Princeville.

Dans son sillage, il fondera presque tour à tour, Princeville Hosiery Mills, une manufacture de bas de nylon, Lafontaine Furniture, une fabrique de meubles « imprimés », L. B. Furniture, Tricot Princess et Prince Chesterfield. Il contribuera, en outre, au démarrage de Princecraft, alias Aluminum Boats and Canoes que son frère Sarto dirigera d'une main de maître et il fondera les Entreprises Lionel, spécialisées dans la fabrication de motoneiges de marque « Sno-Prince ».

Lionel Baril est aussi à la source de l'im­plantation d'entreprises telles que Stanfold Knitting (bas) et Paul de Villers & fils, spécialisée dans le contreplaqué. Bien sûr, de Villers fera faillite. Sauf que son entreprise est directement responsable de l'implantation d'indus­tries similaires et, par conséquent, de la présence de la « Commonwealth Plywood ».

Non, l'histoire du Princeville industriel ne peut s'écrire sans insister sur le rôle de Lionel Baril, Le fonds industriel que la Ville obtient en 1955 et l'établisse­ment, quelques années plus tard du parc industriel (des dossiers où il est également impliqué) n'en sont qu'une preuve de plus.

Son action par ailleurs ne s'est pas li­mitée au milieu économique. Il a tra­vaillé à la réalisation du système d'égout et d'aqueduc de la municipalité pour laquelle, du reste, il a été conseiller et maire. Il a également occupé les fonc­tions de président fondateur de la Commission scolaire de Princeville. Décoré en 1955 du titre de Chevalier de l'Ordre de Saint-Sylvestre (remis par le Pape), notre homme s'intéressait à tout ce qui se passait autour de lui, et à ce titre, son influence a été grande. Tous ses contemporains encore parmi nous sont unanimes sur la question.

 

17 Jeune Commerce, novembre-décembre 1961, p.1 1.

 

 



Mise à jour le 15 janv. 2020